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La conférence Croix-Rouge tourne à l'affrontement Iran/Etats-Unis

Le CICR présidé par Peter Maurer et le conseiller fédéral Ignazio Cassis souhaitaient tous deux des avancées pour garantir la protection des données humanitaires (archives). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI
Le CICR présidé par Peter Maurer et le conseiller fédéral Ignazio Cassis souhaitaient tous deux des avancées pour garantir la protection des données humanitaires (archives). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI
Il y a un an, la justice internationale avait ordonné aux Etats-Unis de mettre fin aux sanctions visant des biens "à des fins humanitaires". Une décision que Washington n'a pas reconnue (photo symbolique). © Keystone/EPA/ABEDIN TAHERKENAREH
Il y a un an, la justice internationale avait ordonné aux Etats-Unis de mettre fin aux sanctions visant des biens "à des fins humanitaires". Une décision que Washington n'a pas reconnue (photo symbolique). © Keystone/EPA/ABEDIN TAHERKENAREH


Publié le 12.12.2019


La Conférence de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a tourné à Genève à l'affrontement entre Iran et Etats-Unis sur les sanctions américaines. Malgré la tension, elle a abouti à une avancée sur la lutte pour le climat et un demi-succès sur les données humanitaires.

Le consensus sur une résolution pour mieux armer la prévention et la réponse humanitaire semblait atteint jeudi après trois jours de discussions lors de la 33e Conférence internationale, réunion qui a lieu tous les quatre ans à Genève. Mais l'Iran a proposé un amendement sur les effets néfastes des sanctions pour l'accès aux bénéficiaires.

Il y a un an, la justice internationale avait ordonné aux Etats-Unis de mettre fin aux sanctions visant des biens "à des fins humanitaires". Une décision que Washington n'a pas reconnue.

Jeudi, devant les quelque 2300 délégués, les Etats-Unis se sont immédiatement opposés à la proposition iranienne. Il a fallu une intervention des Iles Marshall, dont la société nationale est membre depuis quelques jours du Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, pour éviter un vote sur l'amendement.

Le changement climatique menace déjà le petit Etat insulaire, a dit son représentant. En retirant son amendement, son homologue iranien a dénoncé les sanctions de l'administration de Donald Trump comme une violation "scandaleuse" du droit international humanitaire (DIH).

Liste reconnue

En pleine COP25, la résolution approuvée encourage les Etats à évaluer si leurs lois et politiques contre les désastres sont adaptées au changement climatique. Elle reconnaît aussi comme importante, mais non contraignante, une liste de contrôle. Des dispositifs d'alerte au financement de la réduction des risques en passant la prise en charge des déplacés, celle-ci identifie dix questions que les Etats doivent pouvoir anticiper.

De leur côté, aussi bien le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) que la Fédération internationale des sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) font désormais de cette question une composante centrale de leur politique. Comme les Iles Marshall, plusieurs des 192 sociétés nationales de la FICR sont déjà confrontées très concrètement aux effets.

Comme sur toutes les autres questions abordées depuis lundi, l'importance de la confiance auprès des communautés et d'une action plus proche d'elles était au centre des discussions. Alors que les besoins humanitaires et les violations du DIH ont augmenté ces dernières années.

Après l'échec il y a quatre ans d'un mécanisme formel pour évaluer l'attitude des Etats sur le DIH, bloqué par la Russie et d'autres pays, les participants ont validé une approche plus pragmatique. Chaque pays est invité à davantage d'efforts nationaux pour garantir que les Conventions de Genève, qui fêtent cette année leurs 70 ans, soient honorées.

La Suisse a elle déjà annoncé qu'elle souhaitait réunir des experts et des praticiens régulièrement de manière informelle dans un "environnement un peu protégé". Elle va aussi lancer dès 2020 un rapport national annuel.

Demi-succès sur les données

Cette année aussi, un échec a été observé, sur la protection des données humanitaires dans le cadre de la restauration des liens familiaux, certes malgré l'approbation d'une résolution. Lors de l'ouverture de la conférence, le conseiller fédéral Ignazio Cassis avait souhaité que des "standards" soient établis.

La discussion s'annonçait controversée étant donné les réticences de plusieurs pays importants comme les Etats-Unis, la Russie ou la Chine. Le projet prévoyait que les Etats partie aux Conventions de Genève reconnaissent que les indications personnelles ne peuvent être utilisées que pour des objectifs humanitaires et non pour des contrôles aux frontières ou d'autres actes.

Et ces pays s'engageaient aussi à ne pas exiger un accès à ces données. Mais le texte approuvé, s'il reconnaît que de mauvais usages peuvent être observés, ne fait de son côté qu'"appeler" les Etats à s'abstenir de les demander. En 2018, le CICR a notamment passé plus d'un million d'appels, distribué plus de 150'000 messages et retrouvé plusieurs milliers de disparus grâce à elle.

D'autres résolutions sur la prévention et la réponse aux épidémies comme Ebola mais aussi sur la santé mentale, thématique chère à la Suisse, ont été validées. Autre volonté, celle d'étendre le nombre de femmes dans les organes de décision des institutions humanitaires.

Des représentants de 162 Etats et 187 sociétés nationales ont participé à la réunion. Le Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge rassemble les employés du CICR et de la FICR et plus de 13,5 millions de volontaires de celle-ci dans les différents pays.

ats

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