La Liberté

Henniez se met au vert depuis plus de dix ans

Nestlé Waters bichonne les sources d'Henniez depuis plus de dix ans (archives). © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON
Nestlé Waters bichonne les sources d'Henniez depuis plus de dix ans (archives). © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON


Publié le 22.03.2018


Nestlé Waters bichonne les sources d'Henniez depuis plus de dix ans. Si aucune pénurie d'eau n'est à craindre, le maintien de la qualité de l'or bleu est au coeur de toutes les préoccupations.

"Nous ne sommes pas des défenseurs activistes de l’environnement. Mais nous souhaitons préserver notre bien le plus précieux", déclare à l’ats Cédric Egger, responsable des ressources en eau auprès de Nestlé Waters. Une multinationale au service de la protection de l’eau, cela peut paraître paradoxal.

Et pourtant sans cette matière première, l’usine d’Henniez (VD) et ses 130 collaborateurs peuvent mettre la clé sous la porte. Si en Suisse, aucune pénurie d'or bleu ne se profile à court terme, le défi majeur reste de garantir sa qualité, qui peut être menacée par l’activité industrielle et l’agriculture intensive.

Pour ce faire, le géant de l’alimentaire veveysan a pris des mesures dès le rachat d’Henniez à la famille Rouge, il y a plus de dix ans maintenant. Il a lancé dans la foulée le projet ECO-Broye dans l’optique de gérer en commun cette ressource commune qu’est l’eau.

Jardin et blé ancien

Le groupe a repris la zone protégée de 120 hectares établie par les anciens propriétaires déjà, et a amplifié la collaboration avec les autorités politiques et les agriculteurs de la région pour préserver en plus les écosystèmes naturels sur un périmètre élargi de 2400 hectares autour des sources et favoriser la biodiversité.

Sur la zone protégée, pesticides et engrais chimiques ne sont pas les bienvenus. A la place des champs de tabac, s’étalent désormais forêts et prairies fleuries. Des arbres fruitiers et des cultures d’ancienne variété de blé valaisan ont aussi pris leur quartier. Et un étang filtre naturellement les traces de pollution de la route cantonale située à proximité.

Dernière initiative en date, un projet de permaculture sera à l’étude cette année encore. "Le but de ce type d’aménagement est de faire cohabiter différents fruits et légumes afin d’optimiser leur rendement", souligne Olivier Mayor, membre du comité des agriculteurs avec qui Nestlé Waters travaille.

Si la firme met à disposition des paysans ses terres, ceux-ci restent libres d’écouler leur production où ils le veulent. "Ce projet profitable pour nous doit aussi l’être pour les gens de la terre", précise l’hydrogéologue de Nestlé Waters.

Aléas climatiques

Olivier Mayor voit d’un bon œil cette collaboration avec le privé qui favorise le développement d'une agriculture plus naturelle: "Les rendements sont certes moins importants. Mais le prix des produits naturels est plus élevé. Dans l’ensemble, le paysan s’en sort mieux financièrement même s’il est moins à l’abri des maladies et des aléas climatiques".

L’agriculteur a longtemps travaillé en intensif avant d’adopter une agriculture plus naturelle. Et il ne reviendrait sur son choix pour rien au monde même s’il avoue naviguer à vue: "Les projets prennent du temps pour déployer pleinement leurs effets, alors que la politique agricole change tous les quatre ans."

Biogaz et marc de café

Nestlé Waters a lui toujours misé sur une agriculture de proximité et non intensive pour protéger ses sept sources à Henniez. Environ 25 paysans livrent ainsi quotidiennement, depuis 2016, leur fumier à la centrale de biogaz située dans le village vaudois.

"Cela réduit le risque de contamination de l'eau souterraine", précise Cédric Egger. Le fumier est mélangé entre autres au marc de café de Nespresso et de Nescafé pour être ensuite valorisé en biogaz.

Le digesta résultant est redistribué aux agriculteurs qui peuvent l’épandre comme engrais biologique sur leurs champs. Environ 23'000 tonnes de fumier sont livrées chaque année, ce qui fait de la centrale la plus grande installation agricole de biogaz en Suisse.

Le fumier produit 2 millions de mètres cubes de méthane. Ce gaz sera transformé en énergie électrique et en chaleur pour chauffer l’usine d’Henniez. La chaleur produite est aussi utilisée depuis peu pour sécher le marc de café.

La centrale a coûté presque 10 millions de francs. Greenwatt, une filiale de Groupe E, a fourni l’argent alors que Nestlé Waters a mis à disposition le terrain. Aujourd’hui encore, Greenwatt en assure l’exploitation. La centrale permet de fournir de l'électricité à presque 800 ménages.

ats

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11