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"Gilets jaunes": mobilisation à trois jours du grand débat

A trois jours du débat national censé apaiser leur colère, des dizaines de milliers de "gilets jaunes" sont de nouveau attendus samedi partout en France (archives). © KEYSTONE/AP/KAMIL ZIHNIOGLU
A trois jours du débat national censé apaiser leur colère, des dizaines de milliers de "gilets jaunes" sont de nouveau attendus samedi partout en France (archives). © KEYSTONE/AP/KAMIL ZIHNIOGLU


Publié le 12.01.2019


A trois jours du débat national censé apaiser leur colère, des dizaines de milliers de "gilets jaunes" sont de nouveau attendus samedi partout en France. Il s'agit de l'acte 9 de leur contestation contre la politique sociale et fiscale du gouvernement.

Si on ignore encore son ampleur, la mobilisation pourrait, selon le patron de la police nationale, retrouver le niveau d'avant Noël : le 15 décembre, 66'000 personnes avaient été décomptées en France, selon des chiffres officiels contestés par les "gilets jaunes".

Dans la capitale est annoncée une manifestation partant vers 11h00 du ministère des Finances, à Bercy, pour arriver vers 17h00 place de l'Etoile, en haut des Champs-Elysées.

Sous le mot d'ordre "On va faire les soldes à Paris!", cette manifestation relayée notamment par Eric Drouet, l'une des figures du mouvement qui a commencé il y a deux mois, doit notamment s'arrêter place de la Bastille et sur les Grands boulevards, non loin des grands magasins.

En début de matinée, les premiers gilets jaunes arrivaient sur l'avenue des Champs-Elysées, au coeur d'un périmètre ultra-sécurisé, a constaté un journaliste de l'AFP. Un fort dispositif policier était déjà déployé place de l'Etoile avec la présence notamment de quatre véhicules blindés à roues de la gendarmerie.

"On est venu à Paris pour se faire entendre et on voulait voir au moins une fois de nos propres yeux ce qu'il se passait ici", explique Patrick, 37 ans, venu de Savoie, du péage de Saint-Hélène sur Isère.

"Le grand débat, une foutaise"

Une vingtaine de personnes ont été interpellées samedi matin à Paris à la suite de contrôles (port d'arme prohibée, participation à un groupement en vue de commettre des violences), a indiqué la préfecture de police.

"Pour moi, le grand débat, c'est une foutaise. Nous on veut plus parler, on veut des actions. Le débat, c'est un voile", explique Charlotte, 34 ans, également d'Albertville.

Certains leaders du mouvement ont pour leur part appelé pour la première fois depuis le début des manifestations, à un grand rassemblement à Bourges. Il s'agit de "démontrer notre unité au centre de la France", explique Priscillia Ludosky, autre figure des "gilets jaunes" - en plus de l'homophonie avec les "bourgeois" dont s'amusent certains.

La préfète du Cher a pris des dispositions pour interdire tout rassemblement dans le centre historique de la ville et les musées, jardins et bâtiments publics de la ville demeureront fermés samedi. Vers 10h30, 300 personnes étaient rassemblées dans le centre de la ville; le départ de la manifestation est prévu à 14h00.

"On attend des mesures concrètes, les annonces de Macron, ce sont des miettes payées par les contribuables. Il parle de faire des efforts, mais c'est à eux d'en faire, il y a tellement d'abus de privilèges chez les élus", dénonce Carole, 59 ans, auxiliaire de vie venue du Jura en voiture avec son mari.

"Le sens de l'effort"

Vendredi, le chef de l'Etat a en effet loué "le sens de l'effort", ajoutant que "les troubles que notre société traverse sont parfois dus au fait que beaucoup trop de nos concitoyens pensent qu'on peut obtenir" quelque chose "sans que cet effort soit apporté".

Il a appelé les Français à se saisir de la "très grande opportunité" que représente le grand débat, qui doit débuter mardi mais qui ne semble pas convaincre les "gilets jaunes" pour l'instant.

Dans un communiqué diffusé vendredi soir, le collectif "La France en colère" a estimé que "les polémiques, mensonges et manipulations du gouvernement (...) sur divers sujets, n'encouragent pas les citoyens à la confiance nécessaire en ses dirigeants actuels". "Nous dénonçons les dérives autoritaires et la dictature qui se met en place", est-il ajouté.

"Effectifs accrus"

Dans ce climat qui se dégrade, le préfet de police de Paris redoutait "plus de radicalité", affirmant observer "semaine après semaine une dérive vers des comportements de plus en plus violents".

En déplacement samedi matin à Rouen, le secrétaire d'Etat à l'Intérieur Laurent Nuñez a décrit "des effectifs accrus", "ville par ville". "Il faut que les casseurs comprennent qu'ils ne peuvent pas continuer à prendre en otage les habitants des centre-villes", a-t-il déclaré.

Le niveau de mobilisation des forces de l'ordre a retrouvé son niveau de la mi-décembre avec 80'000 agents déployées, dont 5000 à Paris. Bordeaux, Marseille, Toulouse, Lyon, Strasbourg, Lille, Nantes, Metz, Nancy Rennes, Nîmes, Bar-le-Duc, Besançon ou encore Saint-Brieuc, des rassemblements sont prévus un peu partout dans le pays.

"Ceux qui appellent aux manifestations demain savent qu'il y aura de la violence et donc ils ont leur part de responsabilité", déclarait vendredi le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, interviewé sur Facebook par Brut, un média plébiscité par les "gilets jaunes".

Dix morts depuis le début du mouvement

Les images des émeutes dans les rues de Paris notamment le 1er décembre avaient choqué en France mais aussi à l'étranger, entraînant une baisse du nombre de touristes dans la capitale ces derniers mois.

Un peu en recul avec les fêtes de fin d'année, la mobilisation est repartie à la hausse et des violences ont éclaté, notamment à Paris, lors de l'Acte 8 le 5 janvier. Depuis le début du mouvement, 10 personnes sont décédées sur des points de blocage et plus de 1600 personnes ont été blessées dont 58 gravement.

Vendredi soir, un homme qui participait à un barrage filtrant de "gilets jaunes" sur une autoroute en Belgique est mort renversé par un camion, selon les médias belges, premier décès lié à ce mouvement dans le pays.

ats, afp

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