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Enquête pour "homicide" après la mort de 39 migrants

La mort de 39 migrants a bouleversé la population de cette région proche de la frontière avec les Etats-Unis. © KEYSTONE/AP/Christian Chavez
La mort de 39 migrants a bouleversé la population de cette région proche de la frontière avec les Etats-Unis. © KEYSTONE/AP/Christian Chavez
La mort de 39 migrants a bouleversé la population de cette région proche de la frontière avec les Etats-Unis. © KEYSTONE/AP/Christian Chavez
La mort de 39 migrants a bouleversé la population de cette région proche de la frontière avec les Etats-Unis. © KEYSTONE/AP/Christian Chavez


Publié le 30.03.2023


En tenant compte d'une vidéo accusatrice, les autorités mexicaines ont annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête pour "homicide" après la mort de 39 migrants dans l'incendie d'un centre de détention. Celui-ci se situe à Ciudad Juarez à la frontière des Etats-Unis.

"Aucun des fonctionnaires ni aucun des policiers de sécurité privée n'ont réalisé la moindre action pour ouvrir la porte aux migrants qui se trouvaient à l'intérieur (NDLR: d'une cellule) alors qu'il y avait le feu", a déclaré la procureure spécialisée en matière de droits humains Sara Irene Herrerías Guerra lors d'une conférence de presse.

Huit responsables présumés ont été identifiés, a indiqué pour sa part la secrétaire (ministre) de Sécurité, Rosa Icela Rodriguez, lors de cette conférence de presse moins de 48 heures après les faits. Les responsables présumés - trois agents de l'Institut national de migration (INM) et cinq agents d'une entreprise de sécurité - "sont déjà en train d'être entendus" par le parquet, a repris la procureure. Quatre mandats d'arrêt devaient être demandés aux juges mercredi.

"Le délit pour lequel le dossier (d'enquête) a été ouvert est le délit d'homicide", a-t-elle précisé, mentionnant également le délit de "blessure" et "dommage à la propriété d'autrui". Des poursuites pour d'autres délits comme "abus d'autorité" ou "mauvais traitement" sont envisagées, selon elle.

Réactions scandalisées

La procureure a confirmé l'authenticité d'une vidéo de 32 secondes diffusée par plusieurs médias dont l'AFP: "Cette vidéo fait partie du dossier d'enquête", a-t-elle dit. Ces images de vidéosurveillance montrent le début de l'incendie dans la nuit de lundi à mardi. Derrière les barreaux, dans la fumée, un homme donne des coups de pied contre une porte fermée tandis qu'un autre semble déposer un matelas par terre.

Au premier plan, trois agents se retirent en tournant le dos aux personnes enfermées derrière les barreaux, sans leur prêter assistance. Cette vidéo avait provoqué des réactions scandalisées de la société civile.

"Comment est-il possible que les autorités mexicaines aient laissé des êtres humains enfermés sans possibilité d'échapper à l'incendie?", s'est interrogé Erika Guevara Rosas, la directrice d'Amnesty International pour les Amériques, dans un communiqué. "Gouvernement, assume tes responsabilités", pouvait-on lire sur une banderole tendue par une manifestante lors d'un rassemblement mercredi à Mexico.

Bilan revu à la hausse

Lors de la conférence de presse, la secrétaire de Sécurité a revu le bilan à la hausse de 38 à 39 décès. Elle a également fait état de 27 blessés, dont six dans un état "extrêmement grave", dix dans un état grave, et neuf dans une situation "délicate".

Les autorités n'ont toujours pas donné le détail de la nationalité des victimes, mentionnant leur pays d'origine, principalement d'Amérique centrale (Guatemala, El Salvador, Honduras) et Venezuela. Le Guatemala a affirmé dès mardi que 28 de ses ressortissants étaient morts. Le Salvador a parlé de quatre blessés graves, en demandant que les responsables de la tragédie soient traduits en justice.

Les autorités ont confirmé que l'incendie avait été provoqué par des migrants pour protester contre leur possible expulsion. Plusieurs d'entre eux avaient été arrêtés dans les rues de Ciudad Juarez, où ils mendiaient ou lavaient des pare-brises aux carrefour pour tenter de survivre.

Pas d'impunité

Le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador avait promis qu'il n'y aurait pas d'"impunité" en demandant que "l'on punisse conformément à la loi ceux qui ont provoqué cette douloureuse tragédie". Le drame a fait réagir au-delà des frontières du Mexique. "Nous prions pour les migrants qui sont morts hier dans le tragique incendie à Ciudad Juarez", a déclaré le pape François.

Les Nations unies ont plaidé pour des voies de migration plus "sûres" vers les Etats-Unis et l'ambassadeur américain au Mexique a insisté pour "réparer un système migratoire cassé" avec ses partenaires de la région. Ciudad Juarez, voisine d'El Paso (Texas), est l'une des villes frontalières d'où de nombreux migrants sans papiers cherchent à gagner les Etats-Unis pour demander l'asile après un long périple.

Mercredi, des dizaines d'entre eux ont encore tenté de franchir la frontière entre les deux pays, a constaté sur place un journaliste de l'AFP. Quelque 200'000 personnes tentent chaque mois de traverser la frontière entre le Mexique et son voisin du nord. Les migrants affirment vouloir échapper à la pauvreté ou à la violence dans leurs pays d'origine. Depuis 2014, environ 7661 migrants sont morts ou ont disparu sur la route vers le territoire américain, d'après l'Organisation internationale des migrations (OIM).

ats, afp

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