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Destitution: les républicains attaquent un témoin lors d'auditions

"Je n'ai jamais eu l'impression d'être impliqué dans une forme de corruption", a déclaré Kurt Volker devant le Congrès. En revanche, il a redit avoir travaillé avec les Ukrainiens pour qu'ils s'engagent publiquement à enquêter sur l'entreprise qui employait le fils de Joe Biden. © KEYSTONE/AP/SUSAN WALSH
"Je n'ai jamais eu l'impression d'être impliqué dans une forme de corruption", a déclaré Kurt Volker devant le Congrès. En revanche, il a redit avoir travaillé avec les Ukrainiens pour qu'ils s'engagent publiquement à enquêter sur l'entreprise qui employait le fils de Joe Biden. © KEYSTONE/AP/SUSAN WALSH


Publié le 20.11.2019


Un militaire américain a affirmé mardi avoir fait "son devoir" en alertant ses supérieurs sur un appel entre Donald Trump et le président ukrainien, au coeur de l'enquête en destitution visant le milliardaire. Au Congrès, les républicains ont tenté de le discréditer.

En uniforme, le lieutenant-colonel Alexander Vindman, qui travaille au sein du Conseil de sécurité nationale à la Maison Blanche, a témoigné lors d'une audition publique au Congrès aux côtés de Jennifer Williams, conseillère spéciale du vice-président américain Mike Pence.

Les deux responsables ont écouté en direct le 25 juillet l'appel au cours duquel M. Trump a demandé à son homologue ukrainien d'enquêter sur Joe Biden, un de ses adversaires potentiels lors de la présidentielle de 2020. L'un et l'autre ont jugé cet échange "inapproprié". Alexander Vindman, né à Kiev et arrivé à 3 ans aux Etats-Unis, a été assailli de critiques et d'insinuations de la part des défenseurs du président, qui ont mis en doute sa loyauté.

Précisant qu'elle avait écouté, dans le cadre de ses fonctions, "environ une dizaine d'autres conversations téléphoniques présidentielles", Jennifer Williams a de son côté ajouté qu'elle avait trouvé "l'appel du 25 juillet inhabituel" car il évoquait des questions de politique intérieure américaine.

Le président américain et ses alliés républicains ont tenté de dépeindre ces deux hauts conseillers comme étant contre M. Trump, ce qu'ils ont chacun démenti.

Appel "parfait"

Le magnat de l'immobilier martèle que son appel avec l'Ukrainien Volodymyr Zelensky était "parfait". Il assure n'avoir exercé "aucune pression" sur son interlocuteur, qui s'est déclaré mardi "fatigué" du scandale.

Mais les démocrates soupçonnent Donald Trump d'avoir gelé cet été une aide militaire pour forcer la main à M. Zelensky. Cette enveloppe était cruciale pour le petit pays en guerre avec la Russie, a souligné M. Vindman.

Le magnat de l'immobilier se dit victime d'une "chasse aux sorcières" et martèle que son appel était "parfait". Mardi, il a souligné "ne pas connaître" M. Vindman.

"Non partisan"

En pleine audition, la Maison Blanche a mis en doute, sur son compte Twitter, le "discernement" de M. Vindman. Les élus républicains ont également avancé que certains de ses collègues le soupçonnaient d'avoir fait fuiter des informations.

Ces derniers propos ont mené à une passe d'armes sur le mystérieux lanceur d'alerte qui a dévoilé l'affaire au grand jour. Les républicains ont insinué que le lieutenant-colonel aurait pu être l'une des sources du lanceur d'alerte.

M. Vindman, qui a quitté enfant l'Union soviétique, a reconnu que les Ukrainiens lui avaient proposé de devenir leur ministre de la Défense, mais a assuré avoir immédiatement refusé. Il a contrecarré les critiques républicaines en lisant une évaluation dithyrambique de son travail, et a juré être "non partisan".

Deux autres auditions

Les républicains se sont montrés beaucoup plus cléments envers deux témoins qu'ils avaient demandé à entendre: l'ancien émissaire américain en Ukraine Kurt Volker, et le supérieur de M. Vindman au Conseil de sécurité nationale, Tim Morrison.

Les deux hommes ont fourni des déclarations qui pourraient aider le président. "Je n'ai jamais eu l'impression d'être impliqué dans une forme de corruption", a ainsi déclaré M. Volker, alors que les démocrates pourrait retenir ce chef d'accusation contre Donald Trump.

M. Morrison, qui avait écouté l'appel du 25 juillet en direct, a de son côté assuré qu'il avait demandé de le conserver selon une procédure spécifique pour "empêcher les fuites". "Est-ce que quelque chose vous a alarmé dans cet appel"? lui a demandé un juriste employé par les républicains. "Non", a-t-il répondu après une pause.

Plusieurs éléments troublants

Malgré leur prudence, les deux hommes ont tout de même confirmé plusieurs éléments troublants. M. Volker a ainsi redit avoir travaillé avec les Ukrainiens pour qu'ils s'engagent publiquement à enquêter sur Burisma, l'entreprise qui employait le fils de Joe Biden, Hunter, afin d'obtenir une invitation à la Maison Blanche pour leur président. Le projet de communiqué avait toutefois été abandonné en août.

M. Morrison a de son côté déclaré que l'ambassadeur américain auprès de l'Union européenne, Gordon Sondland, avait dit en septembre aux Ukrainiens que les 400 millions de dollars d'aide militaire seraient dégelés s'ils annonçaient une enquête sur Joe Biden.

M. Sondland, un riche homme d'affaires nommé ambassadeur après avoir donné un million de dollars au comité d'investiture de Donald Trump, intéresse donc beaucoup les démocrates.

Mercredi, il doit à son tour témoigner au Congrès.

Pas de souvenir

Lors de son interrogatoire à huis clos, il avait d'abord nié que l'aide militaire ait servi à faire pression sur le gouvernement ukrainien. Contredit par d'autres témoins, il s'était ensuite "souvenu en avoir parlé, en aparté" avec un conseiller du président ukrainien. A une centaine de reprises, il avait déclaré "ne pas se rappeler" d'appels ou de réunions mentionnés par d'autres.

S'il a retrouvé la mémoire, M. Sondland pourrait alimenter le dossier de mise en accusation du président à la Chambre des représentants (impeachment). Il restera ensuite au Sénat de le juger. Compte-tenu de la majorité républicaine dans cette enceinte, Donald Trump devrait échapper à une destitution

ats, afp

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