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Didier Burkhalter n'était plus en phase avec le Conseil fédéral

L'Assemblée fédérale a fait ses adieux à Didier Burkhalter le 20 septembre, jour de l'élection de son successeur, Ignazio Cassis (archives). © KEYSTONE/PETER KLAUNZER
L'Assemblée fédérale a fait ses adieux à Didier Burkhalter le 20 septembre, jour de l'élection de son successeur, Ignazio Cassis (archives). © KEYSTONE/PETER KLAUNZER


Publié le 20.04.2018


Dix mois après l'annonce de sa démission, Didier Burkhalter revient sur les raisons qui l'ont mené à quitter le Conseil fédéral. Dans une interview sur le site de la RTS, il dit ne plus s'être senti en phase sur des valeurs essentielles comme les exportations d'armes.

Interrogé par Darius Rochebin sur le fait d'avoir été minorisé au sein du collège gouvernemental, le Neuchâtelois répond que "ça arrive souvent d'être minorisé". Cela devient problématique lorsqu'on "a vraiment l'impression que l'autorité collégiale dans laquelle on travaille n'est plus en phase avec ce que l'on pense fondamentalement", soit les valeurs essentielles.

A ce sujet, il évoque les questions d'exportations d'armes dans les zones de conflits. "J'estime qu'il faut être très clair et les refuser". Quant aux questions d'égalité salariale entre hommes et femmes, "si j'avais été une femme, j'aurais eu beaucoup moins de patience", déclare-t-il dans l'émission "Pardonnez-moi" qui sera diffusée dimanche et qui est déjà disponible en ligne.

Sur ces thèmes-là, l'ex-ministre des affaires étrangères a ressenti qu'il n'était "plus tout à fait sur la même longueur d'onde, mais c'est normal". Après plus de 30 ans dans la politique, dont 22 dans des exécutifs, "je ressentais vraiment le besoin de pouvoir exprimer librement ce que je pense".

La liberté est d'ailleurs ce que le libéral-radical apprécie le plus dans sa nouvelle vie. Une liberté qu'il faut réapprendre, car la fonction de conseiller fédéral a "un côté de carcan" et exige de s'exprimer au nom d'une autorité, et non en son nom propre.

Négociations Suisse-UE

Didier Burkhalter répète que ce ne sont pas les négociations Suisse-UE concernant un accord institutionnel qui l'ont poussé à partir du gouvernement. Sa décision reflétait son "besoin de faire autre chose" et la perte du "feu sacré pour être à 200%" au Conseil fédéral.

L'ancien conseiller fédéral ne considère pas sa démission comme une rupture. Tout comme il est difficile d'entrer au sein du gouvernement, il n'est pas facile d'en sortir, souligne-t-il. Il est important de ne pas quitter le Conseil fédéral avec de l'amertume, parce qu'on y est resté trop longtemps alors qu'on n'en a plus la force.

"C'est ce que j'ai ressenti un jour en me réveillant, juste après deux voyages très très forts émotionnellement, donc ça a joué un rôle", raconte le Neuchâtelois qui se consacre désormais à l'écriture. Il s'était rendu en Ukraine, près de la zone de contact, et en Jordanie, près de la frontière syrienne. Son deuxième livre "Là où montagne et lac se parlent" est paru fin février.

ats

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