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L'Espagne accueille un nouveau bateau d'ONG chargé de migrants

Le Open Arms, affrété par l'ONG espagnole Proactiva, a accosté à 9h20 sur un quai de San Roque, dans la baie d'Algésiras, à l'extrême sud de l'Espagne. © KEYSTONE/EPA EFE/A.CARRASCO RAGEL
Le Open Arms, affrété par l'ONG espagnole Proactiva, a accosté à 9h20 sur un quai de San Roque, dans la baie d'Algésiras, à l'extrême sud de l'Espagne. © KEYSTONE/EPA EFE/A.CARRASCO RAGEL


Publié le 09.08.2018


Près de deux mois après avoir reçu en fanfare l'Aquarius, l'Espagne a de nouveau ouvert jeudi un de ses ports à un navire d'ONG chargé de migrants secourus au large de la Libye. L'opération s'est cependant déroulée beaucoup plus discrètement.

Le Open Arms, affrété par l'ONG espagnole Proactiva, a accosté à 9h20 sur un quai de San Roque, dans la baie d'Algésiras, à l'extrême sud de l'Espagne. Puis 87 migrants secourus le 2 août en Méditerranée centrale ont débarqué, a constaté l'AFP.

Les 75 hommes adultes et les 12 mineurs sont presque tous originaires du Soudan et du Soudan du Sud, à l'exception d'un Gambien, d'un Egyptien et d'un Syrien, a indiqué l'ONG Proactiva Open Arms.

Au moment de leur sauvetage, ils dérivaient depuis deux jours au large de la Libye, assoiffés sous une chaleur intense. Ils "n'auraient probablement pas pu survivre un jour de plus", a affirmé à la presse le coordinateur des opérations de l'ONG, Gérard Canals.

Enfer du Darfour

L'ONG assure qu'après avoir échappé pour beaucoup à "l'enfer du Darfour", région du Soudan en proie à une guerre civile, ils ont subi "des atrocités en Libye". "Nous espérons que l'Europe ne va pas continuer à abandonner les pays d'arrivée (de migrants) parce que cet abandon conduit à faire progresser l'extrême droite comme cela s'est produit en Italie", a lancé M. Canals.

L'Italie a demandé en vain pendant des années la solidarité de l'Union européenne pour gérer les arrivées de migrants. Gouvernée depuis deux mois par une coalition d'extrême droite et de populistes, elle refuse désormais d'accueillir les navires des ONG qui sillonnent la Méditerranée pour porter secours aux migrants en péril.

S'il prend le contrepied de Rome, le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez a voulu, cette fois, que ces rescapés soient traités par l'administration de la même façon que les autres immigrés clandestins arrivant en Espagne.

"Comme ils ont été secourus dans les eaux internationales et ne prétendaient pas venir en Espagne, il leur a été donné une autorisation de résidence exceptionnelle de 72 heures", a indiqué une source policière. "Mais ensuite le traitement est le même que s'ils étaient arrivés en 'pateras'", nom des frêles embarcations que l'Espagne est habituée à voir arriver sur ses côtes.

La France a annoncé qu'elle allait, "dans un esprit de solidarité européenne", accueillir une vingtaine de ces 87 migrants.

Polémique

Devançant l'Italie et la Grèce, l'Espagne est devenue cette année la première porte d'entrée en Europe de migrants risquant leur vie en mer. Près de 24'000 d'entre eux sont arrivés depuis janvier, soit plus que toute l'année dernière, selon l'Organisation internationale pour les migrations.

La polémique commence à enfler sur ce thème, en Espagne, à moins d'un an d'élections locales. L'opposition accuse le gouvernement socialiste d'avoir créé un "d'appel d'air" en accueillant l'Aquarius. Celui-ci réplique que les migrants arrivaient par vagues depuis bien plus longtemps et reproche à son prédécesseur conservateur de ne pas s'y être préparé.

ats, afp

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