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Fin de l'état d'urgence instauré après le putsch manqué de 2016

La Turquie a commémoré le 15 juillet le deuxième anniversaire de la tentative de putsch pour renverser le président Recep Tayyip Erdogan en organisant une série d'événements en l'honneur de quelque 250 personnes qui ont été tuées en tentant de s'opposer aux putschistes (archives). © KEYSTONE/AP/EMRAH GUREL
La Turquie a commémoré le 15 juillet le deuxième anniversaire de la tentative de putsch pour renverser le président Recep Tayyip Erdogan en organisant une série d'événements en l'honneur de quelque 250 personnes qui ont été tuées en tentant de s'opposer aux putschistes (archives). © KEYSTONE/AP/EMRAH GUREL


Publié le 19.07.2018


L'état d'urgence en Turquie est arrivé à expiration tôt jeudi, a rapporté l'agence de presse étatique Anadolu. Il avait été instauré après la tentative de putsch de juillet 2016 et a permis aux autorités de mener de vastes purges.

Ce régime d'exception, qui élargit les pouvoirs du président et des forces de sécurité, avait été initialement mis en place le 20 juillet 2016 pour une durée de trois mois, puis avait été sans cesse prolongé depuis.

La septième et dernière extension de trois mois, qui avait débuté le 19 avril, a expiré jeudi à 01h00 (minuit en Suisse). Le gouvernement turc avait annoncé la semaine dernière qu'il n'y aurait pas de nouvelle prolongation.

Sous l'état d'urgence, les autorités turques ont traqué de façon implacable les putschistes présumés et les personnes perçues comme leurs sympathisants. Elles ont aussi visé des opposants prokurdes, des journalistes critiques et des ONG.

Ankara impute la tentative de coup d'Etat au prédicateur Fethullah Gülen, qui réside depuis une vingtaine d'années aux Etats-Unis et dément toute implication.

Lutter efficacement

Selon le gouvernement, l'état d'urgence était nécessaire pour permettre aux forces de sécurité de lutter efficacement contre toute menace dans la foulée de la tentative de coup d'Etat du 15 au 16 juillet 2016.

Cependant, des organisations de défense des droits de l'Homme et des responsables occidentaux accusent le président Recep Tayyip Erdogan d'avoir mis à profit l'état d'urgence pour réduire au silence toute voix critique.

L'état d'urgence reste associé en Turquie aux purges rythmées par des décrets-lois souvent publiés la nuit annonçant le limogeage ou la suspension de milliers, voire de dizaines de milliers de fonctionnaires à la fois.

La loi "antiterroriste"

La levée de l'état d'urgence survient moins d'un mois après la victoire de M. Erdogan à des élections cruciales qui lui ont apporté de nouveaux pouvoirs, comme la possibilité d'émettre dans de nombreux domaines des décrets à valeur de loi, comme sous l'état d'urgence.

L'annonce de la levée de l'état d'urgence n'avait pas rassuré l'opposition, qui accuse le gouvernement de vouloir prolonger ses effets à travers un projet de loi "antiterroriste" présenté cette semaine au Parlement. Ce texte, consulté par l'AFP, contient plusieurs mesures inspirées de l'état d'urgence, comme la possibilité pour les autorités de continuer de limoger les fonctionnaires liés à des "groupes terroristes" pendant encore trois ans.

En outre, les administrateurs publics nommés pendant l'état d'urgence à la tête d'entreprises soupçonnées de liens avec une "organisation terroriste" pourront rester en place pendant encore trois ans. Autres mesures: les manifestations et rassemblements seront, sauf autorisation spéciale, interdits après le coucher du soleil. Les autorités locales pourront restreindre l'accès à certaines zones et la garde à vue pourra durer jusqu'à 12 jours.

"Pérenniser l'état d'urgence"

Le gouvernement affirme que de telles mesures sont nécessaires pour ne pas affaiblir la lutte contre le "terrorisme" après la levée de l'état d'urgence. Le porte-parole de M. Erdogan, Ibrahim Kalin, a par ailleurs indiqué la semaine dernière que l'état d'urgence pourrait être rétabli en cas de "situation vraiment exceptionnelle".

Le nouveau projet de loi doit être débattu au Parlement dans les jours à venir. Mais l'opposition tire déjà à boulets rouges sur le texte. La principale formation anti-Erdogan, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), accuse ainsi le gouvernement de vouloir "pérenniser l'état d'urgence".

ats, afp

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