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Garantir le rôle des partenaires sociaux dans la formation

Les organisations du monde du travail doivent être renforcées dans leur rôle de partenaires de la formation professionnelle, estime l'usam (archives). © KEYSTONE/AP/Thomas Kienzle
Les organisations du monde du travail doivent être renforcées dans leur rôle de partenaires de la formation professionnelle, estime l'usam (archives). © KEYSTONE/AP/Thomas Kienzle


Publié le 16.01.2018


Les organisations du monde du travail doivent être renforcées dans leur rôle de partenaires de la formation professionnelle, selon l'usam, qui critique la stratégie à long terme élaborée par Confédération et partenaires. Travail.Suisse se dit "plus qu'étonné".

L'Union suisse des arts et métiers (usam) juge comme "un échec" le projet Vision 2030 de la formation professionnelle, élaboré par le Secrétariat d'Etat à la formation, à la recherche et à l'innovation (SEFRI). Elle désire relancer le débat sur la stratégie de développement de la formation professionnelle.

Les filières académiques ne doivent pas être privilégiées et l'économie doit avoir davantage de libertés et de compétences décisionnelles en matière de développement des professions. Ce sont les exigences stratégiques essentielles formulées par l'usam dans son rapport sur la politique de la formation présenté mardi à Berne à la presse.

Lien avec le marché du travail

L'évolution des professions doit redevenir l'affaire des organisations du monde du travail. Ce sont elles qui font "le lien avec le marché du travail. Elles dirigent, déterminent et conduisent la formation professionnelle quant à son contenu", a souligné Hans-Ulrich Bigler, directeur de l'usam et conseiller national (PLR/ZH).

Les organisations du monde du travail disposent d'un atout majeur, celui de pouvoir adapter rapidement les conditions en vigueur dans leur branche aux besoins nouveaux du marché du travail, a ajouté Pierre Daniel Senn, membre du comité directeur de l'usam et vice-président de l'Union professionnelle suisse de l'automobile (UPSA).

Réagir aux changements

Les organisations professionnelles doivent pouvoir décider des matières à étudier et des points importants pour les examens, estime donc l'usam. "Ce n'est ni à la Confédération ni aux cantons qu'incombent en premier lieu la création et la sauvegarde de places de formation", a dit M. Bigler.

Si de telles décisions continuent d'être dictées par l'Etat, la formation professionnelle se découplerait de l'évolution rapide de l'économie réelle et du marché du travail, craint Pierre Daniel Senn.

Plus de place au choix professionnel

L'usam invite les cantons à ne pas privilégier la voie gymnasiale et à respecter le principe constitutionnel de l'équivalence de la formation professionnelle et des études académiques. L'usam exige que - dès l'école obligatoire - une plus grande place soit donnée au choix professionnel ainsi qu'aux branches MINT (mathématiques, sciences de l'ingénieur, sciences naturelles et techniques).

Pour y parvenir, une amélioration de l'interface entre école et monde du travail est nécessaire. Tous les types d'écoles devraient impérativement utiliser certains instruments, tels que les profils d'exigences qui indiquent concrètement à la personne en formation les compétences scolaires requises par chaque profession et qui permettent d'établir directement des comparaisons.

Equivalence

Idem en ce qui concerne l'interface entre les organisations du monde du travail et la Confédération: cette dernière exerce trop d'influence sur la formation professionnelle, estime l'usam.

Dans le domaine de la formation professionnelle supérieure, l'usam exige enfin que les diplômes délivrés par une école supérieure comportent la désignation anglo-saxonne de "Professional Bachelor", respectivement celle de "Professional Master", pour avoir une chance, à l’étranger également, d’être reconnus comme équivalents.

Un groupe de travail constitué d'experts est pour l'heure chargé par le SEFRI de définir une stratégie à long terme de la formation professionnelle, qui puisse notamment tenir compte des défis induits par la numérisation.

Travail.Suisse réagit

Le syndicat Travail.Suisse se dit "plus qu'étonné" des propos avancés par M. Bigler. "Il est tout simplement faux de dire que la Vision 2030 de la formation professionnelle a échoué", réagit son président Adrian Wüthrich, cité dans un communiqué.

"Au contraire, la Vision 2030 a été conçue par le SEFRI dans une tradition bien helvétique avec les partenaires de la formation professionnelle. Elle a été largement discutée dans une procédure de consultation avec, encore la semaine passée, l’approbation de la vision 2030 par l'usam", continue M. Wüthrich.

Les partenaires en sont au début de la mise en œuvre de la Vision et de ses lignes directrices stratégiques. Or, "pour Travail.Suisse, la collaboration avec l'usam devient de plus en plus difficile". Cela mine la confiance dans la collaboration entre partenaires sociaux au niveau national, conclut le directeur.

ats

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