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Foetus contaminés par des œstrogènes environnementaux

L'enfant à naître est particulièrement sensible aux polluants environnementaux (archives). © KEYSTONE/AP LENNART NILSSON PUBLIC BROADCAST
L'enfant à naître est particulièrement sensible aux polluants environnementaux (archives). © KEYSTONE/AP LENNART NILSSON PUBLIC BROADCAST


Publié le 10.10.2019


Le foetus est particulièrement sensible aux polluants environnementaux. Une équipe de l'Empa et de l'Université de Vienne montre comment un polluant provenant d'aliments contaminés, la zéaralénone, se répand dans l'utérus et se transforme en métabolites nocifs.

La zéaralénone, oestrogène très répandu dans l'environnement, est formée par les moisissures du genre Fusarium et pénètre dans notre corps principalement par l'alimentation, notamment le pain ou le muesli.

"La barrière placentaire offre à l'enfant à naître une certaine protection contre les bactéries, les virus et certaines substances étrangères telles que certains médicaments ou toxines environnementales", explique Benedikt Warth, de l'Institut de chimie et de toxicologie alimentaire de l'Université de Vienne.

"Mais la zéaralénone migre à travers le placenta", ajoute le chercheur, cité jeudi dans un communiqué du Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (Empa). Le cheminement de la zéaralénone dans l'utérus a pu être déterminé grâce à des analyses utilisant des placentas disponibles après des césariennes programmées.

70 fois plus d'activité

"Dès que nous ingérons des substances environnementales, elles sont généralement détoxifiées et excrétées dans l'organisme par notre métabolisme. Cependant, il existe également des enzymes qui activent ces substances encore plus fortement", explique Tina Bürki, chercheuse à l'Empa au Laboratoire d'interactions particules-biologie de St-Gall.

Dans ce cas, le placenta forme un nouveau produit métabolique à partir de la zéaralénone avec une activité œstrogénique environ 70 fois supérieure. Même de faibles concentrations pourraient avoir un effet plus important sur l'enfant à naître qu'on ne le croyait auparavant.

"Ce résultat devrait être pris en compte dans les futures évaluations des risques, même si les valeurs-limites dans les aliments pour bébés et les substituts du lait maternel sont déjà plus strictement réglementées que pour les produits normaux et que l'Union européenne a introduit les valeurs limites les plus faibles du monde", déclare Benedikt Warth.

Equilibre sensible

L'équilibre hormonal du corps est très sensible. On suppose qu'une exposition précoce à des œstrogènes étrangers pourrait avoir un effet sur diverses maladies comme le cancer du sein ou du col de l'utérus, mais aussi sur d'autres symptômes comme la puberté prématurée ou l'infertilité et cela plusieurs décennies plus tard.

"Jusqu'à ce que d'autres résultats de recherche soient disponibles, on ne peut que recommander une alimentation variée afin de réduire l'exposition aux toxines", estiment les auteurs, qui publient cette recherche dans la revue Environmental Health Perspectives.

Leur technique permet la détection simultanée de plus de 50 œstrogènes étrangers différents dans des échantillons biologiques. "Notre méthode inclut pratiquement toutes les substances étrangères importantes qui affectent le système oestrogénique. Cela comprend également de nombreuses autres substances qui font actuellement l'objet de discussions, comme le bisphénol A ou les pesticides", conclut le Pr Warth.

ats

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