La Liberté

Julian Assange arrêté par la police dans l'ambassade d'Equateur

Le fondateur était réfugié depuis sept ans dans l'ambassade d'Equateur à Londres pour éviter d'être extradé en Suède, où il était accusé de viol présumé, un dossier depuis classé. © KEYSTONE/EPA/FACUNDO ARRIZABALAGA
Le fondateur était réfugié depuis sept ans dans l'ambassade d'Equateur à Londres pour éviter d'être extradé en Suède, où il était accusé de viol présumé, un dossier depuis classé. © KEYSTONE/EPA/FACUNDO ARRIZABALAGA


Publié le 11.04.2019


Le fondateur de WikiLeaks a été arrêté à l'ambassade d'Equateur à Londres, où il était réfugié depuis sept ans. Il a été inculpé de "piratage informatique" aux Etats-Unis. Quito a précisé avoir "de manière souveraine" retiré l'asile diplomatique à Julian Assange.

"Julian Assange, 47 ans, a été arrêté aujourd'hui par des agents du service de la police métropolitain (MPS) à l'ambassade d'Équateur", a annoncé Scotland Yard, expliquant que l'arrestation a été menée en vertu d'un mandat de juin 2012 délivré par le tribunal londonien de Westminster, pour non présentation au tribunal.

L'homme comparaissait devant le tribunal de Westminster dans l'après-midi. Il avait été porté hors de la représentation diplomatique équatorienne peu après 11h00 par six policiers jusqu'à un fourgon de police, selon une vidéo de son arrestation.

"Personne n'est au-dessus des lois", a commenté devant les députés la Première ministre britannique Theresa May.

Demande d'extradition de Washington

Julian Assange a été arrêté à la suite d'une demande d'extradition des Etats-Unis, où il est inculpé de "piratage informatique", a révélé le ministère américain de la Justice.

Selon l'acte d'inculpation, qui était jusqu'ici sous scellé, l'Australien est accusé d'avoir aidé l'ex-analyste du renseignement américain Chelsea Manning à obtenir un mot de passe pour accéder à des milliers de documents classés secret-défense ensuite révélés au public.

Décision "souveraine"

Le président équatorien a défendu sur Twitter le retrait du statut d'asile à Julian Assange, une décision présentée comme "souveraine" et prise "après ses violations répétées des conventions internationales et des protocoles de la vie quotidienne". Il a précisé que la nationalité équatorienne lui a été retirée.

Le gouvernement du président Lenin Moreno a récemment dénoncé des atteintes répétées de la part de Julian Assange aux règles régissant ses conditions d'asile dans l'ambassade équatorienne.

Depuis octobre, Quito appliquait au fondateur australien de WikiLeaks un protocole qui régule notamment ses visites et ses communications à l'intérieur de la légation, et prévoyait aussi que son non-respect implique un retrait de l'asile.

Londres "étrangle la liberté"

WikiLeaks a réagi sur le même réseau social en accusant l'Equateur d'avoir "illégalement mis fin à l'asile politique d'Assange, en violation du droit international" et avoir "invité" la police britannique dans l'enceinte de l'ambassade. De son côté, Moscou a accusé Londres d'"étrangler la liberté".

L'Equateur fait courir à Julian Assange, en l'expulsant de son ambassade, "un risque réel de graves violations de ses droits fondamentaux", a en outre déclaré la rapporteure de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Agnès Callamard.

Réouverture d'enquête demandée

Julian Assange s'est réfugié dans l'ambassade d'Equateur en 2012 pour éviter d'être extradé vers la Suède, où il était accusé de viol, un dossier depuis classé. La plaignante a toutefois annoncé jeudi demander la réouverture de l'enquête.

L'Australien était sous le coup d'un mandat d'arrêt britannique pour violation de ses conditions de liberté surveillée. Ses soutiens redoutent avec cette arrestation qu'il soit extradé vers les Etats-Unis pour la publication en 2010 sur son site de milliers de documents confidentiels du département d'Etat et du Pentagone.

Julian Assange a fondé en 2006 WikiLeaks, qui s'est fait connaître du grand public trois ans plus tard avec la publication de centaines de milliers de messages de bipeurs envoyés aux Etats-Unis le 11 septembre 2001.

L'ONG est ensuite allée crescendo dans ses révélations, publiant la vidéo d'une bavure de l'armée américaine en Irak, puis des milliers de documents militaires sur l'Afghanistan. Au total, le site revendique avoir publié "plus de 10 millions de documents" concernant la finance, le divertissement ou la politique.

ats, afp

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11