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Hans Küng, le théologien critique, fête ses 90 ans

Hans Küng (ici en 2013) fêtera ses 90 ans dans une semaine (archives). © KEYSTONE/EPA/DANIEL BOCKWOLDT
Hans Küng (ici en 2013) fêtera ses 90 ans dans une semaine (archives). © KEYSTONE/EPA/DANIEL BOCKWOLDT


Publié le 12.03.2018


Le théologien suisse Hans Küng, catholique et très critique envers l'Eglise, fêtera ses 90 ans le 19 mars. Ses prises de position lui avaient valu une interdiction d'enseignement par le Vatican mais lui avaient aussi assuré une grande popularité.

Né à Sursee (LU), où il est retourné depuis quelques années, fils de cordonnier, Hans Küng a vécu à Tübingen en Allemagne, où il a enseigné durant 36 ans à l'Université Eberhard-Karl, avant de prendre sa retraite en 1996. En 2013, à 85 ans, il s'était largement retiré de la vie publique.

Hans Küng, qui a été un des Suisses les plus connus à l'étranger, s'est engagé dans ses écrits pour une Suisse tolérante et ouverte. Il est également connu pour ses opinions favorables au mariage des prêtres, à l'ordination des femmes, à la contraception et à la théologie de la libération.

Huit fois docteur honoris causa, Hans Küng a été traduit dans une vingtaine de langues. Ses plus de 50 livres, dont plusieurs "bestsellers", ont été lus dans des milieux culturels, sociaux et confessionnels les plus divers.

Esprit novateur

Certains de ses ouvrages sont considérés comme de véritables innovations de la théologie du 20e siècle, telle sa trilogie "Etre chrétien", "Dieu existe-t-il ?" et "Vie éternelle ?". Théologien libéral, Hans Küng s'est engagé avec vigueur pour un élargissement de l'horizon de l'Eglise catholique, ce qui a attiré sur lui les foudres de la hiérarchie romaine.

Le pape Jean Paul II lui a ainsi retiré sa "missio canonica" (droit d'enseigner la théologie catholique) en 1979, sans réussir à le faire taire. "Du pays de Guillaume Tell, j'ai hérité une certaine fermeté qui souvent déplaît à la hiérarchie", aimait-il à déclarer. L'éthicien a en outre ouvertement qualifié le pape polonais d'autoritariste opprimant les femmes et les théologiens.

Intellectuel reconnu, Hans Küng s'est vu décerner de nombreux prix. L'Union des Eglises évangéliques d'Allemagne lui a décerné le prix Karl Barth 1992. En 1994, il a reçu la croix du mérite fédéral allemand de première classe.

Le Prix culturel de Suisse centrale lui a également été remis en 1991. Et en 1998, Hans Küng a été fait bourgeois d'honneur de sa commune de naissance, Sursee.

Reçu par Benoît XVI

A la surprise générale, Hans Küng avait été reçu par le pape Benoît XVI en 2005. Lors de cette audience consacrée à sa Fondation Ethique planétaire qui entend promouvoir la compréhension entre les religions, les sujets qui fâchent avaient été soigneusement évités.

Les deux hommes ont certainement parlé du bon vieux temps: tous deux ont enseigné à Tübingen. Et lorsqu'il pleuvait, Hans Küng avait coutume d'emmener le cycliste Ratzinger dans son Alfa Romeo.

Plus récemment, en 2010, le théologien avait exigé que le pape Benoît XVI fasse son "mea culpa" sur la façon dont les affaires de pédophilie avaient été gérées depuis des décennies.

Hans Küng n'avait pas épargné non plus l'attitude de l'épiscopat allemand et de son président, l'archevêque Robert Zollitsch secoué par une série de révélations d'abus sexuels anciens commis par des membres du clergé.

Le théologien suisse a en revanche tenu des propos élogieux à l'égard de François, le pape actuel. Dans son livre paru en 2015, "Sieben Päpste", il a dit de l'Argentin qu'il a profondément changé l'atmosphère du système de la curie romaine par son langage direct, son style de vie atypique par rapport à la curie et son appel à l'évangile.

ats

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