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Deux hommes reconnus coupables pour l'incendie de l'hôtel Kaiseregg

L'ancien hôtel, quasiment détruit par les flammes, a été rasé. Il était assuré pour 2 millions de francs (archives). © KEYSTONE/KAPO FRIBOURG
L'ancien hôtel, quasiment détruit par les flammes, a été rasé. Il était assuré pour 2 millions de francs (archives). © KEYSTONE/KAPO FRIBOURG


Publié le 22.03.2018


Les deux hommes qui avaient mandaté quelqu'un pour bouter le feu à l'hôtel Kaiseregg à Planfayon (FR) en 2015 ont été reconnus coupables d'incendie intentionnel. L'un d'eux écope de 4,5 ans de prison ferme, car il est condamné aussi pour d'autres infractions.

Cet homme âgé de 40 ans était l'associé du propriétaire de l'hôtel désaffecté, âgé de 61 ans. Ces deux commanditaires ont aussi été reconnus coupables de tentative d'escroquerie par le Tribunal pénal de la Sarine.

Ils niaient tous les deux être à l'origine du sinistre. Leurs avocats plaidaient l'acquittement. Ils vont probablement faire appel, mais vont d'abord étudier le jugement, ont-ils indiqué jeudi.

Les deux hommes ont agi pour "un motif futile et égoïste", a commenté jeudi le président de la Cour Benoît Chassot. Ils voulaient détruire le bâtiment pour lancer un nouveau projet de construction, et par la même occasion recevoir des indemnités d'assurance.

Le propriétaire écope de 30 mois de prison, dont 6 mois ferme et le reste avec un sursis de 3 ans. C'était la peine requise par le procureur général Fabien Gasser.

Multirécidiviste

Pour l'associé, le procureur avait requis 5,5 ans de prison ferme. Cet homme, au casier judiciaire déjà bien garni, a agi comme leader. Et il était visé par des accusations dans d'autres affaires (faux dans les titres, escroquerie, fausse monnaie, notamment).

La Cour ayant écarté certains de ces autres chefs d'accusation, la peine est de 4,5 ans. Il est en revanche reconnu coupable de tentative de contrainte: en 2016, depuis la prison, il a fait parvenir une lettre à l'homme de main pour essayer de le pousser à se rétracter, en vain.

Pour l'incendie, il n'a pas agi sur un coup de tête, mais a longuement mûri son plan, a souligné le juge Benoît Chassot. De plus, c'est un délinquant multirécidiviste qui montre "une imperméabilité totale face à la sanction pénale".

Projet contrarié

C'est une rencontre entre un promoteur impatient et un voyou "maître ès magouilles", avait résumé le procureur lors des audiences la semaine dernière. Le "voyou" a ensuite poussé au crime un "grand dadais" en difficulté qui lui était redevable.

Après avoir renoncé à des transformations coûteuses, le propriétaire projette de détruire l'hôtel pour ensuite construire des immeubles locatifs. Mais il ne reçoit pas l'autorisation des autorités, le bâtiment étant protégé comme patrimoine. Il est coincé avec cet hôtel.

A l'automne 2014, il entre en relation d'affaires avec son futur associé. Celui-ci prend les choses en main: il mandate un troisième homme pour mettre le feu à l'hôtel, en échange de 20'000 francs, somme qu'il ne lui a jamais versée.

A la date prévue de l'incendie, l'homme de main se désiste. Mis sous pression par l'associé, il finit par passer à l'acte la nuit suivante, après avoir avoir inspecté le bâtiment pour s'assurer qu'il n'y avait personne dedans.

Hôtel rasé

Une soixantaine de pompiers sont intervenus. L'ancien hôtel, quasiment détruit par les flammes, a été rasé. Il était assuré pour 2 millions de francs. Mais l'Etablissement cantonal d'assurance des bâtiments (ECAB) n'a pas versé d'indemnités. Il s'est constitué partie civile.

En décembre, dans une procédure séparée, l'homme de main a été reconnu coupable d'incendie intentionnel et de complicité de tentative d'escroquerie, notamment. Ce trentenaire fribourgeois a écopé de 33 mois de prison, dont 6 ferme et 27 avec un sursis de 4 ans. Il s'agit d'une procédure simplifiée car il a admis les faits.

ats

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