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Initiative contre l'expérimentation animale et humaine déposée

Les paraphes ont été remis lundi matin à la Chancellerie fédérale. © KEYSTONE/PETER KLAUNZER
Les paraphes ont été remis lundi matin à la Chancellerie fédérale. © KEYSTONE/PETER KLAUNZER
Les paraphes ont été remis lundi matin à la Chancellerie fédérale. © KEYSTONE/PETER KLAUNZER
Les paraphes ont été remis lundi matin à la Chancellerie fédérale. © KEYSTONE/PETER KLAUNZER


Publié le 18.03.2019


L'initiative populaire contre l'expérimentation animale et humaine a été déposée lundi à la Chancellerie fédérale à Berne. Le texte a recueilli 124'000 signatures.

L'initiative "Oui à l'interdiction de l'expérimentation animale et humaine - Oui aux approches de recherche qui favorisent la sécurité et le progrès" précise que l'expérimentation animale est considérée comme un mauvais traitement infligé aux animaux et peut constituer un crime.

Lancé en 2017 par des citoyens saint-gallois, le texte propose de remplacer la pratique actuelle par des méthodes alternatives plus éthiques et moins coûteuses. Ses promoteurs dénoncent des méthodes "peu transparentes" qui causent des "souffrances inutiles aux animaux" et dont le succès n'est pas garanti.

L'initiative prévoit aussi d'interdire le commerce, l'importation et l'exportation de produits faisant directement ou indirectement l'objet d'expérimentation animale ou humaine. Elle est soutenue par quelque 80 organisations.

Pour remplacer l'expérimentation animale, le comité propose de mener des expérimentations sur la base de cultures de cellules humaines. Par exemple, il serait possible de tester des cosmétiques sur une peau cultivée au lieu du dos des lapins ou cobayes.

Les approches substitutives sans vivisection devraient bénéficier d'aides publiques au moins équivalentes à celles dont bénéficiait précédemment l'expérimentation animale, souligne par ailleurs le texte d'initiative.

"Frein à la recherche"

Dans un communiqué, la faîtière des hautes écoles suisses swissuniversities a estimé que cette initiative soutient une position extrême qui non seulement constituerait un frein à la recherche, mais qui empêcherait aussi tout citoyen et tout animal de bénéficier en Suisse des futures avancées médicales.

Le recours aux modèles animaux et aux essais cliniques est aujourd'hui encore nécessaire à l'acquisition de connaissances fondamentales ainsi qu'au développement de nouveaux produits et procédés médicaux, selon swissuniversities.

De plus, l'interdiction d'importer de nouveaux produits ayant fait l'objet de telles expérimentations affectera fortement la médecine humaine et vétérinaire. Le Fonds national suisse a également estimé qu'une acceptation de cette initiative ferait perdre à la Suisse le contact avec la recherche internationale.

Même la Protection suisse des animaux (PSA) juge le texte trop radical. Elle juge aussi que la Suisse serait distancée sur les plans économiques et scientifiques, a indiqué Julika Fitzi, spécialiste de la question à la PSA. Elle plaide toutefois pour que des moyens identiques soient octroyés à la recherche avec et sans expérimentation animale.

Précédents non du peuple

Les citoyens se sont déjà prononcés plusieurs fois sur le sujet, mais ils ont à chaque fois rejeté les textes. La dernière votation remonte à 1993. Co-président du comité d'initiative, Renato Werndli estime toutefois que durant ce quart de siècle, l'opinion publique a changé. Même la recherche commence à admettre qu'il existe des méthodes plus modernes, a-t-il indiqué à Keystone-ATS.

Le nombre d'expérimentations animales baisse régulièrement en Suisse. Elles s'élevaient encore à deux millions en 1983, mais plus qu'à 615'000 l'an dernier. L'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) affirme que "les expériences sur les animaux ne sont admises que si aucune alternative n’est disponible".

ats

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