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Echange "historique" de cartes entre Chypriotes pour un Etat uni

L'émissaire de l'ONU Espen Barth Eide est satisfait de l'avancée des discussions sur Chypre à Genève. © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI
L'émissaire de l'ONU Espen Barth Eide est satisfait de l'avancée des discussions sur Chypre à Genève. © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI


Publié le 11.01.2017


Les Chypriotes grecs et turcs ont marqué déjà un peu l'Histoire de l'île lors des pourparlers de Genève. Pour la première fois en plus de 40 ans de division, ils ont échangé mercredi soir leurs cartes pour le territoire d'un futur Etat fédéral.

Le président chypriote grec Nicos Anastasiades a estimé sur Twitter que les deux entités venaient de marquer "l'histoire de Chypre" en présentant leurs documents. Un sentiment qu'avait partagé par anticipation dans l'après-midi devant la presse l'émissaire de l'ONU Espen Barth Eide.

L'échange a eu lieu lors d'une réunion entre M. Anastasiades, le président de la République turque de Chypre Nord (RTCN) Mustafa Akinci, M. Eide et un cartographe de chacune des deux entités.

Au Mont-Pèlerin (VD) il y a moins de deux mois, les discussions sur cette question avaient révélé des divergences de 1%. Les Chypriotes grecs souhaitent que le territoire de la partie turque constitue 28,2% du total et les Chypriotes turcs souhaitent 29,2%. Mais il faut aussi tomber d'accord sur le positionnement de la frontière entre les deux parties de l'Etat fédéral, a indiqué M. Eide devant la presse.

Chambre forte

Ces cartes seront ensuite authentifiées puis placées dans une chambre forte à l'ONU. Le territoire définitif sera connu au moment d'un règlement entre les deux entités de l'île, divisée depuis l'invasion de l'armée turque en 1974 en réaction à un coup d'Etat de Chypriotes grecs visant à rattacher le pays à la Grèce.

Dans l'après-midi, M. Eide avait indiqué que "de nombreux problèmes ont été résolus" mais qu'il reste "encore du travail". "Nous sommes plus ou moins là où nous souhaitions" à cette étape, à quelques heures près.

Ces pourparlers constituent "la meilleure chance" de surmonter les difficultés qui subsistent. Attendre davantage n'améliorerait pas la situation, a également indiqué l'émissaire. Il a salué le leadership et l'engagement de MM. Anastasiades et Akinci.

Toutes les questions ont été abordées depuis lundi dans les pourparlers entre les deux entités et l'émissaire n'a pas donné davantage de précisions sur celles qui ont été résolues. Les discussions vont probablement se poursuivre jusqu'à tard dans la nuit, comme mardi soir.

Burkhalter aussi sur place

Jeudi, une conférence "historique" est prévue à Genève entre les parties et les Etats garants de l'ordre constitutionnel à Chypre: la Turquie, la Grèce et la Grande-Bretagne. Ces pays seront représentés par leurs ministres des affaires étrangères. M. Anastasiades a rencontré dès mercredi soir le chef de la diplomatie grecque Nikos Kotzias.

Une telle réunion sur la sécurité et les garanties entre tous ces acteurs aura lieu "pour la première fois", a également dit M. Eide. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres fera pour l'occasion son premier déplacement à l'étranger.

Le conseiller fédéral Didier Burkhalter rencontrera en tête-à-tête le patron de l'ONU en marge de la conférence. Il aura également une "brève interaction" avec les participants à la réunion de jeudi.

Et l'UE, dont l'Etat fédéral qui sortirait d'un accord serait membre, sera représentée par le président de la Commission Jean-Claude Juncker et la cheffe de sa diplomatie Federica Mogherini. Actuellement, seule la partie grecque du sud de l'île fait partie des 28 pays de l'UE. La RTCN n'est reconnue que par la Turquie.

ats

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