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L'arrêt définitif de Fessenheim a débuté en fin d'après-midi

L'arrêt de la centrale de Fessenheim, au bord du Rhin, est un succès pour les antinucléaires français, suisses et allemands (archives). © KEYSTONE/AP/Jean-Fran√ßois Badias
L'arrêt de la centrale de Fessenheim, au bord du Rhin, est un succès pour les antinucléaires français, suisses et allemands (archives). © KEYSTONE/AP/Jean-Fran√ßois Badias
Clap de fin pour la centrale nucléaire de Fessenheim (archives). © KEYSTONE/dpa/Philipp von Ditfurth
Clap de fin pour la centrale nucléaire de Fessenheim (archives). © KEYSTONE/dpa/Philipp von Ditfurth


Publié le 29.06.2020


La procédure d'arrêt définitif du second réacteur de la centrale nucléaire de Fessenheim a débuté lundi à 16h30. L'arrêt est célébré comme une victoire par les antinucléaires mais vécu comme un crève-coeur par les salariés et les habitants.

L'opération, similaire à celle qui avait conduit à l'arrêt du premier réacteur le 22 février, devait commencer à 23H30 mais a finalement débuté sept heures plus tôt, a annoncé une porte-parole d'EDF à l'AFP, sans avancer de raison particulière.

La puissance de ce réacteur à eau pressurisée (la technologie qui équipe les 56 réacteurs restants du parc français) de 900 mégawatts va fléchir doucement jusqu'à atteindre 8% de sa capacité, normalement vers 23H30, la centrale étant alors définitivement déconnectée du réseau électrique. "Et voilà. La baisse de charge démarre... Quelle douleur c'est inhumain ce qui se passe", a tweeté l'antenne CGT de la centrale.

Installée en bordure du Rhin, près de l'Allemagne et de la Suisse, la plus vieille centrale de France livre ainsi ses derniers watts, point final après des années de remous, de débats et de reports de son arrêt.

"Une étape, pas un aboutissement"

"Enfin, sur 58 réacteurs, il y en a un qui ferme", s'est réjoui Jean-Marie Brom, de l'association "Stop Transports-Halte au Nucléaire", lors d'une conférence de presse d'associations anti-nucléaires à bord d'un bateau naviguant sur le Rhin, à la frontière entre la France et l'Allemagne. Un lieu "symbole de l'amitié franco-allemande dans la lutte contre les centrales nucléaires", selon André Hatz, président de Stop Fessenheim.

Les militants anti-nucléaires français et allemands ont prévu de se retrouver en fin d'après-midi sur un pont surplombant le Rhin, mais n'entendent pas se rendre à Fessenheim même, à une dizaine de kilomètres de là, pour "ne pas faire de la provocation". La députée européenne écologiste, Michèle Rivasi, a salué "une étape, mais pas un aboutissement", le calendrier de fermeture d'autres réacteurs n'étant pas fixé.

Démantèlement de 15 ans

Le démantèlement de la centrale s'annonce long : 15 ans sont prévus pour démonter les deux réacteurs, à commencer par l'évacuation du combustible hautement radioactif prévu pour s'achever en 2023. Le démantèlement proprement dit, inédit en France à cette échelle, devrait débuter à l'horizon 2025 et se poursuivre au moins jusqu'en 2040.

Victoire pour les antinucléaires français, allemands et suisses, dont certains ont milité pendant des décennies contre Fessenheim, cette fermeture suscite au contraire la colère des salariés de la centrale et de la plupart des 2500 habitants de la bourgade éponyme. Seuls soixante salariés EDF resteront pour conduire son démantèlement vers 2024. Fin 2017, ils étaient encore 750, auxquels il convenait d'ajouter 300 prestataires.

Trou d'air économique

Quant aux habitants de ce village autrefois modeste, ils ont vécu pendant des décennies grâce aux importantes retombées économiques et fiscales de cette installation et craignent un grand trou d'air économique : aucun projet n'est officiellement arrêté pour l'après-Fessenheim. Fermer la centrale, alors qu'elle "est en bon état de marche et a passé tous les tests de sécurité", est "absurde et incompréhensible", s'énerve le maire Claude Brender.

Promesse de campagne de François Hollande en 2012, cette fermeture avait été repoussée à maintes reprises, avant d'être actée en avril 2017.

ats, afp

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