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Karabakh: Poutine dit que le nombre de morts "s'approche de 5000"

Vladimir Poutine annonce que le nombre de morts au Nagorny Karabakh "s'approche des 5000" (archives). © KEYSTONE/AP/Alexei Druzhinin
Vladimir Poutine annonce que le nombre de morts au Nagorny Karabakh "s'approche des 5000" (archives). © KEYSTONE/AP/Alexei Druzhinin


Publié le 22.10.2020


Le nombre de morts depuis la reprise des combats fin septembre entre l'Azerbaïdjan et des séparatistes arméniens dans le Nagorny Karabakh "s'approche de 5000", a déclaré jeudi le président russe Vladimir Poutine. Le CICR exhorte les deux camps à épargner les civils.

"Selon nos informations, le nombre de morts des deux côtés atteint environ 2000, ce qui veut dire que le nombre total s'approche des 5000 tués", a-t-il affirmé, lors d'un forum de discussion diffusé en direct à la télévision.

Depuis le 27 septembre, les forces azerbaïdjanaises ont conquis des territoires échappant au contrôle de Bakou depuis les années 1990 et une guerre, dans la foulée de la chute de l'URSS. La guerre avait fait 30'000 morts et abouti à la sécession de cette région aujourd'hui peuplée quasi exclusivement d'Arméniens.

Selon des bilans partiels, ces nouveaux combats ont fait près de 1000 morts. Mais les deux camps affirment aussi avoir tués des milliers d'adversaires.

"Aujourd'hui, le conflit est dans la pire de ses variantes", a regretté jeudi Vladimir Poutine, alors que la Russie est la principale puissance régionale et entretient de bonnes relations avec les deux camps. Le chef d'Etat russe a indiqué être "en contact permanent" avec le président azerbaïdjanais Ilham Aliev et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian.

Pas de solution diplomatique

"Nous comprenons qu'une telle situation, quand une partie importante du territoire azerbaïdjanais est perdue, ne peut continuer", a-t-il estimé, évoquant une guerre ayant ses racines dans une "lutte territoriale" et un "affrontement ethnique". L'Arménie a exclu mercredi toute "solution diplomatique" au conflit, sur fond d'efforts jusque là infructueux de la communauté internationale pour négocier un cessez-le-feu durable.

Deux trêves humanitaires négociées dernièrement pour échanger les corps et les prisonniers sont restées lettre morte. Les chefs des diplomaties arménienne et azerbaïdjanaise doivent s'entretenir séparément vendredi à Washington avec leur homologue américain, Mike Pompeo.

Epargner les civils

Le chef de la sous-délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Azerbaïdjan a appelé jeudi les belligérants au Nagorny Karabakh à arrêter les frappes visant les civils. Gerardo Moloeznik a également assuré à l'AFP que le CICR était prêt à aider dès que possible les deux camps, forces azerbaïdjanaises et troupes du Nagorny Karabakh soutenues par l'Arménie, à rapatrier leurs morts.

"Nous insistons pour que les deux camps respectent le droit humanitaire international", a-t-il déclaré à l'AFP dans une interview réalisée au siège local du CICR à Barda, une ville proche de la ligne de front en Azerbaïdjan. "C'est très important. Ils doivent épargner la vie des civils, les infrastructures civiles parce qu'il y a eu des situations où ils ont utilisé l'artillerie lourde sur des zones habitées", a poursuivi le représentant.

Les autorités du Nagorny Karabakh, région majoritairement peuplée d'Arméniens, ont annoncé la mort d'environ 40 civils. Du côté azerbaïdjanais, plus de 60 civils ont été tués dont 25 dans deux frappes de missiles sur Gandja, 2ème ville du pays.

Le risque de l'hiver

Des deux côtés de la ligne de front, les équipes de l'AFP ont vu des maisons et parfois des villages entiers détruits par les bombardements répétés. Pour de nombreuses victimes de ces bombardements, les seuls refuges sont souvent des écoles ou des caves non chauffées.

A Barda, le siège du CICR a vu affluer des dizaines d'Azerbaïdjanais réclamant une aide alimentaire ou financière. Gerard Moloeznik s'inquiète aussi des conséquences psychologiques causées par ces semaines de bombardements ininterrompus. "Nous avons vu le stress causé par ces événements. Cela se répercute sur les familles", se désole-t-il.

Autre sujet d'inquiétude, l'approche de l'hiver très froid dans la région et le chaos économique causé par la pandémie de coronavirus. "Quand des familles se déplacent et sont à la recherche de sécurité, elles se retrouvent dans des endroits qui ne sont pas adaptés pour les accueillir", assure-t-il: "Et en matière de conditions climatiques, ça va être encore plus difficile car l'hiver arrive".

ats, afp

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