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Ex-sergent de l’armée suisse condamné à 90 jours-amende avec sursis

Le procès devant le Tribunal militaire de Bellinzone s'était ouvert mercredi. © KEYSTONE/TI-PRESS/ALESSANDRO CRINARI
Le procès devant le Tribunal militaire de Bellinzone s'était ouvert mercredi. © KEYSTONE/TI-PRESS/ALESSANDRO CRINARI
L'ex-sergent Johan Cosar a combattu dans les rangs d'une milice chrétienne contre l'EI. © KEYSTONE/TI-PRESS/ALESSANDRO CRINARI
L'ex-sergent Johan Cosar a combattu dans les rangs d'une milice  chrétienne contre l'EI. © KEYSTONE/TI-PRESS/ALESSANDRO CRINARI
Les débats ont été dirigés par le colonel Mario Bazzi (au centre). © KEYSTONE/TI-PRESS/ALESSANDRO CRINARI
Les débats ont été dirigés par le colonel Mario Bazzi (au centre). © KEYSTONE/TI-PRESS/ALESSANDRO CRINARI


Publié le 22.02.2019


Le Tribunal militaire a condamné vendredi à Bellinzone un ex-sergent de l’armée suisse à une peine de 90 jours-amende à 50 francs la journée, avec sursis pendant trois ans, et à 500 francs d’amende. Il avait servi dans une milice chrétienne syrienne.

La cour, présidée par le colonel Mario Bazzi, s’est montrée plus indulgente que l’accusation. Elle a reconnu les motifs humanitaires qui ont poussé ce Tessinois de 37 ans, d’origine turque araméenne, à prendre le chemin de la Syrie en 2011 après le printemps arabe.

Tout en comprenant les raisons personnelles du prévenu à vouloir défendre sa communauté chrétienne-araméenne de l’avancée de l’Etat islamiste, la cour a estimé qu’en servant au sein d’une milice syrienne de 2013 à 2015, il avait violé l’article 94 du code pénal militaire. Le prévenu s’est donc rendu coupable d’affaiblissement de la force défensive du pays pour avoir servi dans une armée étrangère "sans le consentement du Conseil fédéral".

La peine requise par l’accusation, 180 jours-amende et 2500 francs d’amende, a été revue à la baisse en considération des circonstances atténuantes retenues par la cour. "Il s’agit d’un cas isolé qui ne doit pas en faire un exemple" a lancé le colonel Mario Bazzi. L’ex-sergent devra s’acquitter d’un tiers des frais de la cause, fixés à 3293 francs, le reste étant mis à la charge de la Confédération.

Acquittés sur le recrutement

L’ex-sergent et son cousin, co-inculpé, ont en revanche tous deux été acquittés des accusations de recrutement et tentative de recrutement de ressortissants suisses pour une armée étrangère. La cour n’a pas été en mesure d’évaluer l’importance de la publication de photos, vidéos et autre matériel de propagande sur le profil Facebook du co-inculpé, un Tessinois de 30 ans lui aussi d’origine araméenne.

Le tribunal a en fait établi qu’aucun ressortissant suisse n’a jamais pris le chemin de la Syrie à la suite de ces appels.

Histoire personnelle dramatique

Le procès, qui a débuté mercredi, a été pris d’assaut par la nombreuse diaspora araméenne accourue du Tessin et du reste de la Suisse. Au terme des débats, le public a laissé éclater sa joie, entonnant des chants dans la salle d’audience.

Interrogé par l’agence de presse Keystone-ATS, l’avocat de l’ex-sergent Me Yasar Ravi, de Lugano, a indiqué qu’il allait néanmoins recourir contre le verdict : "J’avais requis l’acquittement sur toute la ligne, mon client a été condamné pour violation de l’article 94 du code pénal militaire, nous allons donc faire appel".

L’histoire personnelle de l’ex-sergent, actif actuellement entre le Tessin et le nord de l’Irak pour une association humanitaire, est tragique: son père, lui aussi parti en Syrie en 2011 pour prêter main forte à son peuple, y a été arrêté en août 2013. Depuis, sa famille est sans nouvelles.

"Nous avons tenté toutes les voies: le Département fédéral des affaires étrangères, les ambassades, les organisations humanitaires, mais en vain", conclut l’avocat Ravi.

ats

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