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Etats-Unis - Chine: l'entreprise "doit s'intéresser plus à l'OMC"

La directrice exécutive du Centre du commerce international (ITC) Arancha Gonzalez appelle les entreprises à contribuer au fonctionnement de l'OMC (archives). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI
La directrice exécutive du Centre du commerce international (ITC) Arancha Gonzalez appelle les entreprises à contribuer au fonctionnement de l'OMC (archives). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI


Publié le 20.09.2018


"Les entreprises doivent s'intéresser davantage à l'OMC", comme elles l'ont fait sur le climat. Selon la directrice d'ITC à Genève, les effets des tensions américano-chinoises se font sentir même en Afrique. Une sortie américaine de l'OMC ne serait pas si facile.

"La gouvernance n'est plus simplement une question des Etats", affirme dans un entretien à Keystone-ATS la cheffe du Centre du commerce international (ITC) Arancha Gonzalez, alors que la guerre des taxes américano-chinoises pèse sur l'Organisation mondiale du commerce (OMC). La réponse des villes ou même des entreprises à la décision du président américain Donald Trump de sortir de l'Accord sur le climat de Paris l'a démontré.

"En matière de commerce international, on voit l'émergence de zones qui commencent à avoir un poids économique presque plus grand que certains Etats", observe la directrice exécutive d'ITC. Même si les Etats restent les acteurs à l'OMC, les entreprises "devraient s'intéresser plus à ce qui se fait ou ne se fait pas à l'OMC.

Effet des tensions américano-chinoises

Et ce notamment sur la gouvernance des nouvelles technologies qui peine à avancer et qui "sera liée à des règlements et pas à des taxes" que se renvoient Etats-Unis et Chine. Des voix parmi les PME commencent à s'élever face aux mesures tarifaires lancées par M. Trump.

Le président américain a menacé à nouveau fin août de sortir son pays de l'OMC. Les accords commerciaux "sont la prérogative du Congrès" américain, fait remarquer Mme Gonzalez. Selon elle, M. Trump comme d'autres ont succombé à la "maladie généralisée" de considérer que les exportations seraient bonnes et les importations à éviter. La discussion doit porter sur "la valeur ajoutée", dit la cheffe d'ITC, institution conjointe entre l'ONU et l'OMC.

Elle regrette les effets concrets des taxes américaines et chinoises. De retour d'Afrique, elle dit "commencer à voir l'impact". Le renforcement du dollar, l'endettement impossible pour financer des infrastructures et les difficultés des devises. Cette rivalité américano-chinoise affecte "tout le monde" et demande une participation de tous pour trouver un compromis, insiste-t-elle.

Plainte suisse

Autre reproche, le contexte de mesures unilatérales actuel ne "règle pas le problème" de fond selon elle, la distribution de la croissance dans une économie numérisée et la protection de ceux qui en sont "exclus". "On est en train d'éviter le vrai débat", celui du modèle économique et social à adopter face aux nouvelles technologies, dit-elle.

L'Organisation internationale du travail (OIT) a entamé la discussion sur l'emploi, alors que l'OMC n'a pas démarré celle sur l'"environnement équitable" à garantir, déplore Mme Gonzalez. Autre indicateur sur les divisions: la plainte suisse à l'OMC contre les Etats-Unis montre que la "situation va mal" lorsqu'un Etat qui arrive habituellement à résoudre un désaccord "à l'amiable" est contraint de saisir les juges de l'institution.

Face à ces blocages, l'UE vient de lancer des pistes pour une réforme de l'organisation et pour répondre aux inquiétudes sur les violations présumées de propriété intellectuelle par la Chine. Mme Gonzalez se dit, elle, encouragée par l'appel récent des ministres du G20 à la discussion sur un réaménagement de l'OMC et à davantage de collaboration.

ats

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