Faute d'une réforme aujourd'hui, il y en aura une "brutale" demain
Un gouvernement qui renoncerait à réformer les retraites aujourd'hui exposerait la France à une réforme "très brutale" plus tard, assure le Premier ministre au Journal du Dimanche. "Nous tiendrons jusqu'au retrait" de ce projet, réplique la CGT dans le même média.
"Je suis déterminé à mener la réforme à son terme et très soucieux de le faire en respectant les gens et en répondant à leurs inquiétudes", explique le chef du gouvernement Edouard Philippe, à trois jours de l'annonce de son plan complet.
M. Philippe, qui doit livrer mercredi les détails du plan visant à unifier les 42 régimes de retraite actuels, promet que l'exécutif "pourra apporter des réponses extrêmement positives pour beaucoup de gens qui subissent des injustices dans le système actuel : les femmes, les agriculteurs, et ceux qui ont des parcours hachés notamment".
Et selon lui, "si on ne fait pas une réforme profonde, sérieuse, progressive aujourd'hui, quelqu'un d'autre en fera une demain brutale, vraiment brutale". "Je ne crois pas aux annonces magiques", dit-il encore au JDD: "Mercredi, j'expliquerai, avec beaucoup de détails, le dispositif qu'on veut construire. Et je continuerai ensuite à l'expliquer."
Les syndicats sont prêts
"Nous tiendrons jusqu'au retrait" de la réforme des retraites, prévient dans un entretien au Journal du dimanche le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, en soulignant que "si enlisement il y a, c'est le gouvernement qui l'aura décidé".
Au quatrième jour d'un mouvement social qui a fait descendre plus de 800'000 personnes dans la rue jeudi et fortement perturbé le trafic SNCF et RATP, le responsable syndical estime que "la balle est dans le camp du gouvernement". Une deuxième grande journée de grèves et manifestations est prévue mardi, et certaines voix à la CGT en évoquent déjà une troisième pour jeudi.
"En 1995, au début de la première manifestation, le Premier ministre Alain Juppé avait dit que jamais il ne retirerait son projet. Les choses évoluent vite. Et la colère est grande. Le gouvernement devrait être attentif", estime-t-il.
"Améliorer" le système actuel
Pour Philippe Martinez, "il n'y a rien de bon" dans le régime universel par points voulu par l'exécutif. Selon lui, il faut "conserver" le système actuel, "le meilleur du monde", et "l'améliorer".
"Le principe de notre système c'est 'je paye selon mes moyens, je reçois selon mes besoins'", alors que "le projet du gouvernement" c'est "'un euro cotisé offrira les mêmes droits pour tous'. Donc celui qui ne peut pas cotiser, même si ce n'est pas de sa faute, touchera moins que les autres!", critique-t-il.
Et si le Premier ministre Edouard Philippe annonçait mercredi, en détaillant la réforme, dans son "intégralité", une transition sur dix ou quinze ans entre les régimes actuels et le futur système? "Ce sera non", répond le numéro un de la CGT. "Je ne veux pas que nos petits-enfants nous disent: 'tu as pu partir à tel âge, mais en contrepartie, tu as sacrifié ma retraite'".
ats, afp