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L'espérance de vie des Européens menacée par l'obésité

L'espérance de vie à la naissance en Europe s'élevait en 2015 à 77,8 ans, contre 76,7 ans en 2010. En Suisse, elle est en moyenne de 83 ans, ce qui la place en tête de ce classement avec le Luxembourg (image symbolique). © KEYSTONE/GAETAN BALLY
L'espérance de vie à la naissance en Europe s'élevait en 2015 à 77,8 ans, contre 76,7 ans en 2010. En Suisse, elle est en moyenne de 83 ans, ce qui la place en tête de ce classement avec le Luxembourg (image symbolique). © KEYSTONE/GAETAN BALLY
La consommation de tabac et d'alcool dans la région Europe est pointée du doigt par l'OMS, les taux enregistrés étant parmi "les plus élevés au monde" (archives). © KEYSTONE/URS FLUEELER
La consommation de tabac et d'alcool dans la région Europe est pointée du doigt par l'OMS, les taux enregistrés étant parmi "les plus élevés au monde" (archives). © KEYSTONE/URS FLUEELER


Publié le 12.09.2018


L'espérance de vie des Européens continue d'augmenter. Mais l'Organisation mondiale de la santé met mercredi en garde: l'obésité et le surpoids d'une proportion croissante de la population risquent d'"inverser" cette tendance.

Publié tous les trois ans, ce "Rapport sur la santé en Europe" établit que le "bien-être" mesuré sur le continent européen est "le plus élevé au monde". Il demeure néanmoins "très variable d'un point à l'autre de la région", qui comprend 53 pays aussi hétéroclites que la Russie et Andorre, l'Allemagne et le Turkménistan.

L'espérance de vie à la naissance s'élevait en 2015 à 77,8 ans, contre 76,7 ans en 2010. En Suisse, elle est en moyenne de 83 ans, ce qui la place en tête de ce classement avec le Luxembourg. L'espérance de vie des femmes (81,1 ans) restait plus élevée que celle des hommes (74,6 ans) de six ans et demi, un écart qui s'est légèrement réduit.

Les différences demeurent importantes selon les pays: les hommes vivent près de 16 ans de plus en Islande (81,4 ans) qu'au Kazakhstan (65,7 ans). En France, l'espérance de vie est de 86,3 ans pour les femmes, 79,8 ans pour les hommes.

"Les progrès sont inégaux, tant à l'intérieur des pays qu'entre les pays, entre les sexes et les générations", a souligné Zsuzsanna Jakab, la directrice de l'OMS pour l'Europe dans le rapport. "Les facteurs de risques liés au mode de vie sont préoccupants, ils peuvent ralentir ou même inverser les gains importants d'espérance de vie si rien n'est fait".

Obésité

Parmi ces facteurs, la surcharge pondérale, qui augmente le risque de diabète, de cancer ou de maladie cardiaque, est "en hausse dans la plupart des États".

En 2016, l'obésité et le surpoids touchaient respectivement 23,3% (+2,5 points en six ans) et 58,7% (+2,8 points) de la population. La progression est particulièrement marquée en Turquie, où 32,1% de la population est obèse et près de 4 femmes sur 10 (39,2%).

Pour l'OMS, une personne est obèse quand elle présente un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30kg/m2, soit à partir de 87 kg pour une personne mesurant 1,70 mètre. Malte (29,8% de la population) et le Royaume-Uni (27,8%) sont les deux autres pays de la région présentant la plus forte prévalence de l'obésité.

Alcool et tabac

La consommation de tabac et d'alcool est également pointée du doigt par l'OMS, les taux enregistrés dans la région Europe étant parmi "les plus élevés au monde": 29% des individus de plus de 15 ans fument, selon les chiffres de 2013, contre 16,9% en région "Amériques" et 24,8% en "Asie du Sud-Est".

Le chiffre monte à 43,4% en Grèce, 39,5% en Russie, et 28,1% en France. La proportion de fumeurs quotidiens dans la population diminue néanmoins sur les 53 pays, passant de 28,1% en 2002 à 24,4% en 2014.

La consommation d'alcool, à la hausse dans les années 1990 et 2000, recule régulièrement depuis 2008 mais reste élevée, à 8,6 litres d'alcool pur par personne et par an en 2014, contre 6,4 litres/personne dans le monde.

Dans l'Union européenne, la consommation est la plus forte en Lituanie (15,2 litres/personne), en République tchèque (12,7 L/p) et en Belgique (12,6 L/p). Avec 11,5 L/p, la France arrive devant la moyenne de l'UE (10,2 L/p). La Suisse est également au-dessus de la moyenne avec 9,6 L/p.

Cancers: baisse de la mortalité

Les quatre principales maladies non transmissibles causent, elles, moins de décès prématurés. "La région est en bonne voie pour atteindre l'objectif de réduction annuelle de 1,5% d'ici 2020", souligne l'OMS.

La mortalité liée aux cancers, au diabète, aux maladies respiratoires et aux maladies cardio-vasculaires a reculé de 9% entre 2010 et 2015 (715 décès pour 100'000 habitants cette année-là).

Cette baisse est d'autant plus remarquable que l'incidence de ces maladies est en augmentation. Dans l'UE, le nombre de nouveaux cas de cancer détectés chaque année a augmenté de 5% entre 2010 et 2014, pour atteindre 569 cas pour 100'000 personne.

Enfin, l'OMS fait part d'un "tableau nuancé" concernant la mise en oeuvre d'une couverture sanitaire universelle. Selon les pays, le remboursement des frais de santé est très variable. Ainsi, en France en 2014, les ménages assument 6,3% du total des dépenses de santé, contre 16,7% dans l'UE et 45,8% en Russie.

Inégalités et couverture vaccinale

Le rapport salue néanmoins l'augmentation du "nombre de pays ayant mis en place des stratégies de lutte contre les inégalités". Ces politiques ont permis de faire reculer la mortalité infantile et d'améliorer la couverture vaccinale.

Cette dernière reste cependant "insuffisante" contre la rougeole "dans certains États", comme l'Ukraine (42%) par exemple, frappée par la guerre. En Suisse, le taux de vaccination contre la rougeole est passé de 82% en l'an 2000 à 94% en 2015, soit légèrement en dessous de la moyenne européenne (94,3%).

ats, afp

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