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Genève accorde une indemnisation pour les travailleurs précaires

A Genève, des milliers de personnes plongées dans la précarité ont fait la queue pendant la crise sanitaire pour obtenir des sacs de nourriture et de biens de première nécessité (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI
A Genève, des milliers de personnes plongées dans la précarité ont fait la queue pendant la crise sanitaire pour obtenir des sacs de nourriture et de biens de première nécessité (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI


Publié le 25.06.2020


Genève va indemniser les travailleurs précaires qui ont perdu leurs revenus pendant la crise liée à l'épidémie de Covid-19. Le Grand Conseil a voté jeudi un fonds d'urgence de 15 millions de francs pour ceux qui sont passés entre les mailles du filet social.

Limitée à deux mois, soit entre le 17 mars et le 16 mai, l'indemnité financière est plafonnée à 4000 francs par mois. Ce seuil a été revu à la baisse: le projet de loi initial du Conseil d'Etat élaboré avec les partenaires sociaux misait sur 5800 francs.

"C'est une aide urgente et unique", a relevé la rapporteure de majorité Helena Verissimo de Freitas. Cette indemnité permet une reconnaissance des travailleurs de l'ombre, a ajouté la socialiste. Selon le chef du Département de la cohésion sociale (DCS), Thierry Apothéloz, environ 3000 personnes pourraient bénéficier de l'indemnité.

Une honte

Cette aide vise les personnes qui n'ont pas eu droit aux autres mesures de soutien cantonales ou fédérales. Sont concernés notamment les travailleurs sur appel, les employés domestiques sans protection, les intermittents du spectacle, les travailleurs du sexe ou les étudiants qui ont des petits jobs.

"Il faut reconnaître que des personnes que nous croisons au quotidien et qui contribuent à notre richesse ont tout perdu", a relevé M. Apothéloz. La dignité de ces personnes est actuellement bafouée et c'est une honte pour Genève, s'est insurgé le chef du DCS.

L'indemnisation, qui doit être sollicitée au plus tard 90 jours après l'entrée en vigueur de la loi avec les justificatifs de revenus et de domicile, n'est pas conditionnée à un statut légal. Ce dernier point a suscité un vif débat et un retour en commission lors des premières discussions en plénières au début du mois.

Appel à la délation

Pour la minorité emmenée par le MCG et l'UDC, cette indemnisation est contraire à l'état de droit et n'a pas lieu d'être pour les clandestins et travailleurs au noir. Ils ont fustigé les défaillances en matière de lutte contre le travail au noir.

Le PLR aurait voulu imposer la dénonciation des employeurs indélicats dans ce projet de loi. "Cet appel à la délation", selon le PDC Bertrand Buchs, a été refusé à une voix près.

Pour prétendre à une indemnisation, il faut habiter le canton depuis un an et avoir exercé une activité lucrative au moins au cours des trois mois qui ont précédé l'instauration du semi-confinement. Au final, le projet de loi a été accepté par 51 voix (gauche et PDC) contre 47.

Les files interminables pour obtenir de l'aide alimentaire chaque samedi devant les Vernets ont mis en lumière la précarité dans laquelle était plongée une partie de la population pendant la crise sanitaire. Ces images ont choqué en Suisse et au-delà. Le Conseil d'Etat a voulu agir vite pour ces personnes en difficulté.

Fin de l'état de nécessité

Cette aide pour les travailleurs précarisés a été adoptée dans la foulée de la constatation de la fin de l'état de nécessité liée à la pandémie. Au total 49 arrêtés du Conseil d'Etat ont été analysés et approuvés.

ats

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