La Liberté

Incarcéré, Navalny appelle les Russes à "sortir dans la rue"

Alexeï Navalny et sa femme Iulia sont arrivés à Moscou dimanche soir. Ci-dessus, il se trouve dans une navette qui l'emmène à l'aéroport de Cheremetievo où il a été interpellé par la police. © KEYSTONE/AP/Mstyslav Chernov
Alexeï Navalny et sa femme Iulia sont arrivés à Moscou dimanche soir. Ci-dessus, il se trouve dans une navette qui l'emmène à l'aéroport de Cheremetievo où il a été interpellé par la police. © KEYSTONE/AP/Mstyslav Chernov
Alexeï Navalny et sa femme Iulia sont arrivés à Moscou dimanche soir. Ci-dessus, il se trouve dans une navette qui l'emmène à l'aéroport de Cheremetievo où il a été interpellé par la police. © KEYSTONE/AP/Mstyslav Chernov
Alexeï Navalny et sa femme Iulia sont arrivés à Moscou dimanche soir. Ci-dessus, il se trouve dans une navette qui l'emmène à l'aéroport de Cheremetievo où il a été interpellé par la police. © KEYSTONE/AP/Mstyslav Chernov
Femme tenant une pancarte demandant la "Liberté pour Alexeï Navalny devant le commissariat où l'opposant est retenu, près de Moscou. © KEYSTONE/EPA/SERGEI ILNITSKY
Femme tenant une pancarte demandant la "Liberté pour Alexeï Navalny devant le commissariat où l'opposant est retenu, près de Moscou. © KEYSTONE/EPA/SERGEI ILNITSKY
L'opposant Alexei Navalny filmé lors de l'audience de lundi. © KEYSTONE/AP/Kira Yarmysh
L'opposant Alexei Navalny filmé lors de l'audience de lundi. © KEYSTONE/AP/Kira Yarmysh
Femme tenant une pancarte demandant la "Liberté pour Alexeï Navalny devant le commissariat où l'opposant est retenu, près de Moscou. © KEYSTONE/EPA/SERGEI ILNITSKY
Femme tenant une pancarte demandant la "Liberté pour Alexeï Navalny devant le commissariat où l'opposant est retenu, près de Moscou. © KEYSTONE/EPA/SERGEI ILNITSKY
L'opposant Alexei Navalny filmé lors de l'audience de lundi. © KEYSTONE/AP/Kira Yarmysh
L'opposant Alexei Navalny filmé lors de l'audience de lundi. © KEYSTONE/AP/Kira Yarmysh


Publié le 18.01.2021


Le principal opposant russe Alexeï Navalny a été placé en détention jusqu'au 15 février au moins lundi, au lendemain de son retour au pays et de son arrestation. Il a appelé ses partisans à descendre "dans la rue" contre le pouvoir.

"N'ayez peur de rien, descendez dans la rue. Pas pour moi, mais pour vous-mêmes et pour votre avenir", a lancé M. Navalny dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. "Ne vous taisez pas, résistez, sortez dans la rue", a-t-il ajouté depuis la salle d'audience.

Son bras droit, Léonid Volkov a immédiatement annoncé l'organisation "de grandes manifestations dans tout le pays le 23 janvier". L'appel intervient aussi alors que le camp de l'opposant préparait une campagne active en vue des législatives de septembre, sur fond d'érosion de la popularité du parti du Kremlin, Russie unie.

Audience improvisée

Le charismatique militant anti-corruption, ennemi juré de l'élite politique russe, accuse le président Vladimir Poutine d'avoir ordonné son assassinat au neurotoxique Novitchok en août, ce que Moscou nie. Ayant survécu à cet empoisonnement présumé, transféré dans le coma à Berlin, il a été soigné cinq mois en Allemagne.

Dimanche, il est revenu à Moscou, mais a été interpellé dès son arrivée. Le service pénitentiaire (FSIN) lui reproche d'avoir violé des mesures de contrôle judiciaire en allant se faire soigner à l'étranger. "Nous avons essayé de te tuer, t'es pas mort, tu nous as vexés, alors on t'enferme", a ironisé M. Navalny.

L'incarcération de l'opposant a été prononcée lors d'une audience improvisée au commissariat de Khimki, banlieue moscovite, où il avait passé la nuit. Des partisans de l'opposant attendaient dehors par -20°C, scandant "liberté".

M. Navalny avait dénoncé plus tôt une "parodie de justice" organisée dans "l'illégalité la plus totale". "Pépé, dans son bunker, a tellement peur, qu'on déchire et qu'on jette le code de procédure pénale à la poubelle", a-t-il ajouté, en référence à Vladimir Poutine et au fait qu'un tribunal siège dans un commissariat.

Condamnations internationales

L'arrestation a suscité un concert de condamnations en Europe et aux Etats-Unis. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé à sa libération "immédiate", tout comme la chancellerie allemande qui a dénoncé une arrestation "arbitraire".

La France, la Pologne et le Royaume uni avaient fait de même, tout comme la future administration du président élu américain Joe Biden et le chef de la diplomatie de Donald Trump. Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a aussi réclamé de relâcher sans délai l'opposant russe.

La Suisse s'est de son côté dite préoccupée par l'arrestation de M. Navalny. La justice doit être indépendante de la politique et respecter les droits humains", a expliqué le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) à Keystone-ATS. Des procédures judiciaires ne doivent pas être utilisées comme moyen de persécution politique.

Amnesty International a pour sa part estimé que M. Navalny était désormais un "prisonnier de conscience". Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a répliqué en affirmant que les Occidentaux s'en prenaient à la Russie pour "détourner l'attention de la profonde crise qui mine le modèle de développement libéral". Selon lui, dans l'affaire Navalny il s'agit seulement "de faire respecter la loi russe".

Détournement de fonds

Le service pénitentiaire avait prévenu jeudi que l'opposant serait appréhendé à son retour pour avoir violé le contrôle judiciaire qui lui était imposé dans le cadre d'une peine de prison avec sursis pour détournements de fonds, que l'opposant juge politiquement motivée.

Il est aussi visé depuis fin décembre par une enquête pour escroquerie, car suspecté d'avoir dépensé pour son usage personnel 356 millions de roubles (4,3 millions de francs) de dons.

L'opposant était tombé dans le coma en août alors qu'il revenait d'une tournée électorale en Sibérie. D'abord hospitalisé à Omsk en Russie, il avait finalement été évacué vers un hôpital berlinois.

Trois laboratoires européens ont conclu à un empoisonnement par un agent innervant militaire soviétique de type Novitchok, conclusion confirmée par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, malgré les dénégations de Moscou.

ats, afp

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11