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Incendies en Amazonie: les brûlis désormais interdits au Brésil

L'entrée en action de l'armée brésilienne le week-end dernier n'a encore pas eu d'effets probants: plus de la moitié des 1628 nouveaux départs de feu enregistrés en 24 heures par l'Institut national de recherche spatiale (INPE) l'ont été en Amazonie. © KEYSTONE/EPA EFE/JOEDSON ALVES
L'entrée en action de l'armée brésilienne le week-end dernier n'a encore pas eu d'effets probants: plus de la moitié des 1628 nouveaux départs de feu enregistrés en 24 heures par l'Institut national de recherche spatiale (INPE) l'ont été en Amazonie. © KEYSTONE/EPA EFE/JOEDSON ALVES
La forêt d'Amazonie joue un rôle essentiel dans la régulation des climats régionaux et mondiaux. Sa destruction, même partielle, ne serait pas sans conséquence sur les températures et la biodiversité. © KEYSTONE/AP NASA Jet Propulsion Laboratory
La forêt d'Amazonie joue un rôle essentiel dans la régulation des climats régionaux et mondiaux. Sa destruction, même partielle, ne serait pas sans conséquence sur les températures et la biodiversité. © KEYSTONE/AP NASA Jet Propulsion Laboratory
Le président brésilien Jair Bolsonaro a signé mercredi un décret interdisant les brûlis agricoles dans tout le Brésil pendant soixante jours pour tenter de freiner la multiplication des incendies face à une pression internationale croissante. © KEYSTONE/AP/LEO CORREA
Le président brésilien Jair Bolsonaro a signé mercredi un décret interdisant les brûlis agricoles dans tout le Brésil pendant soixante jours pour tenter de freiner la multiplication des incendies face à une pression internationale croissante. © KEYSTONE/AP/LEO CORREA


Publié le 30.08.2019


Annoncée pour freiner la progression des incendies en Amazonie et tenter de démontrer la réactivité du Brésil, l'interdiction temporaire des brûlis agricoles est entrée en vigueur jeudi. Beaucoup doutent toutefois de son efficacité.

Par ailleurs, le Brésil a accueilli très fraîchement une idée avancée par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres d'une réunion sur l'aide à l'Amazonie en marge de la prochaine assemblée générale du 20 au 23 septembre.

"Le secrétaire général de l'ONU n'a pas parlé de cette affaire avec le gouvernement brésilien, nous ne sommes pas au courant", a déclaré le ministère des Affaires étrangères, interrogé par l'AFP. "Il serait important que les autorités étrangères connaissent mieux la politique du Brésil en matière d'environnement (...) et qu'elles s'informent (...) de la situation en Amazonie et des mesures prises pour combattre les incendies, avant de proposer de nouvelles initiatives".

"La communauté internationale doit se mobiliser avec force pour soutenir les pays d'Amazonie afin de mettre fin aux incendies aussi rapidement que possible par tous les moyens possibles et mener ensuite une politique complète de reforestation", avait souligné Antonio Guterres depuis le Japon où il participe à une conférence sur le développement de l'Afrique. "La situation en Amazonie est, clairement, très grave".

Evolution très inégale

L'entrée en action de l'armée brésilienne le week-end dernier n'a encore pas eu d'effets probants: plus de la moitié des 1628 nouveaux départs de feu enregistrés en 24 heures par l'Institut national de recherche spatiale (INPE) l'ont été en Amazonie, malgré le déploiement de 18 avions et 3900 hommes.

Le nombre d'incendies évoluait de manière très inégale dans les neuf Etats amazoniens, avec de fortes hausses mais aussi de nettes baisses. Il n'était pas possible d'attribuer ces dernières à l'intervention d'une armée ne communiquant pas sur ses opérations et alors que des pluies ont arrosé certaines régions.

Un premier avion bombardier d'eau financé par l'aide d'urgence de 20 millions de dollars décidée par le G7 a décollé mercredi au Paraguay pour lutter contre les incendies de la forêt amazonienne, en coordination avec le Chili, a annoncé jeudi la présidence française.

D'autres devaient décoller prochainement, notamment vers la Bolivie, pays lui aussi très touché par les feux de forêt. Dans l'attente d'une réponse du président Jair Bolsonaro, qui a créé la veille la confusion sur la volonté de Brasilia d'accepter ou non l'aide du G7, l'envoi d'avions bombardiers d'eau au Brésil n'était pas d'actualité.

"Il manque des contrôles"

Les impressionnantes images de zones entières de la forêt tropicale dévorées par les flammes ont provoqué une immense émotion dans le monde, et mis M. Bolsonaro sous forte pression. La police a arrêté jeudi trois personnes pour avoir incendié plus de 5000 hectares dans une zone protégée de l'Etat amazonien du Para.

Son décret suspendant pendant deux mois le recours aux brûlis dans tout le Brésil, sauf certaines exceptions, est entré en vigueur. Les brûlis sont pratiqués le plus souvent pour faire de la place aux cultures agricoles et à l'élevage bovin, gros secteur exportateur du Brésil.

Mais un grand scepticisme prévalait quant à l'efficacité de cette mesure. "Il est difficile de croire que cela aura le moindre impact sur le terrain", a indiqué Rodrigo Junqueira, agronome et porte-parole de l'Institut socio-environnemental. "Celui qui brûle (la forêt) sans permis ne va pas respecter" un décret.

Pour Daniel Azevedo Lobo, procureur à Rondônia, Etat amazonien du nord-ouest du Brésil, "70% de la déforestation est due aux activités d'organisations criminelles, et non d'individus isolés", et "il faut attaquer le problème à la source".

"Dans le Rondônia, comme dans toute l'Amazonie, il y a des groupes organisés qui envahissent les terres. Ce sont souvent des coupeurs de bois qui s'accaparent ces terres et débitent les arbres sur place", explique-t-il. "Il manque beaucoup de contrôles à Rondônia".

Rôle essentiel

L'ex-président brésilien de gauche Lula a estimé, dans une interview réalisée par la BBC dans son centre de détention à Curitiba (sud), que Jair Bolsonaro "n'a pas la moindre idée des relations internationales". "Il ne peut pas être pris au sérieux", a dit Lula, en prison pour corruption.

La forêt d'Amazonie joue un rôle essentiel dans la régulation des climats régionaux et mondiaux. Sa destruction, même partielle, ne serait pas sans conséquence sur les températures et la biodiversité.

ats, afp

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