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L'économie allemande va "fortement reculer" en 2020

L'économie allemande pourrait connaître une évolution en forme de "V" plus marquée du fait d'"arrêts de production à grande échelle", comme on les voit dans le secteur automobile en ce moment. (archives) © KEYSTONE/EPA/UWE MEINHOLD
L'économie  allemande pourrait connaître une évolution en forme de "V" plus marquée du fait d'"arrêts de production à grande échelle", comme on les voit dans le secteur automobile en ce moment. (archives) © KEYSTONE/EPA/UWE MEINHOLD


Publié le 30.03.2020


L'économie allemande va sensiblement se contracter cette année du fait de la crise du coronavirus, selon plusieurs scénarios publiés lundi par le Comité des sages économiques, qui conseille le gouvernement.

Selon ces scénarios, le produit intérieur brut (PIB) va reculer de 2,8% à 5,4% en 2020 avant de rebondir plus ou moins nettement l'année suivante.

"L'économie allemande va fortement reculer en 2020", expliquent ces experts, dont les différentes prévisions dépendent de la "durée et de l'impact des mesures restrictives de politique de santé" face au coronavirus et de la "rapidité avec laquelle il y aura une reprise par la suite".

Le "scénario de référence" le plus probable évoqué par les sages, avec un recul de -2,8% du PIB en 2020, part du principe que "la situation économique se normalise à nouveau au cours de l'été", permettant un retour de la croissance à 3,7% l'an prochain.

Ce rapport économique intervient alors que l'inflation en Allemagne a nettement décéléré en mars, à 1,4% contre 1,7% en février et en janvier, a indiqué lundi l'Office de la statistique Destatis.

Ce recul s'explique par la chute des cours du pétrole depuis des semaines alors que les gouvernements à travers le monde imposent des restrictions de voyage et des mesures de confinements pour parer à la propagation du virus.

Il se produit en revanche une "augmentation accélérée des prix des denrées alimentaires de base. Cela devrait s'accentuer dans les prochains mois", commente Jens-Oliver Niklasch, économiste chez LBBW.

Courbe en "V"

Selon une deuxième hypothèse, l'économie pourrait connaître une évolution en forme de "V" plus marquée du fait d'"arrêts de production à grande échelle", comme on les voit dans le secteur automobile en ce moment, ou de "mesures de politique de santé à plus long terme", ajoutent les sages.

Un tel scénario entraînerait une chute du PIB de -5,4% en 2020, suivie d'une croissance de 4,9% en 2021, expliquent les sages.

L'hypothèse d'une courbe en "V" a d'autant plus de chances de se produire qu'"on ne se trouve pas comme en temps de guerre où les infrastructures sont bombardées et les travailleurs envoyés sur le front", a expliqué Volker Wieland, membre du comité, lors d'une conférence de presse en ligne.

Dans la crise actuelle, il sera "possible de rapidement réutiliser les capacités de production comme auparavant dès que les mesures restrictives auront été levées", a-t-il ajouté.

Une troisième évolution de l'économie, suivant une courbe "en U", pourrait survenir "si les mesures de politique de santé se poursuivent au-delà de l'été et si la reprise économique ne commence qu'en 2021", selon les sages. Le PIB pourrait alors chuter de 4,5% en 2020 et ne croître que d'1% l'année prochaine.

Pour rassurer les ménages allemands, confinés mais moins qu'ailleurs en Europe, et les entreprises dont beaucoup ont dû cesser tout ou partie de leur activité, Berlin devrait "développer des scenarii de sortie de crise" et "les communiquer bientôt", selon M. Wieland.

A l'instar de la rallonge par la Banque centrale européenne de 750 milliards d'euros de rachats d'actifs pour maintenir de bonnes conditions financières en zone euro, les sages "saluent" l'adoption récente par le gouvernement d'Angela Merkel d'un plan d'aides pour près de 1.100 milliards d'euros "pour protéger les employés et les entreprises des effets de la crise".

Berlin a ainsi fait voler en éclat sa politique d'équilibre budgétaire dite du "zéro déficit", souvent décriée par les partenaires de l'Allemagne qui l'accusent de freiner la croissance par sa rigueur.

Il s'agirait encore de "stabiliser les revenus" via des remises d'impôts et prestations sociales et subventions directes pour les plus fragiles, suggèrent les sages.

Enfin, la période des mesures sanitaires en cours devrait être mise à profit pour préparer "la reprise et de développement économique à long terme", en donnant la priorité à des chantiers de BTP et au virage numérique dans les entreprises et l'administration publique.

ats, awp, afp

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