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Enquête sur une mission militaire auprès d'indigènes au Brésil

Une mission militaire, qui a eu lieu les 30 juin et 1er juillet auprès de trois communautés indigènes près de la frontière vénézuélienne, avait officiellement pour but la prévention contre le virus (archives). © KEYSTONE/EPA/Joedson Alves
Une mission militaire, qui a eu lieu les 30 juin et 1er juillet auprès de trois communautés indigènes près de la frontière vénézuélienne, avait officiellement pour but la prévention contre le virus (archives). © KEYSTONE/EPA/Joedson Alves


Publié le 03.07.2020


Le parquet brésilien a annoncé l'ouverture d'une enquête sur des soupçons de mise en péril d'indigènes Yanomami et Yekwana. Ceux-ci auraient pu être exposés au Covid-19 lors d'une mission militaire.

D'après le parquet fédéral (MPF), cette mission, qui a eu lieu les 30 juin et 1er juillet dans l'Etat de Roraima (nord), en présence de journalistes d'une dizaine de médias, dont l'AFP, pourrait avoir eu lieu sans autorisation préalable des autochtones et en violation des règles de distanciation physique.

Cette enquête du parquet, annoncée tard jeudi, a été motivée par une plainte de Junior Yanomami, président du Conseil de santé indigène Yanomami (Condisi-Y). "Les indigènes isolés sont extrêmement vulnérables aux agents pathogènes externes, c'est pourquoi le contact (de membres de la mission) peut être assimilé à un crime contre la santé publique", a-t-il affirmé dans sa plainte.

Distribution de chloroquine

Junior Yanomami a également fait part de son inquiétude au sujet de la distribution lors de cette mission de comprimés de chloroquine, "dont l'efficacité contre le coronavirus n'a jamais été prouvée". Au Brésil, son usage est toutefois recommandé par le ministère, y compris pour traiter les symptômes légers du Covid-19, sous réserve d'un accord entre le médecin et son patient.

Cette mission auprès de trois communautés indigènes près de la frontière vénézuélienne avait officiellement pour but la prévention contre le virus, avec la distribution d'équipements de protection, de tests rapides de dépistage et de médicaments, dont 16'000 comprimés de chloroquine. Tous les tests effectués dans les villages ont été négatifs.

L'équipe de l'AFP, comme la vingtaine de journalistes sur place, avait dû passer des tests de détection du Covid-19 juste avant le départ et a strictement respecté sur place les règles de distanciation physique et le port du masque, comme tous les journalistes de l'AFP pour garantir leur sécurité comme celles des personnes avec lesquelles ils sont contact.

Plainte "irrationnelle"

Le ministre de la Défense Fernando Azevedo, venu observer la mission mercredi, a assuré que l'expansion de la pandémie chez les indigènes était "contrôlée". Une déclaration contestée par plusieurs associations, comme le Conseil Indigène de Roraima (CIR).

"Monsieur le ministre, c'est nous qui vivons cette réalité au quotidien! Le Covid-19 se répand chaque jour davantage dans les communautés indigènes et cela nous inquiète", a réagi le CIR dans un communiqué. Junior Yanomami a dit à l'AFP que 160 membres du peuple yanomami avaient été contaminés par le coronavirus, que quatre d'entre eux en étaient morts, sans compter trois autres décès suspects.

Le vice-amiral Carlos Chagas, porte-parole du ministère de la Défense, a déclaré vendredi à des journalistes que la plainte lui semblait "totalement irrationnelle". "Cela me surprend à plusieurs titres. Comment une organisation qui se préoccupe du sort des indigènes peut s'opposer à la présence de personnes venues soigner les indigènes?", a-t-il demandé.

Le territoire yanomami, qui s'étend sur 96'000 km2 en pleine forêt amazonienne, est régulièrement envahi par des orpailleurs clandestins, dont la présence représente un risque accru durant la pandémie.

ats, afp

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