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Deux espions russes arrêtés visaient le Laboratoire de Spiez (BE)

Le Laboratoire de Spiez est spécialisé dans les menaces chimiques (archives). © KEYSTONE/LUKAS LEHMANN
Le Laboratoire de Spiez est spécialisé dans les menaces chimiques (archives). © KEYSTONE/LUKAS LEHMANN


Publié le 14.09.2018


Deux espions russes ont été arrêtés au printemps par les autorités néerlandaises et renvoyés dans leur pays. Ils étaient en route pour le Laboratoire de Spiez (BE) qui a notamment participé aux analyses de l'agent neurotoxique utilisé pour empoisonner Sergueï Skripal.

Le Tages-Anzeiger, 24 Heures, la Tribune de Genève et le journal néerlandais NRC Handelsblad rapportent jeudi, citant des sources anonymes, que les deux hommes sont soupçonnés d'avoir voulu espionner le laboratoire de l'Office fédéral de la protection de la population, spécialisé dans les menaces chimiques.

Fait particulièrement intéressant, l'établissement enquête non seulement sur des allégations d'attaques au gaz toxique en Syrie mais aussi sur des soupçons visant Moscou dans le cas de l'empoisonnement de l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille au début du mois de mars à Salisbury, en Angleterre.

Les Skripal ont survécu à l'empoisonnement, ainsi qu'un policier contaminé en leur portant secours. En juin, deux nouvelles personnes avaient été contaminées par la même substance, l'agent innervant Novitchok. L'une d'entre elles est décédée quelques jours après.

Cette affaire a engendré une grave crise diplomatique entre le Kremlin et les Occidentaux et abouti à une vague historique d'expulsions croisées de diplomates, ainsi qu'à de nouvelles sanctions économiques contre la Russie.

Ciblé par des hackers

Le Service de renseignement de la Confédération (SRC) a confirmé à la cellule enquête de Tamedia et à Keystone-ATS être au courant du "cas de La Haye et du renvoi des deux espions russes".

La responsable de la communication au sein du SRC affirme que "le Service a activement participé à cette opération avec ses partenaires néerlandais et britanniques". L'intervention a permis de "prévenir toute action illégale contre une infrastructure suisse critique".

Le SRC ne donne pas plus d'informations sur le déroulement de l'opération ni sur l'identité de "l'infrastructure suisse critique". D'après les recherches des journaux, il s'agit du Laboratoire de Spiez.

Le porte-parole de l'institut en question Andreas Bucher a dit ne pas pouvoir commenter les informations du SRC. Il peut en revanche confirmer que "le Laboratoire a été ciblé par des pirates informatiques. Mais nous sommes préparés à de telles éventualités. Aucune donnée n'a fuité".

MPC aussi impliqué

Selon le NRC Handelsblad, les deux espions transportaient du matériel qui leur aurait permis d'entrer dans le réseau informatique du Laboratoire. La Haye accueille le siège de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), qui s'occupe activement des événements en Syrie et à Salisbury. L'un de leurs laboratoires de référence est justement celui de Spiez.

Moscou a démenti à plusieurs reprises les accusations selon lesquelles des espions russes seraient responsables de l'empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia. Par ailleurs, la Russie, qui soutient Damas dans la guerre civile qui l'oppose à des opposants au régime, nie que l'armée syrienne ait utilisé des armes chimiques.

De son côté, le Ministère public de la Confédération (MPC) a confirmé à Keystone-ATS qu'il avait ouvert, dans un autre contexte, une procédure pénale pour espionnage et services de renseignements politiques en mars 2017. "Dans le cadre de cette procédure, deux personnes ont pu être identifiées en collaboration avec le SRC. Il s'agit des personnes concernées par l'opération mentionnée par le SRC", précise le MPC, qui ne donne pas d'autres indications pour l'instant.

ats, dpa

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