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Destitution: un témoin clé renforce l'accusation contre Trump

Sous l'oeil des caméras, la Chambre des représentants a entamé l'interrogatoire de William Taylor, ambassadeur américain par intérim à Kiev, et de George Kent, haut responsable du département d'Etat spécialiste de l'Ukraine. © KEYSTONE/AP/SUSAN WALSH
Sous l'oeil des caméras, la Chambre des représentants a entamé l'interrogatoire de William Taylor, ambassadeur américain par intérim à Kiev, et de George Kent, haut responsable du département d'Etat spécialiste de l'Ukraine. © KEYSTONE/AP/SUSAN WALSH
Les auditions ont démarré avec deux diplomates de carrière témoins directs de l'affaire ukrainienne - William Taylor (à droite), ambassadeur par intérim à Kiev et ancien militaire, et George Kent (à gauche), haut responsable du département d'Etat spécialiste de l'Ukraine. © KEYSTONE/AP/ANDREW HARNIK
Les auditions ont démarré avec deux diplomates de carrière témoins directs de l'affaire ukrainienne - William Taylor (à droite), ambassadeur par intérim à Kiev et ancien militaire, et George Kent (à gauche), haut responsable du département d'Etat spécialiste de l'Ukraine. © KEYSTONE/AP/ANDREW HARNIK


Publié le 13.11.2019


Les premières auditions de la procédure de destitution visant Donald Trump ont débuté mercredi au Congrès américain. Dans une salle comble, le plus haut diplomate américain en Ukraine a apporté mercredi de nouveaux éléments renforçant les soupçons contre le président.

William Taylor a été choisi par les démocrates pour ouvrir le bal des auditions au côté d'un autre diplomate de carrière, George Kent, haut responsable du département d'Etat spécialiste de l'Ukraine. M. Taylor, l'ambassadeur américain de facto à Kiev, a rapporté que Donald Trump "s'intéressait" davantage à l'ouverture d'une enquête sur son rival démocrate Joe Biden en Ukraine qu'à la situation dans ce pays.

Sous serment, il a surpris en déclarant avoir appris ces derniers jours que l'ambassadeur américain auprès de l'Union européenne, Gordon Sondland, avait fait cette déclaration le 26 juillet, juste après avoir discuté avec le président.

Pays déchiré

MM. Taylor et Kent ont pris soin de souligner qu'ils n'avaient pas de parti pris politique, ayant servi aussi bien sous des présidents républicains que démocrates. Mais, signe de la profonde division déchirant le pays autour de cette procédure exceptionnelle, les républicains se sont attachés à mettre en doute leur crédibilité.

Les démocrates soupçonnent le locataire de la Maison Blanche d'avoir abusé de ses pouvoirs en demandant à Kiev d'enquêter sur l'ancien vice-président Joe Biden, bien placé pour l'affronter lors de la prochaine présidentielle, et son fils Hunter, qui a été employé par une compagnie gazière ukrainienne.

Forts de leur majorité à la Chambre des représentants, ils ont ouvert fin septembre une enquête pour constituer un dossier de mise en accusation ('"impeachment"). Dénonçant une "chasse aux sorcières", Donald Trump a affirmé être "trop occupé" pour regarder les auditions du Congrès.

Avant lui, seuls trois présidents américains ont été visés par une procédure de destitution. Aucun n'a été démis de ses fonctions.

"Campagne de calomnies"

Cette procédure est une "campagne de calomnies", s'est insurgé le numéro deux républicain de la commission du Renseignement, en charge des investigations, Devin Nunes. Il a accusé les démocrates de vouloir "annuler" la victoire surprise de M. Trump en 2016.

Le cadre de l'enquête est clair, a assuré le démocrate Adam Schiff, président de la commission: M. Trump "a-t-il invité l'Ukraine à s'ingérer dans nos élections?" A-t-il commis un "abus de pouvoir" ?, a énuméré le démocrate, qui cherche à donner une tonalité solennelle à cette procédure, en déléguant notamment mercredi une bonne partie de son interrogatoire à un enquêteur parlementaire professionnel.

Comme levier, le milliardaire aurait suspendu une aide militaire de 400 millions de dollars destinée à Kiev et mis dans la balance une possible invitation du nouveau président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à la Maison Blanche.

Les démocrates veulent aussi savoir si la Maison Blanche a tenté de faire entrave à l'enquête du Congrès et/ou de dissimuler des indices.

Diplomatie parallèle

Lors de son intervention mercredi, M. Taylor a affirmé qu'un canal diplomatique "irrégulier" avait été mis en place avec Kiev afin de poursuivre des intérêts allant "à l'encontre des objectifs à long terme de la politique américaine". Cette voie diplomatique parallèle était dirigée par l'avocat personnel de M. Trump, Rudy Giuliani.

M. Taylor a également répété trouver "dingue" qu'une aide militaire destinée à l'Ukraine puisse avoir été gelée "en échange" de l'ouverture d'enquêtes sur des rivaux de Donald Trump.

Dans une tribune publiée par le Wall Street Journal, Rudy Giuliani a jugé que le "comportement des Biden méritait d'être examiné de près".

Une dizaine d'autres auditions sont prévues d'ici le 20 novembre. Avec ce tempo rapide, l'opposition signale qu'elle ne veut pas perdre de temps en vue d'un possible vote sur l'"impeachment" du président à la Chambre. Compte tenu de la majorité républicaine au Sénat, il est peu probable que Donald Trump soit ensuite destitué.

ats, afp

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