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L'argent du cinéma revient dans l'économie romande

Jacques-André Maire, président de Cinéforom, se réjouit de l'impact de l'industrie du cinéma sur l'économie romande. © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Jacques-André Maire, président de Cinéforom, se réjouit de l'impact de l'industrie du cinéma sur l'économie romande. © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT


Publié le 21.11.2019


L'industrie du cinéma romand profite à l'économie régionale: elle rapporte même trois plus qu'elle ne coûte, montre jeudi une étude commandée par la Fondation romande pour le cinéma Cinéforom.

L'analyse réalisée par le cabinet Ernst & Young porte sur la période 2013-2017, durant laquelle Cinéforom a injecté 39 millions de francs dans des projets audiovisuels. Ceux-ci ont ensuite rapporté 122 millions à l'économie romande, que cela soit en salaires, hôtels, transports, décors et autres costumes.

"Le retour sur investissement est important avec un levier de 3,1", a commenté devant la presse Jacques-André Maire, le président de Cinéforom, fondation créée en 2011 et financée par les collectivités publiques romandes. "C'est la première fois que nous avons de tels chiffres et nous ne pensions pas qu'ils seraient si positifs", a reconnu l'ancien conseiller national neuchâtelois.

"L'audiovisuel est un bon investissement pour les collectivités publiques, comme l'est la culture en général", a renchéri Philippe Trinchan, président de la Conférence romande des chefs et délégués aux affaires culturelles (CDAC). "L'industrie du cinéma redonne bien au-delà de la subvention qu'elle reçoit au départ", a-t-il ajouté.

Dans le détail, sur les 122 millions de francs réinjectés dans l'économie romande entre 2013 et 2017, ce sont les salaires des acteurs et des techniciens qui représentent la plus grosse part (56%) avec plus de 10'000 contrats signés durant cette période. Suivent les moyens techniques (18%) - dont les décors et les costumes -, les frais administratifs (14%) et l'hôtellerie et les transports (12%).

Attirer des tournages étrangers

Les auteurs de l'étude ont également relevé, en matière d'impact indirect, que le cinéma contribuait à l'attractivité d'une région. "La culture permet d'attirer des entreprises", a notamment relevé M. Trinchan. Il a précisé que l'étude montrait aussi que l'ensemble du territoire romand profitait de la production audiovisuelle, et pas uniquement les grandes villes.

Pour André Klopmann, directeur ad intérim de l'Office cantonal genevois de la culture et du sport, cette étude a permis de mettre en évidence un impact économique "précis, quantifiable et réjouissant." Il a également relevé que ce type d'initiative permettait de décloisonner culture et économie. "Cela permet de sortir du schéma stéréotypé que chacun fait du bon travail dans son coin", a-t-il dit.

Les professionnels du cinéma se sont également réjouis des conclusions de l'étude. Joëlle Bertossa, présidente de l'Association romande de la production audiovisuelle (AROPA), a néanmoins estimé que l'économie romande pourrait bénéficier de retombées encore plus importantes.

"De nombreux tournages étrangers nous échappent, car nous sommes trop chers en Suisse", a-t-elle remarqué. Elle a milité pour la création de fonds incitatifs pour attirer des tournages étrangers, comme cela se fait dans d'autres pays.

A terme, l'idée consisterait ainsi à avoir "des financements plus économiques, et pas purement culturels comme aujourd'hui", a relevé Gérard Ruey, secrétaire général de Cinéforom. "Dans toutes les régions d'Europe, il existe des fonds pour attirer des tournages ou des travaux de postproduction. Or nous n'avons pas ces types d'outils en Suisse, qui nous permettraient d'élargir notre volume d'affaire", a-t-il expliqué.

ats

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