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Japon: le moral des grandes entreprises résiste aux inquiétudes

La confiance des industriels japonais a souffert des tensions entre les États-Unis et la Chine, deux partenaires commerciaux importants de l'archipel. (archives) © KEYSTONE/EPA/FRANCK ROBICHON
La confiance des industriels japonais a souffert des tensions entre les États-Unis et la Chine, deux partenaires commerciaux importants de l'archipel. (archives) © KEYSTONE/EPA/FRANCK ROBICHON


Publié le 14.12.2018


Le baromètre de confiance des grandes entreprises manufacturières japonaises a cessé de baisser au quatrième trimestre après trois reculs consécutifs, bravant les tensions protectionnistes, selon l'enquête "Tankan" publiée vendredi par la Banque du Japon (BoJ).

Cet indicateur important de l'état d'esprit du monde des affaires, qui s'était hissé fin 2017 au plus haut en 11 ans, est ensuite retombé. Il s'est cette fois maintenu à +19, soit légèrement au-dessus des prévisions des économistes interrogés par l'agence Bloomberg (+18).

"Le moral des industries a gardé le cap dans l'ensemble, se révélant plus résistant que ce qu'avaient anticipé les observateurs", a commenté dans une note Stefan Angrick, analyste d'Oxford Economics.

"Des reculs notables ont cependant été constatés du côté des fabricants d'équipements industriels, alors que la demande de Chine et dans le secteur des semi-conducteurs ralentit", ainsi que dans l'automobile, a-t-il ajouté.

La confiance des grandes industries japonaises a souffert cette année des risques liés à la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, deux partenaires commerciaux importants de l'archipel.

Dans ce contexte, la trêve actée début décembre entre les deux pays, en marge du G20, a pu contribuer à arrêter la baisse de l'indice Tankan observée depuis début 2018.

L'étude diffusée vendredi a été menée auprès d'un peu moins de 10'000 entreprises entre le 13 novembre et le 13 décembre. Elle mesure la différence entre le pourcentage de sociétés qui jugent la situation favorable et celles qui la considèrent défavorable.

Les entreprises ont aussi semblé se remettre après les catastrophes naturelles subies au cours de l'été (inondations, typhons, séismes...), qui avaient perturbé le fonctionnement de nombreuses usines ainsi que les transports, les circuits logistiques et le tourisme, tout en affectant la consommation des ménages.

"Optimisme modéré"

Le moral des grandes entreprises non manufacturières (secteurs des services) a ainsi rebondi (+2 points, à +24). "Cela reflète les améliorations des perspectives de demande après les désastres", a réagi Oxford Economics.

Tous secteurs confondus, le moral des groupes japonais de premier plan est inchangé (à +21).

Même stagnation pour les sociétés de moyenne taille, dont la confiance s'est maintenue à +17, et les plus petites entreprises (+12).

"Les projets d'investissements demeurent par ailleurs à des niveaux historiquement élevés, soutenant notre optimisme modéré sur le dynamisme économique", selon le même économiste d'Oxford. Il note tout de même "les inquiétudes croissantes des entreprises" face à la pénurie de main-d'oeuvre.

À l'image de la confiance des patrons qui a cessé de se dégrader, la troisième économie mondiale devrait rebondir au quatrième trimestre, de l'avis des analystes, après une contraction provoquée par les désastres naturels.

Le produit intérieur brut a baissé de 0,6% au troisième trimestre comparé au précédent, selon des chiffres nettement révisés à la baisse lundi par le gouvernement de Shinzo Abe, qui peine à redonner vigueur à l'économie malgré sa stratégie "Abenomics" lancée fin 2012.

À horizon 2019, les entreprises japonaises se montrent très prudentes. Selon l'étude Tankan, elles s'attendent à une nette détérioration des conditions dans les mois à venir (-4 points pour les grandes industries).

"Jusqu'ici tout va bien, voilà comme on peut résumer cette enquête Tankan, mais les nombreux risques qui pèsent sur l'économie en 2019 vont forcément inquiéter les entreprises et les rendre plus réticentes à investir", a résumé Yasunari Ueno, économiste de Mizuho Securities.

ats, awp, afp

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