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Heure de fermeture des magasins le samedi en votation à Fribourg

Les syndicats ainsi qu'une grande partie de la gauche s'opposent à la prolongation d'une heure de l'ouverture des magasins dans le canton de Fribourg le samedi. © Philippe Lebet - Keystone-ATS
Les syndicats ainsi qu'une grande partie de la gauche s'opposent à la prolongation d'une heure de l'ouverture des magasins dans le canton de Fribourg le samedi. © Philippe Lebet - Keystone-ATS
La droite veut donner un coup de pouce aux commerçants du canton de Fribourg, ici la rue de Romont en ville de Fribourg, pour répondre au changement des modes de vie et à la concurrence des ventes en ligne (archives), © KEYSTONE/ADRIEN PERRITAZ
La droite veut donner un coup de pouce aux commerçants du canton de Fribourg, ici la rue de Romont en ville de Fribourg, pour répondre au changement des modes de vie et à la concurrence des ventes en ligne (archives), © KEYSTONE/ADRIEN PERRITAZ


Publié le 16.06.2019


Le peuple fribourgeois se prononce le 30 juin sur la prolongation d'une heure, jusqu'à 17h00, de l'heure d'ouverture des magasins le samedi. L'objet est combattu par référendum par les syndicats et la gauche, qui craignent une dégradation des conditions de travail.

Fribourg est le seul canton romand à connaître une fermeture des commerces à 16h00 le samedi, alors que les cantons voisins de Vaud, Neuchâtel et Berne offrent des heures allant jusqu'à 17h00 ou 18h00. Lancé par les syndicats Unia et Syna, le référendum, déposé à fin janvier, a recueilli près de 9000 signatures valides, alors que 6000 étaient nécessaires.

Les référendaires, soutenus dans leur campagne par les partis de gauche, combattent la modification de la loi sur l'exercice du commerce (LCom) acceptée en octobre dernier par le Grand Conseil par 68 voix contre 28 et 5 abstentions. Les débats avaient largement tourné autour d'une opposition entre la droite et la gauche.

"La modification ne va pas à elle seule sauver le commerce de détail, mais lui donner les moyens de lutter à armes égales (ndlr: avec les commerces de gare et de stations-service)", avait alors relevé le député UDC Stéphane Peiry. L'un des deux motionnaires à l'origine de la proposition avait encore parlé d'une "petite adaptation et pas une révolution".

Modes de vie

Le PDC et le PLR avaient encore mentionné la nécessité de s'adapter aux changements des modes de vie et de donner un coup de pouce à des enseignes concurrencées par la vente en ligne. Des arguments repris par l’Association des commerçants du canton de Fribourg, pour qui le secteur souffre notamment dans les domaines des vêtements et des meubles.

S'exprimant récemment dans les colonnes de La Liberté, le député et conseiller communal PDC de la ville de Fribourg Laurent Dietrich, et second motionnaire, appelle à voter oui pour trois raisons: le dynamisme du centre-ville de Fribourg qui est à la peine, la mobilité croissante des gens qui se déplacent sans états d'âme et l'emploi qu'il faut préserver.

"On remarque une stagnation voire une baisse des points de vente dans le canton de Fribourg, alors que la population augmente", s'est inquiété l'élu démocrate-chrétien à l'exécutif du chef-lieu cantonal. "Et ce déclin n’est pas près de s’arrêter, si on ne fait rien pour inverser la tendance", a-t-il averti.

Conditions de travail

Du côté des opposants, Armand Jaquier, député PS au Grand Conseil et secrétaire régional d'Unia Fribourg, incarne le combat contre l'extension de l'heure d'ouverture des magasins le samedi. En lançant la campagne en vue de la votation, à fin mai, il a dit craindre une dégradation de conditions de travail déjà difficiles dans la branche.

"Les salaires excèdent rarement 3200 francs par mois, pour 45 heures hebdomadaires", a expliqué alors Véronique Rebetez, secrétaire syndicale de Syna. Sans compter la flexibilité et des contrats à temps partiel. Selon les référendaires, le peuple dira aussi s'il entend ou non voir les heures d'ouverture de plus en plus étendues, vers la soirée et le dimanche.

Interrogé aussi dans La Liberté, Armand Jaquier s'est défendu de vouloir "tirer au canon sur une mouche", eu égard à l'enjeu de la votation. "En 1996, lors de la campagne pour une extension encore plus importante de l’horaire, les partisans avaient pour slogan 'parce que les temps changent'. Mais rien n’a changé.", a-t-il constaté, se référant aux conditions de travail.

Pas une première

Les opposants veulent aussi avancer en direction de la conclusion avec les employeurs d'une convention collective de travail (CCT) cantonale. "Le secteur est en pleine mutation, avec l'essor du commerce en ligne", a estimé encore fin mai Armand Jaquier, en rappelant que les grandes enseignes jouent sur les deux tableaux (magasins et internet).

Toujours au lancement de la campagne, Benoît Piller, député PS et président du Parti socialiste fribourgeois (PSF), a insisté sur la nécessité de promouvoir un "samedi social", où rentrer une heure plus tard constitue une péjoration pour le personnel. Dans les rangs du PS, le syndic de Fribourg Thierry Steiert est lui favorable à l'extension.

L'idée de fermer les magasins à 17h00 le samedi était déjà passé en votation devant le peuple fribourgeois il y a dix ans. Les citoyens avaient alors refusé la perspective à hauteur de 58%. Sur le plan suisse, seul le canton de Lucerne connaît une fermeture à 16h00.

ats

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