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Inde: les nationalistes hindous de Modi consolident leur emprise

Le premier ministre indien sortant Narendra Modi revendique la victoire des législatives indiennes. © KEYSTONE/EPA/HARISH TYAGI
Le premier ministre indien sortant Narendra Modi revendique la victoire des législatives indiennes. © KEYSTONE/EPA/HARISH TYAGI
Selon ces résultats encore provisoires, l'hémicycle de la Lok Sabha devrait présenter pour les cinq prochaines années une écrasante dominante safran, la couleur des nationalistes hindous de Narendra Modi (archives). © KEYSTONE/EPA/HARISH TYAGI
Selon ces résultats encore provisoires, l'hémicycle de la Lok Sabha devrait présenter pour les cinq prochaines années une écrasante dominante safran, la couleur des nationalistes hindous de Narendra Modi (archives). © KEYSTONE/EPA/HARISH TYAGI


Publié le 23.05.2019


Le Premier ministre Narendra Modi a remporté haut la main jeudi un deuxième mandat à la tête de l'Inde. Ce succès devrait cimenter la suprématie des nationalistes hindous sur le paysage politique et sociétal du géant d'Asie du Sud.

En début de soirée, le chef de gouvernement de 68 ans a fait une entrée triomphale au siège de son Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien) à New Delhi, sous une pluie de pétales de roses et les hourras de ses partisans.

Le dépouillement encore en cours donnait à 20h30 locales (17h00 en Suisse) autour de 303 sièges au BJP, sur 543 députés élus à la chambre basse du Parlement, au cours d'un gigantesque scrutin étalé sur six semaines, d'après le site de la commission électorale.

Selon ces résultats, l'hémicycle de la Lok Sabha offrira pour les cinq prochaines années une écrasante dominante safran, la couleur des nationalistes hindous. Le BJP devrait même encore y détenir seul la majorité parlementaire de 272 sièges, une situation peu courante dans l'histoire politique du pays, plutôt habitué aux larges coalitions.

Parti du Congrès largué

Principale formation d'opposition, le Congrès était en route pour remporter seulement 50 circonscriptions, une douche froide pour ce parti clé de la politique indienne depuis l'indépendance en 1947.

Avant même les résultats définitifs, les nationalistes hindous ont d'ores et déjà revendiqué la victoire. "Merci l'Inde ! La foi placée en notre alliance nous pousse à l'humilité et nous donne la force de travailler encre plus dur pour réaliser les aspirations du peuple", a déclaré Narendra Modi sur Twitter, où il est suivi par 47 millions d'abonnés.

Pratiquant une ultra-personnification du pouvoir et doté d'un sens politique redoutable, Narendra Modi, 68 ans, a fait de ces législatives un quasi-référendum sur sa personne. Cet adepte d'une gouvernance par coups d'éclat (bombardement au Pakistan, démonétisation surprise de billets...) a axé sa campagne sur un discours sécuritaire anxiogène, s'érigeant en défenseur de la nation.

"Il a amené le programme nationaliste hindou dans chaque foyer. Il a dit que le pays était en danger à cause du Pakistan et les gens l'ont cru", analyse Hemant Kumar Malviya, professeur de sciences politiques à l'université hindoue de Varanasi.

'Nation hindoue'

Au siège du BJP à New Delhi, des militants du parti fêtaient leur triomphe en allumant des pétards et dansant au rythme de tambours. "Le drapeau safran a gagné, l'heure est venue pour la nation hindoue", criait un homme âgé dans un haut-parleur.

Dans un contraste frappant, les militants ont déserté le quartier-général du parti du Congrès dans l'après-midi. "Modi a menti tout du long et a trompé le pays et ses soutiens", affirmait Dinesh Koushik, un partisan de cette formation.

Des stars de Bollywood aux modestes vendeurs de rue, des agriculteurs de la plaine du Gange aux magnats milliardaires, 67% des 900 millions d'électeurs indiens se sont exprimés pour ces 17e législatives depuis l'indépendance, un niveau de participation normal.

Pakistan

M. Modi, charismatique fils d'un vendeur de thé du Gujarat (ouest), était opposé à une myriade de puissants partis régionaux bien décidés à le faire chuter, ainsi qu'à l'historique parti du Congrès emmené par l'héritier de la dynastie politique des Nehru-Gandhi, Rahul Gandhi.

Ce dernier a reconnu sa propre défaite circonscription familiale d'Amethi (Uttar Pradesh, nord). Il devrait quand même siéger au Parlement car il concourait en parallèle dans une circonscription du Kerala (sud).

De la Chine à Israël en passant par le Japon ou l'Afghanistan, des messages de félicitations de la communauté internationale parvenaient déjà au Premier ministre. "J'ai hâte de travailler avec lui pour la paix, le progrès et la prospérité en Asie du Sud", a tweeté Imran Khan, le chef de gouvernement pakistanais. L'Inde et le Pakistan ont connu une grave crise au début de l'année, allant jusqu'à des combats aériens entre leurs deux armées au-dessus de la région disputée du Cachemire.

ats, afp

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