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Irak: près de 100 morts dans le naufrage d'un bac à Mossoul

Le bac a fait naufrage dans le Tigre, près de Mossoul. © KEYSTONE/AP/MARKO DROBNJAKOVIC
Le bac a fait naufrage dans le Tigre, près de Mossoul. © KEYSTONE/AP/MARKO DROBNJAKOVIC
Ce naufrage meurtrier a provoqué un vif émoi dans cette ville de Mossoul, au nord de l'Irak, déjà meurtrie par trois années (2014 à 2017) passées sous la férule des djihadistes du groupe Etat islamique (EI). © Keystone/AP/FARID ABDULWAHED
Ce naufrage meurtrier a provoqué un vif émoi dans cette ville de Mossoul, au nord de l'Irak, déjà meurtrie par trois années (2014 à 2017) passées sous la férule des djihadistes du groupe Etat islamique (EI). © Keystone/AP/FARID ABDULWAHED


Publié le 21.03.2019


Près de 100 personnes, en majorité des femmes et des enfants, sont mortes dans le naufrage d'un bac sur le fleuve Tigre à Mossoul. Il s'agit de l'accident le plus meurtrier en Irak depuis des années survenu en pleine célébration de Norouz, le nouvel an kurde.

Un deuil national de trois jours a été décrété par le premier ministre irakien, Adel Abdel Mahdi. Il s'est rendu sur le lieu de l'accident et à la morgue où ont été transportés les corps. L'ONU a déploré "une terrible tragédie".

Le bilan n'a cessé de s'alourdir au fil des heures. Selon le ministère de l'Intérieur, 94 personnes ont péri dans le naufrage et 55 ont pu être secourues. Plus tôt dans la journée, les autorités avaient indiqué que 19 enfants et 33 femmes s'étaient noyées.

Vif émoi

Ce naufrage meurtrier a provoqué un vif émoi dans cette ville du nord de l'Irak déjà meurtrie par trois années (2014 à 2017) passées sous la férule des djihadistes du groupe Etat islamique (EI). Les familles mossouliotes n'ont recommencé que depuis peu à sortir sur les rives du fleuve. La journée marquant à la fois le Nouvel An kurde, Norouz, la Fête des Mères et l'arrivée du printemps, avait commencé dans la gaieté.

Si les guerres à répétition et les attaques djihadistes ont fait des centaines de milliers de victimes ces dernières années en Irak, des accidents de ce type sont rares. Le dernier naufrage remonte à mars 2013, quand un bateau restaurant avait coulé à Bagdad, là aussi sur le Tigre, faisant cinq morts.

Les victimes avaient embarqué à bord d'un bac pour traverser le fleuve en direction de parcs aménagés où les familles piquent-niquent traditionnellement pour Norouz, jour férié en Irak. Mais leur embarcation s'est retournée et a sombré dans les flots, avant d'atteindre le complexe touristique où ils se rendaient.

"Catastrophe"

"C'est une catastrophe. Personne ne s'attendait à ça", a lancé un jeune homme tout juste sorti de l'eau après être parvenu à rejoindre la rive. "Il y avait énormément de monde sur le bateau, surtout des femmes et des enfants", a-t-il encore indiqué. L'incident est né de la conjonction de la surcharge du bateau et du haut niveau de l'eau, a expliqué un responsable des services de sécurité à Mossoul.

D'une part, ce bateau qui transportait des familles et des enfants se rendant dans un complexe touristique de Mossoul "a fait naufrage car il y avait trop de passagers à bord, plus d'une centaine", a-t-il dit. De l'autre, après d'importantes pluies ces derniers jours, les autorités avaient ouvert des écluses pour alléger la pression au niveau du grand barrage de Mossoul.

Elles avaient publié des mises en garde au public, prévenant que les rives du Tigre seraient plus dangereuses avec un niveau de l'eau plus élevé. Jeudi, sur des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, le courant semblait fort et le niveau de l'eau plus élevé qu'à l'habitude. Ces images montraient des dizaines de personnes flottant ou tentant de surnager autour d'un bateau en partie englouti sous les eaux.

Les opérations de recherche se sont poursuivies sur des centaines de mètres en aval du lieu du naufrage. Sur la rive, des centaines de personnes étaient regroupées, interrompant leur journée en famille dans cette zone touristique très boisée de Mossoul, particulièrement fréquentée aux premiers beaux jours du printemps.

Le président exige un enquête

La justice irakienne a annoncé en soirée dans un communiqué avoir ordonné l'arrestation de neuf responsables de la gestion du bac. Elle a aussi délivré des mandats d'arrêt contre les propriétaires du bateau et du complexe touristique.

Le premier ministre a annoncé la mise en alerte de l'ensemble des services de santé et la mobilisation de toutes les équipes disponibles à Mossoul pour les recherches. Il a en outre réclamé "un rapport d'enquête sous 24 heures pour déterminer les responsabilités".

L'ancien chef de gouvernement Haider al-Abadi a appelé à décréter un deuil national alors que plusieurs dirigeants politiques dénonçaient l'absence de surveillance des équipements de loisirs vétustes. En Irak, où des manifestations dénoncent régulièrement la déliquescence et l'absence d'entretien des services publics, cette question est particulièrement sensible.

ats, afp

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