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"Gilets jaunes": un acte 23 sous tension à Paris

Les gilets jaunes se sont à nouveau donné rendez-vous à Paris pour le 23e acte (archives). © KEYSTONE/EPA/GUILLAUME HORCAJUELO
Les gilets jaunes se sont à nouveau donné rendez-vous à Paris pour le 23e acte (archives). © KEYSTONE/EPA/GUILLAUME HORCAJUELO
La place de la République a été régulièrement plongée dans un nuage de gaz lacrymogènes tandis que des manifestants jetaient bouteilles et autres projectiles en direction des forces de l'ordre (archives). © KEYSTONE/EPA/GUILLAUME HORCAJUELO
La place de la République a été régulièrement plongée dans un nuage de gaz lacrymogènes tandis que des manifestants jetaient bouteilles et autres projectiles en direction des forces de l'ordre (archives). © KEYSTONE/EPA/GUILLAUME HORCAJUELO


Publié le 20.04.2019


Mobilisés depuis plus de cinq mois en France, les "gilets jaunes" ont manifesté samedi pour le 23e samedi consécutif. La journée a été marquée par de nouvelles échauffourées à Paris.

Selon le ministère de l'Intérieur, le nombre de manifestants a reculé sur l'ensemble du pays (27'900 contre 31'100 la semaine passée) mais a quasiment doublé dans la capitale, passant de 5000 à 9000. Selon leurs estimations, les "gilets jaunes" ont comptabilisé plus de 100'000 manifestants en France.

Réunies pour lancer un nouvel "ultimatum" à Emmanuel Macron, plusieurs milliers de personnes ont marché à Paris, sous un grand soleil. Les premières échauffourées ont éclaté en début d'après-midi près de la place de la Bastille, avant de se concentrer sur celle de la République, point d'arrivée du cortège.

"Ignominie"

La place a été régulièrement plongée dans un nuage de gaz lacrymogènes tandis que des manifestants jetaient bouteilles et autres projectiles en direction des forces de l'ordre. Plusieurs enseignes ont été vandalisées, a constaté l'AFP.

Amplifiant le climat de tension, certains manifestants ont lancé "Suicidez-vous, suicidez-vous" aux forces de l'ordre, faisant référence à la vague de suicides sans précédent qui frappe la police nationale. "Honte à ceux qui se sont livrés à une telle ignominie", a twitté le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.

Après plusieurs heures de face-à-face tendu, le rassemblement se dispersait lentement vers 19h00 sur la place de la République où la circulation automobile avait repris.

La police a procédé à 227 interpellations et à plus de 20'500 contrôles préventifs à Paris, selon la préfecture. A 19h00, 178 personnes avaient été placées en garde à vue dans la capitale, dont six mineurs, selon le parquet.

Dispositif insuffisant

Malgré les craintes des autorités qui avaient déployé 60'000 policiers et gendarmes dans le pays, les heurts ont été sans commune mesure avec ceux du premier "ultimatum" du samedi 16 mars, pendant lesquels les Champs-Elysées avaient été saccagés.

"Malgré la volonté de certains manifestants de casser à nouveau (...), le travail des forces de l'ordre et leur professionnalisme ont permis de protéger les biens et les personnes", a salué M. Castaner dans un communiqué.

Une vision toutefois contestée par la mairie de Paris dont le premier adjoint Emmanuel Grégoire a dénoncé des dégâts "très importants" et critiqué un dispositif de sécurité "pas satisfaisant".

Méfiance envers Macron

La méfiance était palpable à quelques jours des mesures qu'Emmanuel Macron doit dévoiler et dont il avait dû différer l'annonce en raison de l'incendie de Notre-Dame.

Drapeau français à la main, Antoine, dirigeant d'une petite entreprise, estime que les mesures qui ont déjà fuité dans la presse (réindexation sur l'inflation des petites retraites, suppression de l'ENA...) "opposent les retraités aux actifs, les pauvres et les riches, les régions contre la nation".

"On vaut bien une cathédrale"

L'incendie de Notre-Dame lundi soir était également dans les esprits, notamment les centaines de millions d'euros promis pour reconstruire la cathédrale. "C'est une bonne chose cet argent pour Notre-Dame mais quand on voit ce qu'on peut débloquer en quelques heures...", résumait Jean-François Mougey, retraité de la SNCF.

"On vaut bien une cathédrale", proclamait également une pancarte de "gilet jaune" à Montpellier, théâtre d'échauffourées et mobilisée samedi comme d'autres villes.

A Bordeaux, place forte du mouvement, quelque 1500 "gilets jaunes" ont défilé dans le calme, canalisés par les forces de police. A Toulouse, des milliers de personnes ont marché dans le centre de la ville, théâtre en fin d'après-midi d'échauffourées. "J'ai la trouille mais ça ne va pas m'empêcher de venir", assurait Claudine Sarradet, retraitée de l'Education nationale.

A Marseille, les "gilets jaunes" étaient un petit millier au départ de la manifestation sur le Vieux Port.

ats, afp

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