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Deux ex-policiers arrêtés pour le meurtre d'une élue de Rio

Marielle Franco, élue homosexuelle charismatique, née dans une favela et fortement engagée contre le racisme, l'homophobie et la violence policière a été abattue à l'âge de 38 ans, il y a un an. Ici lors d'un hommage durant le Carnaval de Rio (archives). © KEYSTONE/AP/LEO CORREA
Marielle Franco, élue homosexuelle charismatique, née dans une favela et fortement engagée contre le racisme, l'homophobie et la violence policière a été abattue à l'âge de 38 ans, il y a un an. Ici lors d'un hommage durant le Carnaval de Rio (archives). © KEYSTONE/AP/LEO CORREA


Publié le 13.03.2019


Deux ex-policiers ont été arrêtés mardi en lien avec l'assassinat de Marielle Franco, conseillère municipale de Rio. L'exécution de la militante noire des droits des minorités, il y a près d'un an, avait bouleversé les Brésiliens.

L'annonce faite par le parquet de Rio intervient à deux jours de cet anniversaire pour lequel de nombreuses associations de défense des droits des minorités et de la démocratie au Brésil ont appelé à se mobiliser en masse jeudi dans les rues des grandes villes.

Marielle Franco, élue homosexuelle charismatique, née dans une favela et fortement engagée contre le racisme, l'homophobie et la violence policière a été abattue à l'âge de 38 ans. Elle était conseillère du Parti du socialisme et de la liberté (PSOL, gauche) et mère d'une petite fille.

Le policier militaire à la retraite Ronie Lessa, suspecté d'avoir criblé de balles - 13 tirs - l'élue et son chauffeur Anderson Gomes dans leur voiture le 14 mars 2018, a été arrêté à 4h00 du matin (08h00 en Suisse) à son domicile, a annoncé le parquet de Rio dans un communiqué.

Elcio Vieira de Queiroz - exclu de la police militaire à une date non précisée - a lui aussi été arrêté avant l'aube chez lui lors d'une opération retransmise en direct à la télévision qui a permis la saisie de documents et d'armes. Il est soupçonné d'avoir conduit le véhicule ayant fait la traque de la voiture de Marielle Franco après une réunion en soirée de militantes, dans le centre de Rio.

"Qui a ordonné de la tuer?"

"Deux jours avant l'anniversaire de la mort de ma fille, c'est un soulagement de savoir que la police a arrêté des suspects. Il était grand temps d'avoir une réponse", a déclaré la mère de Marielle, Marinete Silva, au site G1.

"Mais maintenant nous devons savoir qui a commandité" ces crimes car "la réponse "est incomplète", a-t-elle ajouté. "C'est un pas décisif mais le cas n'est pas encore résolu", a déclaré lui aussi Marcelo Freixo, député fédéral du PSOL, mentor en politique et ami de Marielle Franco. "Qui a ordonné de la tuer? Quelle était la motivation politique?" s'est-il interrogé sur la télévision Globonews.

On ne sait pas si le tireur "a décidé tout seul (de tirer), c'est une hypothèse, ou s'il a reçu de l'argent pour le faire", a déclaré le commissaire Geniton Lages lors d'une conférence de presse.

Vives manifestations

L'assassinat de l'élue avait provoqué des manifestations massives dans tout le Brésil et suscité également beaucoup d'émotion à étranger. Le gouvernement conservateur du président Michel Temer, prédécesseur de Jair Bolsonaro, avait promis d'arrêter rapidement et de juger les coupables, suscitant une grande perplexité dans un pays où l'écrasante majorité des homicides reste impunie.

Mais l'enquête n'a marqué aucun progrès notable pendant un an, à la grande frustration des militants des droits de l'homme qui n'ont cessé de réclamer justice pour "Marielle", dont le visage rayonnant est toujours visible sur de nombreux murs de Rio, accompagné du message "Marielle presente".

"Milices"

Selon les services du procureur en charge de la lutte contre le crime organisé, "l'assassinat a été méticuleusement planifié pendant les trois mois ayant précédé le crime". "Il est incontestable que Marielle Franco a été exécutée sommairement en raison de son militantisme politique et des causes qu'elle défendait", a ajouté le parquet.

Rio de Janeiro est confrontée depuis une vingtaine d'années au phénomène des milices, des groupes formés d'agents ou d'ex-agents de sécurité qui font régner leur loi dans les favelas, contre lesquelles Marielle Franco avait milité.

ats, afp

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