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France: profanation d'une centaine de tombes dans un cimetière juif

Le cimetière de Westhoffen, en Alsace, compte environ 700 tombes. Les 107 qui ont été profanées, souillées de "croix gammées" tracées à la peinture noire, se trouvent dans la partie ancienne. © KEYSTONE/AP
Le cimetière de Westhoffen, en Alsace, compte environ 700 tombes. Les 107 qui ont été profanées, souillées de "croix gammées" tracées à la peinture noire, se trouvent dans la partie ancienne. © KEYSTONE/AP


Publié le 04.12.2019


Plus d'une centaine de tombes du cimetière juif de Westhoffen, à l'ouest de Strasbourg, ont été maculées de croix gammées. Cette profanation découverte mardi a semé la "consternation" en Alsace où une série d'actions similaires ont été perpétrées ces derniers mois.

"L'antisémitisme est un crime et nous le combattrons, à Westhoffen comme partout, jusqu'à ce que nos morts puissent dormir en paix", a tweeté le président Emmanuel Macron dans la soirée. "Les Juifs sont et font la France. Ceux qui s'attaquent à eux, jusque dans leurs tombes, ne sont pas dignes de l'idée que nous avons de la France", a poursuivi le chef de l'Etat.

Selon le président du consistoire israélite du département du Bas-Rhin, Maurice Dahan, le cimetière compte environ 700 tombes. Les 107 qui ont été profanées, souillées de "croix gammées" tracées à la peinture noire, se trouvent dans la partie ancienne. Ce cimetière accueille notamment plusieurs tombes de la famille de l'ancien président du Conseil Léon Blum.

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner est attendu sur place en fin de matinée mercredi pour une "cérémonie de recueillement". Le parquet de Saverne a indiqué avoir ouvert une enquête préliminaire confiée à une "cellule spéciale" de la gendarmerie.

Le nombre "14", considéré comme un symbole suprémaciste blanc, a par ailleurs été retrouvé sur l'une des tombes, a-t-on précisé de même source.

Cascade de réactions

La profanation a suscité une cascade de réactions indignées. Le Premier ministre Edouard Philippe a exprimé sur Twitter sa "révolte et de son "dégoût" et Christophe Castaner a dénoncé "des actes abjects et répugnants". Le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, s'est dit dans un tweet "scandalisé et horrifié" tandis que le vice-président du Conseil représentatif des instituions juives (Crif), Gil Taieb, a dénoncé la "haine anti-juive".

"C'est la consternation (...), mais on ne se laisse pas abattre, on ne se résigne pas (...) On ne laissera pas la place à ces gens-là", a réagi auprès de l'AFP Maurice Dahan, qui s'est rendu sur place avec le Grand Rabbin de Strasbourg, Harold Abraham Weill.

Le préfet du Bas-Rhin, Jean-Luc Marx, a condamné "avec la plus grande fermeté ces actes antisémites odieux qui frappent une nouvelle fois le département et exprimé son soutien le plus total à la communauté juive". "Il n'y a pas de mots, c'est une désolation et on ne peut pas comprendre que des gens arrivent à faire ça", a réagi le maire de Westhoffen, Pierre Geist, évoquant un acte "inhumain".

Recrudescence

Fait étrange, Westhoffen a été évoqué à deux reprises, à plusieurs jours d'intervalles, dans des tags antisémites: ce sont de tels tags trouvés mardi matin à Schaffhouse-sur-Zorn, selon la préfecture, qui ont conduit les gendarmes à se rendre à Westhoffen où ils ont découvert la profanation.

Déjà le 26 novembre, d'autres tags antisémites avaient été découverts sur les murs de la mairie-école de Rohr, à une quinzaine de kilomètres de Westhoffen. Selon Maurice Dahan, ils indiquaient "cim juif westofen" (sic) ainsi que les lettres "EWK", à la signification obscure.

L'Alsace est confrontée, depuis plusieurs mois, à une recrudescence de graffitis et dégradations à caractère antisémite et/ou raciste. Dans le Bas-Rhin, 96 tombes du cimetière juif de Quatzenheim, à une quinzaine de kilomètres de Westhoffen, avaient été souillées de tags antisémites le 19 février. Auparavant, le 11 décembre 2018, un autre cimetière israélite à Herrlisheim, au nord-est de Strasbourg, avait été visé.

"Efforts importants"

Le ou les auteurs de cette série de profanations n'ont pas été interpellés, a déploré Maurice Dahan. "La gendarmerie déploie des efforts importants" afin de les identifier, a insisté de son côté le préfet, Jean-Luc Marx.

Mi-avril, des tags racistes et antisémites avaient été découverts sur les murs de la mairie de Dieffenthal (Bas-Rhin). Quelques jours plus tard, des croix gammées et insultes avaient été taguées sur la façade de la maison d'une élue à Schiltigheim, dans la banlieue de Strasbourg.

Début mars, des écrits antisémites avaient été découverts devant une école de Strasbourg et des croix gammées sur les murs d'une ancienne synagogue à Mommenheim. Des mairies et permanences d'élus ont également été les cibles de dégradations.

ats, afp

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