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Forest Whitaker appelle à Genève à investir dans la jeunesse

L'acteur américain Forest Whitaker estime que l'investissement dans la jeunesse permettra d'éviter des conflits à l'avenir notamment au Soudan du Sud. © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
L'acteur américain Forest Whitaker estime que l'investissement dans la jeunesse permettra d'éviter des conflits à l'avenir notamment au Soudan du Sud. © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT


Publié le 08.03.2019


Jamais autant de jeunes de 15 à 29 ans n'avaient fait partie de la population mondiale. L'acteur américain Forest Whitaker a appelé vendredi à Genève la communauté internationale à investir davantage en eux. Il est aussi préoccupé par la polarisation dans son pays.

"Nous vivons à une période où la moitié de la population mondiale a moins de 30 ans", a-t-il affirmé devant l'Association des correspondants accrédités auprès des Nations Unies à Genève (ACANU). Avec l'organisation internationale de consolidation de la paix Interpeace établie à Genève, l'Initiative Whitaker pour la paix et le développement (WPDI) appelle les acteurs publics, privés et de la société civile à davantage de financement "pour mobiliser les jeunes vers la paix et la réconciliation".

Selon l'acteur oscarisé, ce dispositif doit permettre d'éviter de nourrir "la marginalisation, le manque d'identité, davantage de méfiance et même la radicalisation". Les deux organisations déplorent le manque de données sur la part du développement consacrée aux jeunes et à leur participation dans la société.

"C'est un bon indicateur" sur le manque d'attention des différents acteurs, affirme le président d'Interpeace Scott Weber. Les gouvernements notamment sont appelés à rassembler davantage d'indications sur les jeunes.

Parmi 1,8 milliard de jeunes de 15 à 29 ans dans le monde, 90% habitent dans des pays en développement. Et un quart dans des zones directement affectées par des conflits ou des violences organisées.

Discussion au FIFDH

Or, les jeunes sont rarement associés aux discussions de consolidation de la paix, déplorent Interpeace, qui fête ses 25 ans cette année, et la WPDI dans leur appel conjoint. Pire encore, ils sont trop souvent considérés comme un "problème".

Plutôt que l'attrait de groupes armés qui apportent statut, eau et nourriture dans certains pays, il faut "offrir aux jeunes des possibilités" de préférer d'autres recours, insiste M. Whitaker. Dans des contextes difficiles notamment, il appelle à une "approche globale" plutôt qu'une assistance divisée entre plusieurs branches.

L'emploi ne doit pas constituer la seule priorité et il faut oeuvrer sur l'engagement et le renforcement des capacités des jeunes, a renchéri M. Weber.

Samedi, l'acteur américain doit participer à une discussion au Festival du film international sur les droits humains (FIFDH). La fondation Whitaker est très active dans cinq pays, notamment au Soudan du Sud, où elle étend les capacités des jeunes sur les nouvelles technologies, la médiation ou même l'entrepreneuriat.

Suisse inquiète sur le Soudan du Sud

Elle revendique un impact sur 3000 personnes de manière indirecte. L'acteur estime "encourageant" le récent accord de paix au Soudan du Sud malgré les nombreux échecs auparavant et ajoute qu'il faut composer avec les deux principaux acteurs de ce conflit. Selon lui, il faut aussi davantage expliquer aux citoyens le contenu de l'arrangement.

Au début d'un débat auquel participait ensuite l'acteur en marge du Conseil des droits de l'homme, la secrétaire d'Etat aux affaires étrangères Pascale Baeriswyl a elle estimé que les prochains mois seraient cruciaux dans ce pays. Elle a dit "redouter" que les efforts vers un Soudan du Sud couronné de succès diminuent. Elle a appelé à une participation de "toute la société", dont les jeunes, et ajouté que la Suisse continuerait à soutenir les avancées dans ce pays.

Aux Etats-Unis, la WDPI vient de débuter un dispositif dans des écoles. Forest Whitaker se dit "très préoccupé" par la "polarisation" grandissante dans la société. Le racisme et l'exclusion "m'affectent", affirme-t-il.

Parmi les instruments pour mobiliser les jeunes, l'acteur mentionne notamment la musique ou le cinéma. Les films permettent aussi d'atteindre le public au-delà des accords de paix, renchérit la directrice du FIFDH Isabelle Gattiker. Elle souhaite notamment que davantage de productions portent sur la situation au Soudan du Sud.

ats

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