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Du mercure, plomb et cadmium sur les plages du Léman

Les plastiques trouvés sur les rives du Léman ressemblent à ceux en milieu marin. Ici lors d'une action bénévole de ramassage de déchets (archives). © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Les plastiques trouvés sur les rives du Léman ressemblent à ceux en milieu marin. Ici lors d'une action bénévole de ramassage de déchets (archives). © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT


Publié le 16.04.2018


Des chercheurs de l'Université de Genève ont détecté la présence fréquente de cadmium, mercure et plomb dans des déchets plastiques collectés sur les plages du Léman. Ces concentrations parfois très élevées dépassent le maximum autorisé par la législation européenne.

Il s'agit de la première analyse chimique des plastiques collectés sur les plages du lac Léman, indique l'alma mater genevoise lundi dans un communiqué. Elle a été réalisée par des chercheurs de l'UNIGE et de l'Université de Plymouth.

Cette étude, parue dans la revue Frontiers in Environmental Science, est l'une des rares à examiner les plastiques dans les lacs d'eau douce et montre que, comme les océans, ces habitats sont également touchés par la pollution plastique.

Le but était de mesurer l'impact des débris plastiques sur la faune et la flore, notamment par la toxicité des produits chimiques qu'ils contiennent. Les chercheurs ont pour ce faire collecté en mars 2016 des déchets sur douze plages de galets autour du lac Léman, l'une des plus grandes étendues d'eau douce d'Europe occidentale.

Ils y ont trouvé plus de 3000 débris de plastique tels que des objets (jouets, stylos, cotons-tiges, tuyauterie, cache-pots, emballages alimentaires) et des fragments de plastique, y compris de la mousse expansée et du polystyrène. "Une grande partie du plastique était similaire à celle que l'on trouve sur les plages marines, telles que les bouteilles, les pailles et le polystyrène", explique la chercheuse genevoise Montserrat Filella, citée dans le communiqué.

Des décennies dans le lac

Parmi ces 3000 déchets, plus de 600 ont été passés à la loupe au moyen de la fluorescence X pour rechercher des toxines et déterminer la composition chimique des matériaux. La présence fréquente d'éléments dangereux, tels que le brome, le cadmium, le mercure et le plomb, dans des concentrations très élevées dans certains cas, a été détectée.

L'abondance de ces éléments toxiques, aujourd'hui restreints ou interdits, reflète combien de temps le plastique a été dans le lac. Le mercure, par exemple, est un métal qui n'a pas été utilisé dans les plastiques depuis des décennies, selon l'équipe helvético-anglaise. Jusque dans les années 1950, on recourait à cette substance pour la pigmentation. Ce que confirme la couleur des déchets trouvés, rouge ou brun rougeâtre.

Le brome, présent dans les retardateurs de flamme, était également au-dessus du niveau maximal autorisé par la directive de l'UE dans 19 déchets plastique. Des niveaux élevés de cadmium, associés à des couleurs vives, étaient présents dans 57 articles. Le plomb, utilisé pour stabiliser ou colorer les plastiques, a été décelé dans près d'un quart des débris analysés et 65 d'entre eux dépassaient les niveaux autorisés.

Danger pour les animaux

Ces plastiques sont ainsi susceptibles de causer les mêmes problèmes à la faune d'eau douce que marine. "L'enchevêtrement et l'ingestion sont les plus préoccupants", dit Montserrat Filella. Quand ces débris sont mangés par les animaux, "les conditions acides et riches en enzymes de l'estomac peuvent accélérer la vitesse à laquelle ces toxines sont libérées dans le corps", affectant ainsi les animaux.

ats

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