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Espagne: Pedro Sanchez décidé à retirer Franco de son mausolée

La période franquiste reste lourde à porter dans la mémoire espagnole (archives). © KEYSTONE/AP/PAUL WHITE
La période franquiste reste lourde à porter dans la mémoire espagnole (archives). © KEYSTONE/AP/PAUL WHITE


Publié le 18.06.2018


Le nouveau gouvernement socialiste espagnol est décidé à retirer les restes du dictateur Francisco Franco de son mausolée, près de Madrid. Il souhaite en faire un lieu de "réconciliation" dans un pays où le débat reste entier sur le travail de mémoire.

Il y a déjà eu un accord à la Chambre des députés sur le retrait de la dépouille située dans "la valle de los Caidos" (vallée de ceux qui sont tombés). "Ce que nous allons faire en tant que gouvernement, c'est chercher la formule pour le mettre en pratique", a déclaré lundi la vice-présidente de l'exécutif Carmen Calvo.

Une large majorité de députés - 198 sur 350 - l'avait demandé en vain l'an dernier à l'ancien gouvernement conservateur de Mariano Rajoy. L'objectif est de convertir le mausolée "en lieu de réconciliation (...) et non d'apologie de la dictature", a souligné de son côté Oscar Puente, porte-parole du Parti socialiste (PSOE).

Un complexe monumental

Vainqueur d'une sanglante guerre civile (1936-1939), Francisco Franco a été chef de l'Etat espagnol de 1939 à 1975. La "Valle de los Caidos" est un complexe monumental commémorant la guerre civile qu'il avait imaginé et fait construire, à 50 km à l'est de Madrid.

Il y est inhumé près de l'autel de la basilique surmontée d'une croix de pierre de 150 mètres de haut. Sa tombe toujours fleurie voisine avec celle du fondateur du parti fascisant de La Phalange, Jose Antonio Primo de Rivera.

33'000 victimes

Au nom d'une prétendue "réconciliation" nationale, Franco y avait par ailleurs transféré les restes de plus de 33'000 victimes - nationalistes et républicaines - de la guerre civile. Généralement sans même en avertir les familles et alors qu'entre 1941 et 1959, ce complexe fut en partie construit par des prisonniers républicains, contraints au travail forcé et parfois morts sur le chantier.

En avril, des experts avaient inspecté ce mausolée controversé pour préparer les exhumations de deux victimes de la guerre d'Espagne enterrées près de lui, les premières sur ordre de la justice.

Mémoire vive

Quarante-trois ans après la mort du dictateur, les plaies sont loin d'être refermées et la question du travail de mémoire divise toujours en Espagne. Dans "The Spanish Holocaust", l'historien britannique Paul Preston évalue à 200'000 les morts au combat, et avance le même chiffre pour les assassinats et les exécutions, dont 150'000 victimes des franquistes.

ats, afp

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