La Liberté

France: une "ligue" de harceleurs sur internet rattrapée par son passé

Plusieurs journalistes ont été suspendus après avoir été accusés d'avoir harcelé il y a quelques années d'autres journalistes et blogueurs, surtout des femmes et des militantes féministes, dans le petit milieu du Twitter parisien (photo symbolique). © KEYSTONE/AP/MATT ROURKE
Plusieurs journalistes ont été suspendus après avoir été accusés d'avoir harcelé il y a quelques années d'autres journalistes et blogueurs, surtout des femmes et des militantes féministes, dans le petit milieu du Twitter parisien (photo symbolique). © KEYSTONE/AP/MATT ROURKE


Publié le 11.02.2019


Le cyberharcèlement sur les réseaux sociaux laisse des traces: plusieurs journalistes ont été suspendus par leurs employeurs lundi pour avoir appartenu à "La ligue du LOL", groupe créé dans les années 2000 et dénoncé par de nombreuses victimes ces derniers jours.

Deux journalistes de Libération et un des Inrocks, cités dans cette affaire, ont notamment été mis à pied "à titre conservatoire". C'est un article du site de fact-checking de Libération Checknews qui a révélé vendredi l'existence d'un groupe Facebook privé baptisé "Ligue du LOL" (pour "mort de rire").

Une trentaine de journalistes et professionnels de la communication y sont accusés d'avoir harcelé il y a quelques années d'autres journalistes et blogueurs, surtout des femmes et des militantes féministes, dans le petit milieu du Twitter parisien.

Insultes anonymes

Plusieurs victimes ont témoigné sur les réseaux sociaux. L'ex-journaliste Capucine Piot a raconté avoir été la cible de montages photo ou vidéo "moqueurs", des critiques récurrentes sur son apparence "pendant des années". "Ça a été très dur dans ma construction de jeune femme", a-t-elle tweeté.

Le blogueur Matthias Jambon-Puillet a raconté sur le site Medium des insultes anonymes et des photomontages, dont un pornographique envoyé en son nom à des mineurs. Le youtubeur star Cyprien a également dit avoir été ciblé.

Plusieurs membres de cette "Ligue du LOL", aujourd'hui trentenaires pour la plupart, ont tenté de s'expliquer. "J'ai vu que certaines personnes étaient régulièrement prises pour cible mais je ne devinais pas l'ampleur et les traumas subis", a écrit David Doucet, rédacteur en chef web des Inrocks, admettant "deux canulars téléphoniques".

"Histoire de losers"

"Cette 'Ligue du Lol', c'est l'histoire de losers, des mecs qui se gargarisaient de pouvoir se moquer d'autres personnes. Sauf que ces moqueries ont eu un impact dans le réel", a condamné le secrétaire d'Etat au numérique Mounir Mahjoubi, dimanche sur BFMTV.

Plusieurs membres de cette "Ligue" ont évoqué, comme excuse, le climat de Twitter à ses débuts : "Ça correspondait à une époque où il était de bon ton (...) de faire de l'humour noir, des blagues oppressives (...) j'ai voulu faire le malin alors qu'en fait j'étais con", a tweeté le youtubeur Guilhem Malissen, avec lequel le studio de podcasts Nouvelles Écoutes a annoncé cesser toute collaboration.

Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité, a rappelé qu'une loi condamnait désormais le cyberharcèlement. Elle a évoqué la possibilité d'allonger des délais de prescription (remontant à plus de 6 ans, la plupart de ces faits sont prescrits).

SOS Racisme a demandé l'ouverture d'une enquête au parquet de Paris sur la "Ligue du LOL". La Fondation des femmes a ouvert une cagnotte pour aider les procédures judiciaires contre le harcèlement en ligne.

ats, afp

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11