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L'Eglise catholique philippine monte au créneau contre les meurtres

Des Philippines manifestent pour exiger la fin des exécutions extrajudiciaires dans leur pays. © KEYSTONE/EPA/ROLEX DELA PENA
Des Philippines manifestent pour exiger la fin des exécutions extrajudiciaires dans leur pays. © KEYSTONE/EPA/ROLEX DELA PENA


Publié le 20.08.2017


Le chef de l'influente Eglise catholique des Philippines a appelé dimanche à mettre fin au "gâchis de vies humaines" après une semaine particulièrement violente. Les opérations antidrogue de la police ont fait au moins 76 morts, selon les autorités.

"Nous interpellons les consciences de ceux qui tuent jusqu'aux gens sans défense, en particulier ceux qui recouvrent leur visage de cagoules, pour leur demander d'arrêter de gâcher des vies humaines", a dit le cardinal de Manille, Luis Tagle, dans un communiqué lu dans toutes les églises de la capitale pendant la messe.

"Le problème de la drogue illégale ne doit pas être réduit à un problème politique ou criminel. C'est un problème humanitaire qui nous concerne tous", a ajouté le personnage le chef de l'Eglise catholique de l'archipel, où plus de 80% des habitants sont catholiques.

L'Eglise catholique, l'une des institutions les plus anciennes et les plus puissantes de l'archipel, est l'une des rares voix à s'élever pour dénoncer les meurtres alors que les sondages montrent que le président Rodrigo Duterte jouit d'une très forte popularité.

Flambée de violence

M. Duterte avait été élu en 2016 après une campagne sécuritaire outrancière. Il s'était engagé à éradiquer le trafic de drogue dans les six mois au moyen d'une campagne dans laquelle des dizaines de milliers de trafiquants et de toxicomanes présumés seraient abattus.

En 14 mois, la police a confirmé avoir abattu plus de 3500 personnes qualifiées officiellement de "personnalités de la drogue", disant agir en état de légitime défense. Des inconnus ont tué au moins 2000 suspects dans des affaires de drogue. Des milliers d'autres personnes ont été abattues dans des circonstances non élucidées, selon les chiffres de la police.

Ces statistiques ont connu un pic soudain cette semaine. Lorsque 32 personnes ont été abattues lundi par les policiers dans une seule province, M. Duterte a demandé à leurs collègues de les imiter. Après cet appel, au moins 44 personnes ont été tuées dans différentes localités, y compris un adolescent de 17 ans jeudi dont la mort a scandalisé le pays.

Les défenseurs des droits et des parlementaires ont dénoncé "une série meurtrière alarmante". Les raids font partie d'une campagne baptisée "One Time Big Time". Ce nom, qui semble banaliser la situation, fait référence à une séquence d'une émission télévisée aujourd'hui disparue, regardée par des dizaines de millions de Philippins pauvres. Dans cette séquence, sorte de "Roue de la fortune", les candidats pouvaient gagner d'énormes sommes d'argent.

ats, afp

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