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Deutsche Bank: amende pour ses relations avec Jeffrey Epstein

"Dans le cas de Jeffrey Epstein, bien que connaissant (ses) terribles antécédents criminels, il est inexcusable que la banque ne soit pas parvenue à détecter ou à empêcher des millions de dollars de transactions suspectes" © KEYSTONE/EPA/HAYOUNG JEON
"Dans le cas de Jeffrey Epstein, bien que connaissant (ses) terribles antécédents criminels, il est inexcusable que la banque ne soit pas parvenue à détecter ou à empêcher des millions de dollars de transactions suspectes" © KEYSTONE/EPA/HAYOUNG JEON


Publié le 07.07.2020


Une agence américaine a annoncé avoir imposé une amende de 150 millions de dollars (environ 141,3 millions de francs) à Deutsche Bank pour ne pas avoir été suffisamment vigilante dans ses relations avec Jeffrey Epstein.

Le régulateur des services financiers de l'Etat de New York (DFS) reproche à l'établissement financier d'avoir validé des centaines de transactions portant sur des millions de dollars qui auraient dû, au vu de la réputation du financier new-yorkais, attirer son attention.

M. Epstein était accusé d'avoir exploité sexuellement des jeunes filles mineures avant de se suicider en août 2019.

"Les banques sont la première ligne de défense quand il s'agit d'empêcher la criminalité par le biais du système financier, et il est fondamental que les banques adaptent le suivi de l'activité de leurs clients en fonction des types de risques qui sont posés par un client particulier", a justifié Linda Lacewell, responsable du DFS.

"Dans le cas de Jeffrey Epstein, bien que connaissant (ses) terribles antécédents criminels, il est inexcusable que la banque ne soit pas parvenue à détecter ou à empêcher des millions de dollars de transactions suspectes", a-t-elle ajouté.

Le DFS donne en exemple le versement d'argent à des personnes soupçonnées d'être des complices de M. Epstein, le versement de plus de 7 millions de dollars destinés à régler certaines affaires et des dizaines de paiements à des cabinets d'avocats.

Il met aussi en avant des versements directs à des mannequins russes ou le paiement de frais d'écoles, d'hôtels ou de loyers.

Un comité chargé d'étudier les éventuels risques pour la réputation de la banque avait imposé certaines conditions dans la gestion des comptes de M. Epstein mais ces dernières n'ont pas été transmises à toute l'équipe ou ont été mal interprétées, estime le DFS.

"Nous reconnaissons avoir fait une erreur en acceptant Epstein comme client en 2013 ainsi que les faiblesses de nos procédures", a réagi un porte-parole de Deutsche Bank tout en assurant que la banque avait contacté les autorités "immédiatement après" l'arrestation de M. Epstein et collaboré aux enquêtes.

Le DFS reproche par ailleurs à Deutsche Bank de ne pas avoir supervisé de façon adéquate ses rapports avec Danske Estonia et FMBE.

Danske Estonia, affirme le DFS, a notamment transféré de grandes quantités d'argent au nom d'oligarques russes et Deutsche Bank n'a pas empêché l'établissement de "transférer des milliards de dollars de transactions suspicieuses via des comptes de Deutsche Bank à New York".

Le DFS accuse parallèlement Deutsche Bank d'avoir ignoré des signaux d'alerte en ce qui concerne FBME, une banque basée en Tanzanie et accusée par les Etats-Unis d'opérations de blanchiment d'argent.

Tout en assurant qu'il n'y avait eu "aucun effort intentionnel en interne pour faciliter des activités illégales", le porte-parole de Deutsche Bank a reconnu que l'établissement avait "identifié diverses lacunes" dans sa surveillance des banques ayant utilisé ses services de compensation.

ats, awp, afp

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