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"Grands Prix" pour Biolay et Pomme aux Victoires de la musique

Ici à Montreux en 2017, Benjamin Biolay a obtenu une Victoire de la musique dans la catégorie chanteur masculin. © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Ici à Montreux en 2017, Benjamin Biolay a obtenu une Victoire de la musique dans la catégorie chanteur masculin. © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
À 48 ans, Benjamin Biolay a désormais obtenu six Victoires de la musique (archives). © KEYSTONE/EPA/IAN LANGSDON
À 48 ans, Benjamin Biolay a désormais obtenu six Victoires de la musique (archives). © KEYSTONE/EPA/IAN LANGSDON


Publié le 13.02.2021


Le chanteur français Benjamin Biolay est le grand vainqueur des 36e Victoires de la musique vendredi, avec un doublé, le prix du meilleur album pour "Grand Prix" et le titre d'artiste masculin. La Victoire de meilleure artiste féminine est revenue à Pomme.

"Cela n'a pas été une année très victorieuse pour la musique", a lâché Biolay au moment de recevoir son premier trophée de la soirée, celui d'artiste masculin. Et de tacler le "silence assourdissant des pouvoirs publics" face à la situation de la filière musicale, en général, et de la scène, en particulier, fragilisées par la crise sanitaire.

"Et maintenant, la bamboche!", a-t-il crié de joie en prenant le deuxième prix, le plus prestigieux, celui du meilleur album, au titre prémonitoire "Grand Prix". À 48 ans, il a désormais obtenu six Victoires.

Pomme et #MeToo

L'autre Victoire très attendue, celle d'artiste féminine, a fini dans les mains de Pomme, qui avait fort à faire face à Aya Nakamura, artiste française la plus écoutée au monde. Ce trophée est un gros coup de projecteur au mouvement #MeToo, encore naissant dans la filière musicale et nommé #Musictoo.

Pomme a en effet décrit son "arrivée dans l'industrie de la musique" comme "traumatisante" dans une lettre ouverte publiée jeudi par Mediapart. "De mes 15 à mes 17 ans, j'ai été manipulée, harcelée moralement et sexuellement, sans en avoir conscience à cette époque évidemment", confiait l'artiste de 24 ans.

En recevant son prix, la deuxième Victoire de sa jeune carrière, elle a souhaité une industrie musicale sûre pour les femmes, en espérant que ces dernières puissent "renverser les codes" du milieu.

Cette 36e cérémonie des Victoires restera celle de tous les symboles et de tous les combats. "Le chemin est encore long pour les femmes, les Noires, les grosses", a ainsi commenté Yseult, révélation féminine de l'année. La chanteuse a toujours expliqué qu'elle faisait de la couleur noire de sa peau et de ses formes une arme politique au travers de ses morceaux et de ses vidéos.

Sans public

Crise sanitaire oblige, la soirée s'est déroulée dans une ambiance étrange à la Seine Musicale, à Paris, sans public. Près de 200 figurants étaient cependant présents dans la salle pour applaudir après les prestations en direct des artistes.

Jean-Louis Aubert, président d'honneur, a d'ailleurs ouvert la cérémonie en entonnant à la guitare "Je rêvais d'un autre monde...", premières paroles d'un tube de Téléphone à forte portée symbolique en cette période troublée.

"Président, ce n'est pas facile par les temps qui courent, car le présidentiel a été remplacé par le présentiel", a ironisé Aubert dans son discours inaugural. Grinçant, il a profité "de la présence ou de l'absence de la ministre de la culture" Roselyne Bachelot, pour lui réclamer de "continuer à prendre soin des musiciens, des équipes techniques, des organisateurs de spectacle", le temps que la situation revienne à la normale.

Soutien aux clubs

Bien présente, Mme Bachelot a réaffirmé son soutien aux artistes, auprès de l'AFP. "Je travaille d'arrache-pied de jour comme de nuit [...] pour bâtir un modèle résilient qui va nous permettre de traverser cette crise. Je suis avec les artistes et je leur souhaite beaucoup de courage. Je suis avec eux", a-t-elle affirmé en coulisses.

Benjamin Biolay a lui chanté "Comment est ta peine?", le tube de son dernier album, dans une version très club, en solidarité aux lieux de la vie nocturne fermés, en raison de la crise sanitaire.

Un des musiciens de l'orchestre a également pris le micro pour dire qu'il avait perdu la moitié de ses revenus depuis l'arrivée de la pandémie de Covid-19. Plus tôt dans la journée, des manifestants du syndicat CGT Spectacle avaient occupé symboliquement la philharmonie de Paris, en déployant des banderoles "Culture sacrifiée", "Gouvernement disqualifié".

Parmi les autres prix attribués, on retiendra la Victoire d'honneur remise à Jane Birkin, en baskets comme à son habitude, pour l'ensemble de sa carrière.

ats, afp

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