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Fessenheim: réacteur n°1 débranché sans problème, pas sans amertume

Pour Paris, la fermeture de Fessenheim "constitue une première étape dans la stratégie énergétique de la France qui vise un rééquilibrage progressif" entre les différents types d'énergies, avec une diminution progressive de la part du nucléaire - actuellement de 70%, la plus importante au monde. © KEYSTONE/AP/Jean-Fran√ßois Badias
Pour Paris, la fermeture de Fessenheim "constitue une première étape dans la stratégie énergétique de la France qui vise un rééquilibrage progressif" entre les différents types d'énergies, avec une diminution progressive de la part du nucléaire - actuellement de 70%, la plus importante au monde. © KEYSTONE/AP/Jean-Fran√ßois Badias
Pour Paris, la fermeture de Fessenheim "constitue une première étape dans la stratégie énergétique de la France. © KEYSTONE/AP/Jean-Fran√ßois Badias
Pour Paris, la fermeture de Fessenheim "constitue une première étape dans la stratégie énergétique de la France. © KEYSTONE/AP/Jean-Fran√ßois Badias


Publié le 22.02.2020


Le premier des deux réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim a été débranché du réseau électrique national samedi à 02h00. La procédure s'est déroulée sans problème, mais pas sans amertume pour les salariés et les habitants de la petite commune.

"Le réacteur a été débranché vers 02h00 du matin et il faut saluer le travail remarquable des équipes, ça a été un moment très fort en émotion dans la salle de commande", a-t-on précisé du côté d'EDF. "La procédure s'est déroulée sans aucun problème".

Opposés à la fermeture de ce premier réacteur, avant l'arrêt du second le 30 juin, des salariés menaçaient de désobéir et de ne pas appliquer les procédures permettant le découplage du réacteur. Mais tout s'est finalement déroulé sans anicroche.

"Très difficile à vivre"

"Pour l'ensemble du personnel de quart, cette nuit d'arrêt du réacteur n°1, réaliser les gestes pour le découpler définitivement sera quelque chose de très difficile à vivre", avait expliqué vendredi un syndicaliste.

"Il y a une atmosphère très lourde à la centrale, les salariés ont les nerfs à fleur de peau", avait également souligné le maire de Fessenheim, Claude Brender. Ils éprouvent "un sentiment de révolte (...) l'impression d'un gâchis". Pour eux, la centrale aurait pu tourner encore 20 ans.

Dans le camp des antinucléaires, les réactions sont diamétralement à l'opposé. "C'est une toute toute petite victoire", a considéré samedi lors d'une conférence de presse Lucien Jenny, du collectif Les Citoyens vigilants des environs de Fessenheim (CIVI).

"Les antinucléaires, que ce soit les Français, les Allemands, les Suisses, n'ont jamais lâché le morceau, c'est pour cela que, même si ce n'est que le début, on est content de voir le début de la fin de Fessenheim", a estimé pour sa part Rémi Verdet, président de l'association Stop Transports-Halte au Nucléaire.

Avant un rassemblement samedi après-midi dans le centre de Strasbourg, les associations antinucléaires françaises et allemandes ont déployé à côté de la gare de Colmar une banderole clamant "Vive l'Alsace... sans nucléaire!".

Première étape

L'opération d'arrêt du réacteur met un point final à des années de remous, de débats et de reports sur le sort de la centrale alsacienne, bâtie dans les années 1970 tout près de la frontière avec l'Allemagne et la Suisse.

L'évacuation du combustible de la centrale sera, selon le calendrier prévu, achevée en 2023. Ensuite doit se poursuivre la phase de préparation au démantèlement, processus inédit en France à l'échelle d'une centrale entière qui devrait commencer à l'horizon 2025 et se poursuivre au moins jusqu'en 2040.

Pour Matignon, la fermeture de Fessenheim "constitue une première étape dans la stratégie énergétique de la France qui vise un rééquilibrage progressif" entre les différents types d'énergies, avec une diminution progressive de la part du nucléaire - actuellement de 70%, la plus importante au monde - et une augmentation de celle de l'électricité d'origine renouvelable.

La lutte continue

La ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne, venue vendredi rencontrer les élus à Colmar, avant de brièvement passer à Fessenheim saluer quelques commerçants, a promis qu'il n'y aurait "aucune perte d'emploi".

Elle a confirmé la volonté de l'Etat de créer à Fessenheim un centre d'excellence du démantèlement nucléaire, s'appuyant sur un 'Technocentre' pour le recyclage des matériaux métalliques radioactifs.

Les associations opposées à l'atome comptent désormais lutter contre ce projet. "Nous nous battrons résolument contre", a affirmé André Hatz, parlant d'"erreur pour la santé des habitants" et d'"erreur politique" pour le territoire. "On fait sortir le nucléaire par la porte, on le fait rentrer par la fenêtre", s'est insurgé Daniel Reininger, président de la fédération Alsace Nature.

ats, afp

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