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HRW alerte sur le "danger" durable pour les droits de l'homme

Le directeur de Human Rights Watch (HRW) Kenneth Roth alerte sur l'attitude face à la pandémie qui a été observée chez certains gouvernements (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI
Le directeur de Human Rights Watch (HRW) Kenneth Roth alerte sur l'attitude face à la pandémie qui a été observée chez certains gouvernements (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI


Publié le 16.04.2020


Human Rights Watch (HRW) alerte sur le "moment de danger" pour les droits de l'homme dans l'attitude de certains gouvernements face au covid. L'ONG prévoit des répercussions "pour des années" et demande une session spéciale du Conseil des droits de l'homme à Genève.

"Je redoute que les efforts pour contrer les abus de pouvoir de gouvernements, les intrusions non indispensables dans nos droits, seront avec nous pour longtemps", a affirmé jeudi le directeur exécutif de l'ONG Kenneth Roth aux correspondants accrédités à l'ONU à Genève. HRW souhaite une session spéciale du Conseil des droits de l'homme, qui pourrait avoir lieu en ligne.

"Les gouvernements doivent savoir que leurs actions sont examinées" et que leur responsabilité sera établie en cas de violations, ajoute le chef du bureau genevois de l'ONG, John Fisher. "La crise aura des répercussions sur les droits de l'homme pendant plusieurs années" tant le travail du Conseil sera affecté, selon lui. D'importantes résolutions, notamment sur la situation au Nicaragua ou en Libye, attendent d'être discutées.

Sur la pandémie, M. Roth a mis en garde ces dernières semaines contre le traçage lancé par plusieurs pays si celui-ci n'est pas anonymisé et s'il relaie publiquement des données de localisation. Les citoyens ne téléchargeront pas ces outils "s'ils sentent que leurs droits à la vie privée ne sont pas protégés au maximum". L'exemple de la Corée du Sud montre la menace d'un "harcèlement" des personnes exposées.

M. Roth redoute aussi que les outils utilisés par la Chine pour surveiller la minorité ouïghoure, dont plus d'un million de membres sont retenus dans des camps d'internement, soient élargis à tout le pays. De quoi restreindre largement les mouvements en prétextant les besoins de santé publique.

Effets positifs

Comme Donald Trump, le directeur cible aussi Pékin, accusée d'avoir cherché à dissimuler des données gênantes en faisant taire les lanceurs d'alerte. Mais il s'en prend aussi au président américain.

La suspension des contributions américaines à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) "sape" la lutte de l'institution pour la couverture santé pour tous qui permettra à long terme d'oeuver contre la pandémie, dit-il. Et le déni de M. Trump au début de la crise a contribué peut-être à 90% des décès aux Etats-Unis, selon lui.

Mercredi, HRW a publié une liste de 40 questions que les gouvernements doivent se poser pour garantir les droits de l'homme dans cette crise. Notamment l'importance de ne pas discriminer certaines composantes de la société. Plusieurs pays prévoient un déconfinement en plusieurs vagues. M. Roth considère "légitime" cette approche seulement si elle permet de protéger les personnes qui seront contraintes de rester plus longtemps chez elles.

Comme lors de chaque crise, la pandémie pourrait aussi aboutir à des conséquences positives, estime HRW. Notamment pour oeuvrer pour réduire la surpopulation carcérale. De son côté, HRW est aussi affectée par la crise, "comme toutes les ONG". Mais l'impact sur le financement des activités doit encore être évalué, explique son directeur.

ats

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