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Deutsche Bank va supprimer 18'000 emplois

Le ciel s'assombrit au-dessus des quartiers généraux de Deutsche Bank à Francfort (archives). © Keystone/AP/MICHAEL PROBST
Le ciel s'assombrit au-dessus des quartiers généraux de Deutsche Bank à Francfort (archives). © Keystone/AP/MICHAEL PROBST


Publié le 07.07.2019


La première banque allemande Deutsche Bank a annoncé dimanche le plus grand plan de restructuration de son histoire avec la suppression de 18'000 emplois. L'établissement bancaire va tenter de sortir des difficultés dans lesquelles il s'enfonce depuis quelques années.

Ce plan social sans précédent pour l'ancien fleuron de la finance allemande porte sur un cinquième des effectifs. "La restructuration va entraîner une réduction du nombre de postes équivalents temps plein de 18'000 d'ici 2022, pour ramener les effectifs à environ 74'000 personnes", a annoncé la banque dans un communiqué, publié à l'issue d'une réunion de son conseil de surveillance.

Deutsche Bank a expliqué ainsi vouloir réduire ses coûts de 6 milliards d'euros et retrouver la rentabilité. L'an dernier Deutsche Bank avait déjà supprimé 6000 postes. Le plan va dans l'immédiat entraîner des charges de 3 milliards d'euros dès le deuxième trimestre de l'exercice en cours et entraîner une perte nette de 2,8 milliards d'euros, a prévenu l'institut.

Pour l'ensemble de l'année, Deutsche Bank devrait du coup, selon toute probabilité, à nouveau plonger dans le rouge après avoir dégagé un faible bénéfice en 2018, qui faisait suite à trois années consécutives de perte.

La dernière chance?

Ce plan apparaît comme celui de la dernière chance pour la banque, un peu plus de deux mois après l'échec de négociations en vue d'une fusion avec sa concurrente, également en difficulté, Commerzbank. Un projet aux allures de plan de sauvetage pour lequel militait fortement le gouvernement allemand, inquiet de voir ce maillon essentiel au financement de l'économie nationale en danger et sous la menace d'une OPA d'un concurrent étranger.

Deutsche Bank a vu sa capitalisation boursière divisée par quatre en quatre ans, ce qui en fait une proie potentielle. Elle valait un peu moins de 15 milliards d'euros vendredi. "Deutsche Bank joue en première division et doit poser les jalons nécessaires à ce qu'il en reste ainsi", a ainsi jugé le ministre allemand de l'Economie Peter Altmeier dans l'édition dominicale du quotidien Bild, en disant comprendre les suppressions d'emplois.

Arrivé l'an dernier à la tête de Deutsche Bank, Christian Sewing a entrepris depuis un recentrage des activités vers des métiers plus stables, la banque de détail et la banque dite transactionnelle pour les entreprises, en même temps qu'un recentrage géographique sur l'Europe et l'Allemagne, après les rêves de grandeur aux Etats-Unis.

Banque d'investissement sacrifiée

Jadis principal pourvoyeur de bénéfice et grande priorité du groupe, le secteur de la banque d'investissement est rangé peu ou prou aux oubliettes. Deutsche Bank va cesser pratiquement toute activité dans le négoce d'actions, avec un accord en discussion avec BNP Paribas pour lui transférer des activités et du personnel dans ce domaine. Dès vendredi, le patron de la branche banque d'investissement, le Sud-Africain Garth Ritchie, a été remercié.

Ce secteur a décroché (recul de 20% de l'activité au premier semestre) et n'est plus rentable. Il a été longtemps plombé aussi aux Etats-Unis en particulier par une série de litiges et scandales, dont certains liés au scandale d'évasion fiscale des "Panama Papers" en 2016.

Le directoire de l'institut va être, lui, resserré, avec trois départs au total, dont celui de la Française Sylvie Mathérat, passée plusieurs années par la Banque de France, et chez Deutsche Bank chargée depuis fin 2015 des dossiers de régulation et contrôles internes. Pour nettoyer ses comptes, Deutsche Bank a aussi annoncé dimanche la création d'une structure de défaisance, une "bad bank", pour y loger 74 milliards d'actifs jugés risqués, en particulier des dérivés d'échéance longue, produits financiers très spéculatifs.

Au-delà de Deutsche Bank, c'est l'ensemble du secteur bancaire allemand qui traverse une passe difficile, après avoir fait pendant des années la fierté du pays et suscité l'admiration à l'étranger. L'an dernier plus de 32'000 postes y ont été supprimés, soit un recul de 5,4% des effectifs du secteur, du jamais-vu depuis la Réunification allemande en 1990, selon les chiffres de Barkow Consulting.

ats, afp

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