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L'étau se resserre sur Michel Temer, accusé d'entrave à la justice

Pour Michel Temer, le contenu de l'enregistrement, par ailleurs de piètre qualité, ne permet pas d'établir de façon irréfutable qu'il donne son aval pour le versement de pots-de-vin (archives). © KEYSTONE/AP/RICARDO BOTELHO
Pour Michel Temer, le contenu de l'enregistrement, par ailleurs de piètre qualité, ne permet pas d'établir de façon irréfutable qu'il donne son aval pour le versement de pots-de-vin (archives). © KEYSTONE/AP/RICARDO BOTELHO


Publié le 19.05.2017


L'étau s'est encore resserré vendredi sur Michel Temer. Le président brésilien est accusé d'obstruction à la justice dans un document juridique officiel, alors qu'il tente de manoeuvrer pour éviter la défection de ses alliés politiques.

Dans une demande d'ouverture d'enquête contre le président auprès de la Cour suprême, le procureur général Rodrigo Janot affirme que le chef de l'Etat, en collaboration avec plusieurs hommes politiques influents, a essayé d'"empêcher l'avancée" de l'opération "Lavage express", l'enquête tentaculaire ayant révélé le méga-scandale de corruption Petrobras.

Cette demande d'ouverture d'enquête, rendue publique vendredi, s'appuie sur un accord noué avec la justice par le magnat de l'agroalimentaire Joesley Batista, dont les révélations explosives ont déclenché un véritable séisme.

Le président a été enregistré à son insu par cet homme d'affaires, propriétaire du géant de la viande JBS et de la célèbre marque de tongs Havaianas, qui l'aurait piégé en train de donner son accord pour le versement de pots-de-vin.

Enregistrement public

Ces dessous-de-table, révélés mercredi soir par le journal O Globo, viseraient à acheter le silence d'Eduardo Cunha, ancien patron de la chambre des députés, aujourd'hui en prison pour son implication dans le scandale Petrobras.

La Cour suprême a rendu l'enregistrement public jeudi soir, peu après avoir donné son feu vert à l'ouverture d'une enquête contre M. Temer.

Malgré ces graves accusations, M. Temer s'est montré catégorique. "Je ne démissionnerai pas. Je le répète. Je ne démissionnerai pas", a-t-il martelé lors d'un discours télévisé très attendu.

Motions de destitution

Vendredi, l'heure était aux grandes manoeuvres et le président a réuni certains ministres. "Le gouvernement travaille sur trois fronts pour revenir à la normalité après la crise: le front politique, le judiciaire et l'économique", ont déclaré des sources du palais présidentiel. "Le président lui-même participe aux négociations avec ses alliés" politiques, ont-elles ajouté.

Pour l'opposition, il n'y a aucun doute: Michel Temer doit démissionner. Plusieurs motions de destitution ont été déposées par des parlementaires, mais la procédure est longue et nécessite la majorité des deux tiers à la Chambre des députés puis au Sénat.

C'est par le biais de cette procédure que M. Temer est arrivé au pouvoir, il y a un an, après la destitution de Dilma Rousseff, dont il était le vice-président.

Dès jeudi soir, des milliers de Brésiliens ont manifesté dans plusieurs grandes villes, aux cris de "Temer Dehors". D'autres grandes manifestations sont prévues dimanche, l'occasion de prendre la température de la pression populaire.

ats, afp

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