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L'ambassadeur russe à Berne dénonce une "campagne" contre son pays

Sergueï Garmonine (ici avec Doris Leuthard en janvier 2017) insiste sur les relations d'amitié existant entre la Suisse et la Russie (archives). © KEYSTONE/ANTHONY ANEX
Sergueï Garmonine (ici avec Doris Leuthard en janvier 2017) insiste sur les relations d'amitié existant entre la Suisse et la Russie (archives). © KEYSTONE/ANTHONY ANEX


Publié le 20.09.2018


L'ambassadeur de Russie à Berne réfute les affirmations de la presse dominicale helvétique selon lesquelles un diplomate russe basé en Suisse sur quatre serait un espion. Il accuse les journalistes de distordre la réalité et de tirer leurs conclusions de suppositions.

Tout cela est une campagne issue de "certains cercles", a affirmé Sergueï Garmonine dans une interview diffusée jeudi soir par la télévision alémanique SRF. Il "partage totalement le point de vue du conseiller fédéral (Ignazio) Cassis selon lequel nous devons mener un dialogue ouvert et constructif".

Et le diplomate de marteler qu'il n'exite aucun fait officiel permettant de prouver des activités illégales d'espionnage de la part de la Russie. "Tout ce que nous avons entendu est basé sur des suppositions", affirme M. Garmonine, citant un dicton russe qui affirme que les petits mensonges amènent les grands.

Revenir aux relations d'amitié

M. Cassis a prévu de rencontrer le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov la semaine prochaine à New York. Cet entretien, prévu de longue date, devrait également porter sur cette affaire.

Pour M. Garmonine, Sergueï Lavrov devrait profiter de cette occasion pour évoquer la nécessité de revenir aux relations d'amitié qui ont toujours prévalu entre la Suisse et la Russie et qui doivent persister à l'avenir.

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) ne s'est pas exprimé sur cette interview. Dans une prise de position envoyée mercredi à Keystone-ATS, il avait indiqué avoir convoqué à trois reprises l'ambassadeur russe ou le chargé d'affaires depuis le printemps 2018.

La première fois suite à l'attaque contre l'ancien agent double russe Sergueï Skripal à Salisbury, dans le sud de l'Angleterre; la deuxième à propos de "malentendus sur le rôle" du laboratoire de Spiez (BE) et sur des attaques informatiques déjouées sur ce laboratoire; et une troisième fois en réponse à la publication par Londres du résultat de ses enquêtes sur l'affaire Skripal.

Lors de ces rencontres, la Suisse a rappelé qu'elle condamnait toute activité illégale de récolte de renseignements sur son territoire. Elle a rappelé à l'ambassadeur qu'elle souhaite conserver de bonnes relations avec la Russie et souligné qu'elle continuerait "à mettre en oeuvre une politique nuancée à son égard, basée sur le dialogue".

"Rhétorique de la confrontation"

Les autorités russes avaient convoqué mardi les ambassadeurs suisse et néerlandais à Moscou pour dénoncer les "accusations infondées" selon lesquelles des espions russes ont tenté de pirater le laboratoire de Spiez (BE) et l'Agence mondiale antidopage (AMA) à Lausanne.

L'ambassadeur suisse Yves Rossier s'était vu signifier qu'une telle "rhétorique de la confrontation" pourrait porter préjudice aux relations entre les deux pays.

La veille, Ignazio Cassis avait dénoncé l'"escalade" des activités d'espionnage russe sur le territoire suisse. Ces dernières semaines, plusieurs diplomates russes n'ont pas été accrédités, avait-il ajouté, tout en affirmant vouloir éviter une crise diplomatique avec Moscou.

Evaluation confidentielle

La SonntagsZeitung et Le Matin Dimanche ont publié dimanche dernier les résultats d'une évaluation confidentielle réalisée pour le Conseil fédéral selon laquelle un diplomate russe sur quatre basé en Suisse est un espion.

Le Ministère public de la Confédération avait ouvert en mars 2017 déjà une enquête contre deux espions russes présumés pour une "cyber-attaque contre l'Agence mondiale antidopage" (AMA), dont le siège européen est à Lausanne.

Selon les journaux du groupe Tamedia et le quotidien néerlandais NRC, ces deux personnes ont été arrêtées au printemps dernier aux Pays-Bas et renvoyées vers leur pays, alors qu'elles tentaient de se rendre au laboratoire de Spiez. Ce site a notamment été chargé par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) d'analyser des échantillons prélevés dans l'affaire Skipal.

ats

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