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L'enseigne de la Dolce Vita, du mythe au musée

Un soir, on est allés récupérer le panneau qui avait été recouvert de peinture noire, se souvient Tanguy Ausloos, premier président de l'association e la nave va. © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI
Un soir, on est allés récupérer le panneau qui avait été recouvert de peinture noire, se souvient Tanguy Ausloos, premier président de l'association e la nave va. © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI
Le club de rock avait fermé ses portes en 1999 (archives). © KEYSTONE/FABRICE COFFRINI
Le club de rock avait fermé ses portes en 1999 (archives). © KEYSTONE/FABRICE COFFRINI


Publié le 06.02.2019


Neuf lettres jaunes sur un fond noir: l'enseigne de la Dolce Vita, mythique club de rock lausannois des années 1985 à 1999, entre au Musée historique de Lausanne. Le panneau inspiré de Keith Haring a connu une aventure mouvementée. Tout a commencé avec Pierre Keller.

L'ancien directeur de l'ECAL était alors professeur de dessin au gymnase du Bugnon. "Avec Keith Haring, nous étions très amis, très liés. Il venait chez moi, il venait aussi au gymnase pour faire des affiches. Le soir, je l'amenais à la Dolce Vita", confie-t-il à Keystone-ATS.

Sur une feuille de papier

Alors qu'ils se trouvent ensemble à Bordeaux pour une exposition, l'artiste américain réalise un dessin sur lequel apparaissent deux "lutteurs-danseurs", symbolisant l'énergie du club. "J'allais repartir. Il a vite dessiné ça sur une feuille, une simple feuille de papier. Je me le rappelle très bien", relate Pierre Keller.

Le lettrage du dessin est repris et reproduit sur une plaque en tôle: celle-ci deviendra l'enseigne emblématique de la Dolce Vita dès 1985. On ignore en revanche ce que le papier original est devenu. "Cela a disparu, comme beaucoup de choses", commente M. Keller.

Bâtiment aux squatteurs

L'enseigne, elle, reste. En 1999, alors que le club se meurt, coulé par les dissensions et les dettes, un petit groupe crée l'association e la nave va pour relancer un nouveau projet. Hélas, la ville attribue le bâtiment aux anciens squatteurs de Prélaz, se souvient Tanguy Ausloos, un ancien de la Dolce Vita et actuel délégué lausannois à la jeunesse.

Les nouveaux occupants des lieux font table rase et balancent tout par la fenêtre. Ils recouvrent le panneau de peinture noire, un "coup de poignard" pour certains. Un soir, ces derniers vont dévisser et récupérer l'enseigne, qu'ils restaurent avec "beaucoup de volonté" pour rendre le panneau "beau et brillant", raconte Stéphanie Apothéloz, ancienne présidente d'e la nave va.

Du Romandie au musée

L'oeuvre sera ensuite stockée dans différents endroits, notamment dans la cuisine et le bureau du Romandie, le club de rock né après la disparition de la Dolce Vita. Le Romandie, précisément, qui a remis mercredi l'enseigne au Musée historique de Lausanne (MHL).

Laurent Golay, directeur du MHL, a reçu ce don avec "joie et fierté". Ces années constituent "un chapitre de l'histoire culturelle de Lausanne d'une intensité sans équivalent. Or nous n'avons que peu de témoins matériels de cette histoire dense", a-t-il expliqué.

"C'est un symbole important pour Lausanne", a renchéri le syndic Grégoire Junod. La Dolce Vita a marqué la scène musicale lausannoise. Le Romandie et les Docks en sont l'héritage.

ats

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