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Dysfonctionnements au plus haut niveau de l'Etat français dénoncés

Alexandre Benalla, à côté de son avocate, Jacqueline Laffont, le jour de son audition par la commision du Sénat le 21 janvier dernier (Archives). © KEYSTONE/EPA/CHRISTOPHE PETIT TESSON
Alexandre Benalla, à côté de son avocate, Jacqueline Laffont, le jour de son audition par la commision du Sénat le 21 janvier dernier (Archives). © KEYSTONE/EPA/CHRISTOPHE PETIT TESSON


Publié le 20.02.2019


La commission d'enquête sénatoriale sur l'affaire Benalla a demandé au Bureau du Sénat de saisir la justice pour faux témoignage de la part d'Alexandre Benalla et de Vincent Crase, tous deux en détention provisoire depuis mardi. L'Elysée en prend aussi pour son grade.

Ainsi le rapport de la commission sénatoriale sur l'affaire Benalla pointe des "dysfonctionnements majeurs" au plus haut niveau de l'Etat". La commission d'enquête demande la fin des "collaborateurs officieux" d'Emmanuel Macron.

Dans une lettre adressée au président du Sénat Gérard Larcher, dont l'AFP a eu connaissance mercredi, la commission met également en cause le témoignage de trois hauts responsables à l'Elysée, Patrick Strzoda, Alexis Kohler et le général Lionel Lavergne, les soupçonnant d'"omissions, incohérences" et "contradictions".

Cinq ans de prison risqués

"Tout témoignage mensonger devant une commission d'enquête parlementaire est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75'000 euros d'amende", rappellent dans leur lettre le président de la commission Philippe Bas et les deux corapporteurs, Jean-Pierre Sueur et Muriel Jourda.

Concernant M. Benalla, ancien chargé de mission à l'Elysée, ils estiment que "contrairement à ses affirmations, (il) assurait bien, dans les faits, une fonction de protection rapprochée du chef de l'Etat". Ils épinglent aussi ses déclarations sous serment sur ses passeports diplomatiques.

Mensonges

M. Benalla et Vincent Crase, ex-employé de LREM, le parti présidentiel, et ex-gendarme réserviste en fonction à la présidence de la République, sont aussi soupçonnés d'avoir menti sur le contrat de sécurité privé négocié avec un oligarque russe, Iskander Makhmudov.

Concernant Patrick Strzoda, directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Alexis Kohler, secrétaire général de l'Elysée, et le général Lionel Lavergne, chef du Groupe de Sécurité de la Présidence de la République (GSPR), la commission estime avoir "bénéficié d'utiles informations" de leur part mais elle a "également mis au jour dans leurs déclarations un certain nombre d'omissions, d'incohérences et de contradictions", est-il indiqué dans la lettre.

Ces trois hauts responsables "ont retenu une part significative de la vérité à la commission", notamment "sur le périmètre de la mission de sécurité exercée par Alexandre Benalla", juge la commission. Celle-ci demande au Bureau du Sénat "de saisir le ministère public", qui pourra "procéder aux investigations qu'il jugera opportunes afin de déterminer s'il y a lieu de donner des suites judiciaires à ces déclarations".

ats, afp

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